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L’éditorial de Paul AMOUSSOU: Ich bin ein Berliner

Chroniques
L’éditorial de Paul AMOUSSOU L’éditorial de Paul AMOUSSOU

“Je suis un Berlinois”, phrase culte de John F. Kennedy. Faite le 26 juin 1965 en allemand, “Ich bin ein Berliner”, par un président américain, cette déclaration a une saveur particulière et une vibration retentissante encore aujourd’hui. Tant elle aura marqué les esprits, car pour Kennedy, c’était une façon astucieuse de signifier la solidarité des puissances occidentales à Berlin ouest à l’époque, où le Mur balafrait la belle ville de Berlin. Avec tout ce que cette violente fracture impliquait pour le peuple allemand.

Mais depuis le 9 novembre 1989, s’est écrite l’Histoire de la chute du mur qui divisait Berlin à partir de 1961 entre sa partie Ouest, occidentale et sa partie Est, sous obédience soviétique. Fin d’une absurdité née des imbroglios d’après guerre mondiale. Fin également du mur virtuel qui divisait le monde en deux blocs antagonistes. “Pendant toute ma jeunesse, cela nous avait paru impossible”, relevait encore l’ambassadeur de la République fédérale d’Allemagne près le Bénin, Dr Stefan Buchwald, lors de la célébration du 3 octobre, marquant la réunification de l’Allemagne. “Un jour de jubilation qui restera dans notre mémoire, ainsi que dans les livres d’histoire”, s’enthousiasme-t-il.

35 ans après, l’absurdité inhérente à ce mur nous revient en pleine gueule. Car, à travers la guerre en Ukraine et les chapes de plomb qui détruisent des vies, c’est un autre mur (virtuel) de division qui s’est installé ! C’est une poignante réalité qu’il importe de souligner. Alors qu’on célèbre, ce 9 novembre 2024, 35 ans de la fin de la guerre froide et d’une relative pacification retrouvée du monde.

“Un mur est tombé...Est-ce une page qu’on tourne ?”, s’interroge justement Patrick Bruel dans sa chanson ‘’Combien de murs?’’. Malheureusement, ses interrogations se révèlent prophétiques : “Combien de murs se cachent derrière un mur qui tombe ?”.

35 ans après la chute de celui de Berlin, des murs de l’absurde sont à nouveau érigés, comme à la frontière américaine avec le Mexique ou entre la Russie et le monde occidental. Plus près de nous, avec la bête création de l’Alliance des États du Sahel. D’anciens murs gagnent en épaisseur comme au Proche-Orient où la haine se perpétue avec en toile de fond des pertes en vie humaine qui n’en finissent pas, éloignant l’espoir de paix devenu plus qu’improbable aujourd’hui! Ce qui fait justement dire à Dr Stefan Buchwald, “qu’On dirait que, depuis quelques années, nous sommes entrés dans un nouvel ordre mondial, où le multilatéralisme n’est plus le dénominateur commun pour la coopération entre les pays, et où le droit international n’est plus la base de la coexistence des peuples”. Un beau résumé de la géopolitique actuelle.

Par   Paul AMOUSSOU, le 11 nov. 2024 à 17h09 Durée 3 min.