La Nation Bénin...
Lors de sa réquisition, au procès dit “Complot contre la sûreté de l’Etat”, le procureur spécial de la Criet, Mario Metonou n’a pas manqué d’exhumer une allégorie bien connue sur l’indépendance de la justice. Ce sera à travers ce qui avait l’air d’être pour lui un long supplice! “...je me sens une âme de Horace, plongé dans ce conflit entre les intérêts particuliers et le sentiment patriotique, entre l’amitié et le devoir...”, dit-il d’emblée, avant de préciser que certes, “Je me sens une âme de Horace mais contrairement à Horace je ne dis pas Albe vous a nommé je ne vous connais plus’’. Et, avouant sa bonne connaissance des mis en cause, il ajoute : “Je dis Albe vous a nommé, je vous connais toujours mais le devoir m’appelle...”. Voilà qui est on ne peut plus transparent chez Mario Metonou qui avoue urbi et orbi son tiraillement face à la nature des prévenus “... je dois le confesser, j’aurais surtout préféré être ailleurs ce matin; J’aurais préféré que les événements qui nous occupent depuis plus d’une semaine maintenant ne se soient jamais produits ; J’aurais préféré être en présence d’un canular, d’un mauvais rêve, d’un film sorti droit d’un scénario de série B...”, dit-il en préambule à sa charge. Charge menée par devoir, car “le devoir m’appelle...“, dixit le procureur spécial. S’ensuivra son développement, visant à étayer les faits, objet du procès.Une brillante réquisition appelée à rester dans les annales.
Une autre expression d’indépendance de l’appareil judiciaire, au terme dudit procès, reste le contre-pied de la Cour quant à la peine requise, car cette dernière l’a excédée, en condamnant au-delà des attentes du ministère public, soit 20 ans plutôt que 10 ans.
Au-delà des chroniques discursives, demeure dans le fond la loi. Elle est dure, pour qui écope de sa sentence. Mais, c’est entendu, c’est la loi. Elle n’a pas vocation à discerner, selon que vous êtes Prince ou Manant. Quand bien même, il faut l’avouer, la cause n’est pas toujours ainsi entendue. Le vernis politique ou du statut social, se veut immunitaire dans nombre de sociétés. Ce vernis, tenace, n’est pas pour faciliter une bonne administration de la justice, si l’on retient le cas Trump aux États-Unis. Mais il y a des exceptions, comme en France avec les procès Sarkozy■