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Ediorial de Paul AMOUSSOU: Anatomie d'une chute

Chroniques
Editorial de Paul Amoussou Editorial de Paul Amoussou

De façon inattendue, Samuel est retrouvé mort au pied de la maison qu’il occupe avec sa femme et leur fils malvoyant au sommet d’une montagne où ils vivent seuls. Une enquête pour mort suspecte est ouverte. C’est la trame du film-événement français ‘’Anatomie d’une chute’’, qui rafle les récompenses les plus prestigieuses partout dans le monde actuellement.

Voilà qui colle à merveille au limogeage inattendu du conseiller spécial du chef de l’État, Johannes Dagnon. A l’instar de Samuel, pourquoi le couperet tombe ainsi sur une charnière du régime Talon, raide ? La question taraude l’opinion béninoise.

Proche parmi les proches du président Patrice Talon, il était jusque-là, si l’on ose dire, la reine abeille de ce qui s’apparente à une ruche à l’origine de bien de structurations et restructurations à l’actif du régime, à savoir le Bureau d’analyse et d’investigation (Bai). Moteur du système, le Bai est une espèce de sheppard, la zone de vérité crainte par la plupart des ministres, notamment lors des arbitrages budgétaires et de la validation des plans de travail annuels.

C’est dire l’importance de Johannes Dagnon, au coeur de l’appareillage actuel. Et voilà qu’après plus de huit ans en pole position de l’action gouvernementale, il tombe en disgrâce, chute de son piédestal le jour même de son anniversaire. Comme pour Samuel dans ‘’Anatomie d’une chute’’, une enquête s’impose. Qu’est-ce qui est à l’origine de cette grosse nouvelle ?

Seule piste d’explication, les prochaines échéances électorales qui font tanguer le navire de la mouvance. Assure-t-on cependant, il ne s’agit pas d’un mistral, encore moins d’un tsunami, mais d’une brise légère, d’un zéphyr qui provoque pourtant et par intermittence des secousses tsunamiques! Sous la ferme poigne, si l’on reste dans le registre de la navigation maritime, du commandant de bord qui garde le compas. Patrice Talon entend, contre vents et marées, garder, d’une main de fer, la boussole de la réforme du système partisan par lui impulsée. Une boussole qui en indique les fondamentaux à propos desquels il semble ne tolérer aucun manquement: seuls les partis politiques ont l’apanage de désigner les candidats à la prochaine présidentielle.

Peu volubile, discret, y compris sur la succession de Talon dont une légende, qui vient de tomber à l’eau, disait qu’il serait le dauphin, Johannes Dagnon n’a jamais pourtant fait ouvertement acte de candidature. Qu’un regroupement ait évoqué publiquement cette perspective lui vaut-il aujourd’hui disgrâce ? Tout porte à le croire, si l’on retient le communiqué express produit par certains officiels et cadres qui ont pris part à cette manifestation et par lequel ils affirment ne prêter caution à une quelconque candidature, soit elle formulée en hypothèse. C’est, selon toute évidence, le Rubicon à ne pas franchir.

Par   Paul AMOUSSOU, le 11 avr. 2024 à 09h38 Durée 3 min.
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