La Nation Bénin...
Au
cours d’une rencontre avec un groupe de journalistes, au pic de l’imbroglio
burkinabé avec la Cedeao, j’avais suggéré au président Talon d’être également
l’homme du Nouveau départ, de porter des réformes, au sein de la Cedeao,
surfant sur ses réussites au Bénin. Je peux m’enorgueillir d’être entendu après
le sommet économique d’Abuja. Où la question de l’intégration sous-régionale
s’est posée, encore avec insistance, ce week-end. Occasion pour le président
Patrice Talon de relever les vrais enjeux y liés, du reste connus de tous, de
mettre le doigt là où ça fait le plus mal, c’est-à-dire sur l’inaction qui
frise l’électrocardiogramme plat dans le projet d’intégration sous-régionale.
D’ingénieuses normes élaborées, de beaux discours lors de somptuaires sommets, mais une fois retourné chez lui, chaque pays s’assoit sur les résolutions communes prises. Et pire, chacun se recroqueville sur lui-même, dans une réaction qui répond plus à l’instinct grégaire qu’à la rationalité. La traduction la plus visible de cet état de fait, ce sont les tracasseries policières et douanières auxquelles les citoyens de la Cedeao sont aujourd’hui encore soumis, alors même qu’ils sont censés jouir d’une dynamique qu’intime l’union douanière!
Dans ce qui ne reste, hélas, qu’un joli concept, a savoir le Corridor Abidjan-Lagos, l’Ivoirien est confronté à maints obstacles policiers et douaniers, pour se rendre au Nigéria. Et il en est de même pour le Nigerian qui entreprend de faire le chemin inverse! Aux frontières togolaise et ghanéenne, l’exaspération est à son comble, car les franchir ne donne pas à croire aux ressortissants de la Cedeao qu’ils voyagent avantagés par le privilège d’appartenir à un espace communautaire. C’est inacceptable et surtout inconcevable. D’où, l’engagement ferme à l’idéal intégrationiste fait par Talon, ce week-end à Abuja, résonne comme un rappel à l’ordre. Entendu par ailleurs que l’union fait la force, il est paradoxal que les Etats de la Cedeao, faibles pris isolément, n’aient pas à coeur de rendre effective l’intégration. Le modèle de l’Union européenne, réussi, quoi qu’en dise ses détracteurs, avec des produits d’intégration réels que sont la monnaie unique, Schengen, le Pacte de stabilité ou le programme (universitaire) Erasmus, est, à cet égard, inspirant.
Aussi, l’idée portée au dernier sommet d’Abuja, de faire du Bénin et du Nigéria, le moteur de l’intégration sous-régionale, recèle une bonne dynamique, dans ce renouveau souhaité de l’ambition restée jusque-là lettre morte. A l’instar du fameux couple franco-allemand, pygmalion de l’Union européenne.
Le départ des Etats du Sahel, pour de mauvaises raisons autres que l’échec de l’idéal d’intégration, loin de constituer un frein, doit être une émulation pour aboutir enfin à quelque chose de concret. Histoire, également de faire revenir ces brebis égarées au sein de la famille. Car, en définitive, seuls les Etats et peuples sont éternels. Et non pas leurs éphémères dirigeants qui s’illustrent de piteuse manière.
Le Bénin et le Nigeria seront, si le nouveau palier envisagé est franchi, les catalyseurs d’une synergie effective d’action. A l’axe Abuja-Cotonou, s’ajouterait volontiers l’axe Yamoussokro-Accra, deux têtes de pont d’une locomotive commune pour motoriser l’intégration tant quêtée