La Nation Bénin...
De
façon inattendue, Samuel est retrouvé mort au pied de la maison qu’il occupe
avec sa femme et leur fils malvoyant au sommet d’une montagne où ils vivent
seuls. Une enquête pour mort suspecte est ouverte. C’est la trame du
film-événement français ‘’Anatomie d’une chute’’, qui rafle les récompenses les
plus prestigieuses partout dans le monde actuellement.
Voilà
qui colle à merveille au limogeage inattendu du conseiller spécial du chef de
l’État, Johannes Dagnon. A l’instar de Samuel, pourquoi le couperet tombe ainsi
sur une charnière du régime Talon, raide ? La question taraude l’opinion
béninoise.
Proche
parmi les proches du président Patrice Talon, il était jusque-là, si l’on ose
dire, la reine abeille de ce qui s’apparente à une ruche à l’origine de bien de
structurations et restructurations à l’actif du régime, à savoir le Bureau
d’analyse et d’investigation (Bai). Moteur du système, le Bai est une espèce de
sheppard, la zone de vérité crainte par la plupart des ministres, notamment
lors des arbitrages budgétaires et de la validation des plans de travail
annuels.
C’est
dire l’importance de Johannes Dagnon, au coeur de l’appareillage actuel. Et
voilà qu’après plus de huit ans en pole position de l’action gouvernementale,
il tombe en disgrâce, chute de son piédestal le jour même de son anniversaire.
Comme pour Samuel dans ‘’Anatomie d’une chute’’, une enquête s’impose.
Qu’est-ce qui est à l’origine de cette grosse nouvelle ?
Seule
piste d’explication, les prochaines échéances électorales qui font tanguer le
navire de la mouvance. Assure-t-on cependant, il ne s’agit pas d’un mistral,
encore moins d’un tsunami, mais d’une brise légère, d’un zéphyr qui provoque
pourtant et par intermittence des secousses tsunamiques! Sous la ferme poigne,
si l’on reste dans le registre de la navigation maritime, du commandant de bord
qui garde le compas. Patrice Talon entend, contre vents et marées, garder,
d’une main de fer, la boussole de la réforme du système partisan par lui
impulsée. Une boussole qui en indique les fondamentaux à propos desquels il
semble ne tolérer aucun manquement: seuls les partis politiques ont l’apanage
de désigner les candidats à la prochaine présidentielle.
Peu volubile, discret, y compris sur la succession de Talon dont une légende, qui vient de tomber à l’eau, disait qu’il serait le dauphin, Johannes Dagnon n’a jamais pourtant fait ouvertement acte de candidature. Qu’un regroupement ait évoqué publiquement cette perspective lui vaut-il aujourd’hui disgrâce ? Tout porte à le croire, si l’on retient le communiqué express produit par certains officiels et cadres qui ont pris part à cette manifestation et par lequel ils affirment ne prêter caution à une quelconque candidature, soit elle formulée en hypothèse. C’est, selon toute évidence, le Rubicon à ne pas franchir.