Omar Touray, président de la Commission de la Cedeao, charge ‘’le Comité du chef de la Défense d’activer immédiatement la Stand by force de la Cedeao avec tous ses éléments et d’ordonner le déploiement de cette force pour rétablir l’ordre constitutionnel en République du Niger’’. Telle est en substance la décision issue de la session extraordinaire de la Conférence des chefs d’Etat, tenue à Abuja, jeudi 10 août. Mais de quoi s’agit-il ? Les Forces africaines en attente (Faa) sont des Forces militaires prépositionnées qui ont pour vocation, une fois opérationnelles, d’agir sur les crises africaines et contre les menaces sécuritaires sous la direction de l’Union africaine. C’est une force de maintien de la paix africaine constituée de contingents interarmes. Elle fut instituée à la création de l’Union africaine en 2002, après l’échec de l’Organisation de l’unité africaine (Oua) dans la gestion des conflits armés sur le continent, en raison de la clause de non-ingérence des Etats.
C’est dire que les Faa sont le résultat d’une analyse orientée vers l’utilisation de la force militaire dans la gestion des conflits et la préservation de la paix par les États africains. La Faa est composée de cinq Brigades, disposant chacune de son propre commandement, correspondant aux cinq blocs politico-économiques du continent : Afrique du Nord (Narc), de l’Ouest (Ecobrig), centrale (Eccasbrig ou Fomac), australe (Sadcbrig) et de l’Est (Easbrig), baptisés Communautés économiques régionales (Cer). Les éléments des unités qui composent ces Brigades interarmées des différentes Communautés économiques régionales sont fournis par chacun des pays. Les effectifs peuvent être de 6 000 hommes par brigade soit environ 30 000 hommes pour l’ensemble des Forces en attente. La première base logistique de la Faa a été inaugurée en janvier 2017 au Cameroun, dans un ancien aéroport de Douala, quartier de Bonapriso.
Selon le juriste Ibrahima Kane, conseiller spécial chargé des Relations avec les organisations et les institutions de l’Union africaine pour Open Society Initiative for West Africa (Osiwa), cité par Rfi le 8 août dernier : « D’abord, l’intervention armée n’est pas expressément prévue par les textes. Et deuxièmement, les décisions que la Cedeao est amenée à prendre sur ces questions d’interventions ont besoin d’être approuvées aussi bien par l’Union africaine que par le Conseil de sécurité des Nations unies ». A juste titre, au terme de sa session extraordinaire du jeudi 10 août au cours de laquelle, elle a ordonné le déploiement de la ''force en attente'' pour restaurer l'ordre constitutionnel au Niger, la Cedeao a demandé le soutien de l’Union africaine et de l’Onu. A en croire Ibrahima Kane, rapporté par Rfi, une intervention militaire au Niger aurait une base légale très fragile, contrairement à la précédente intervention en Gambie, en 2017, « Dans le cas gambien, il a fallu une décision des chefs d'État endossée par l’Union africaine », a-t-il rappelé, et l’approbation du Conseil de sécurité de l’Onu. Car, «dans le cadre des interventions militaires, les chapitres 7 et 8 des traités onusiens s’appliquent aussi aux États de l’Afrique de l’Ouest. C'est dans ce cadre-là que ça a été demandé et obtenu par le Sénégal à l’époque ». Le processus est déclenché par la Conférence des chefs d’Etat de la Cedeao qui reste tout de même ouverte à une gestion pacifique de la crise au Niger.