La Nation Bénin...
« C’est notre héritage, veillons à en prendre soin ». Cette exhortation est de l’illustre chanteur Danialou Sagbohan appelant à accorder la place qu’il se doit au culte vaudou. En est-il ainsi chez les Béninois à qui est adressé ce cri de cœur? Dans l’effectivité, la réponse est mitigée.
Certes, le culte vaudou qui compte environ 50 millions de pratiquants dans le monde est toujours présent dans les habitudes au Bénin. Il intègre même une forme de syncrétisme jamais assumé chez les cols blancs qui, la nuit, pratiquent ce culte comme s’ils en avaient honte, et le jour sont assidus à l’église plus politiquement corrects.
Une constance est qu’aujourd’hui, au-delà des populations au sud des États du Golfe du Bénin dont c’est l’héritage, de nombreuses communautés vaudouisantes existent dans le monde entier, majoritairement sur le continent américain et aux Antilles. Il faut se réjouir de cette présence et de ce partage de valeurs endogènes noires ainsi disséminées. D’où tout le sens que revêt la célébration du vaudou au Bénin, son vivier et là où il s’exprime encore de façon vivace. Mais le culte vaudou traine encore comme un boulet la mauvaise publicité qui lui est faite.
Avant tout constitué des forces de la nature, affirmation d’un monde surnaturel, mais aussi l’ensemble des procédures permettant d’entrer en relation avec celui-ci, le riche panthéon vaudou ne tient pas qu’aux forces invisibles dont les adeptes essaient de se concilier la puissance ou la bienveillance. C’est dire l’importance de son influence dans la vie sociale de l’individu, particulièrement dans l’univers des adeptes qui observent ses rites. De ce qu’il ressort des pratiques, c’est une religion, d’une richesse rare hélas méconnue, qui propose une harmonie singulière entre l’être et le monde dans lequel il vit. L’écologie avant l’heure en quelque sorte. Epatants sont les enseignements donnés dans les couvents vaudou, notamment les notions essentielles transmises pour un savoir-être et un savoir-vivre en société, et référant au respect de la nature, de la médecine par les plantes ou de la culture d’une manière générale.
Autrement dit, le culte vaudou ne saurait être réduit à la représentation terrifiante, à cette pratique obscure, une certaine magie noire, cliché désastreux véhiculé par des réalisateurs et scénaristes de films de séries B hollywoodiennes avides d’effroi à bon marché. Il en est ainsi de la poupée vaudou aux pouvoirs maléfiques qu’on voudrait bien avoir à toutes fins utiles mais qu’on ne retrouve pas dans toutes les rues au Bénin supposé siège mondial du vaudou pourtant!