La Nation Bénin...
A Agondji dans le bastion de sa majesté Dadah
Daagbo Hounon Hounan II, les initiés n’attendent pas le 10 janvier pour se
lancer dans les célébrations. Au nombre des préparatifs, de nombreuses
cérémonies auxquelles adeptes et dignitaires s’adonnent depuis quelques jours
déjà.
Pagnes soigneusement noués à la taille,
colliers au point, toute en sueur, Nathalie Etchigbefou, la trentaine, peine à
retrouver le rythme normal de sa respiration. Elle sort d’une longue séance
d’animations ponctuée de chants et louanges à sa divinité, pendant que les
dignitaires procédaient à des rituels. Elle a rejoint le rang des adeptes du
kambada/gambada depuis bientôt quatre ans. Mais très vite, elle a gravi les
échelons et revendique déjà un rang de Tassinon (prêtresse). « Mon initiation
m’a sauvé la vie », relate-t-elle en se plongeant dans ses souvenirs. « Je suis
devenue adepte suite à un malheur. J’étais enceinte et j’avais déjà perdu
l’enfant sans le savoir. J’ai été initiée sur conseil de ma sœur aînée qui
était adepte… Depuis que j’y suis, je ne manque de rien. Je suis comblée mais
je souhaite en avoir plus, c’est pourquoi je me dévoue corps et âme à ma
divinité», confie-t-elle. Comme bien d’autres adeptes et dignitaires, Nathalie
Etchigbefou assure que les célébrations de cette année seront particulières. «
Les fêtes de cette année marquent une différence… Nous avons l’assurance qu’il
n’y aura aucun accident du fait de l’état des voies par exemple. C’est déjà une
grande avancée », indique-t-elle. Bien parée le 10 janvier prochain, elle fera
le déplacement de la plage de la Porte du non-retour avec «pour mission de
chanter et de louanger les divinités» et pour y arriver, elle se «prépare en
conséquence ».
Hounon Djissi Amannandi, un autre dignitaire de
la ville de Ouidah se dit lui aussi prêt pour la célébration. « Nous nous
préparons depuis un an déjà. Ce qui nous réjouit, c’est l’apport du
gouvernement à la visibilité de la fête », apprécie-t-il. « Tout change, la
fête du Vodun aussi vibre aux rythmes des changements et cela nous réjouit.
Cela aura surement pour avantage de drainer plus de touristes », espère ce
dignitaire. « Qu’ils viennent avec une main et nous les accueillerons avec deux
mains », déclare-t-il. Hounon Djissi Amannandi laisse entendre que tous les
touristes ne viennent pas en visite uniquement. « Certains sont à la quête de
solutions à de nombreux problèmes et difficultés et nous les aidons»,
confesse-t-il. Ce qui le réjouit dans les festivités de cette année, c’est bien
ce changement de dénomination. Il assimile la nouvelle dénomination de la fête
du 10 janvier à une illustration de ce que le Vodun doit être pérennisé et se
pérenniser de lui-même en créant sa propre métamorphose.
« On lui portait de mauvais jugements avec des
noms qui l’avilissaient, mais les Vodun days permettent au Vodun de
s’internationaliser et de s’exporter sans difficultés.
Témoignages
Pour ceux qui doutent encore des bienfaits des
divinités dans leur vie, l’Américain Christopher Swain fait des exhortations.
Depuis une dizaine d’années, cet afro-descendant expérimente sa relation avec
les divinités et s’en réjouit. Il dit n’en tirer que gains et satisfactions. «
Je viens ici pour me ressourcer et me reconnecter spirituellement»,
soutient-il. « Chaque année, c’est un plaisir pour moi d’être là. J’en tire de
nombreux avantages et c’est parce que j'y retrouve satisfaction que chaque année
je suis là», témoigne-t-il. Christopher assure qu’à son niveau, la relation
adepte-divinité est une expérience toute singulière. Pour preuve,
illustre-t-il, lors de son passage l’année dernière, il avait formulé le vœu de
changer de travail et de migrer vers un emploi qui réponde au mieux à ses
besoins. « Dans les semaines qui ont suivi mon retour au pays, j’ai obtenu un
emploi meilleur avec une meilleure situation salariale. J’ai compris alors que
mes vœux ont été exaucés par mes dieux. Cette année, en plus de mes demandes,
je suis venu également témoigner une sincère gratitude ». Au-delà de la
relation avec ses dieux, Christopher Swain se sent «chez lui à Ouidah». Il dit
y trouver accueil, écoute et une réceptivité qui lui font se sentir en famille.
«Cette année, j’ai noté depuis mon arrivée que la ville a beaucoup changé et je
voudrais demander aux populations d’en prendre soin», exhorte-t-il par
ailleurs. Pour Hounnon Kadewa, les mots de l’Américain viennent confirmer tout
le bonheur que couvent le respect et la confiance envers les divinités. Le nom
qu’on fait porter au Vodun Hwendo n’est pas le sien, nuance le dignitaire. Ici,
il est question de bonté, d’amour, de don de soi, de bonheur… rassure-t-il.
Toutes choses qui, le 10 janvier prochain, devront être rappelées à la face du
monde, à l’occasion des festivités prévues dans le cadre des Vodun days.
D’importants travaux d’aménagement ont été engagés dans toute la ville