La Nation Bénin...
A l’heure où des interrogations fusent sur la relève féminine dans le secteur des arts au Bénin, notamment les arts plastiques, Adjélè Sika da Silveira s’impose comme un talent avec lequel il faudra compter.
Chassez le naturel, il revient au galop, dit l’adage. L’exemple d’Adjélè Sika da Silveira est évocateur. Rien ne la prédestinait en effet à une carrière artistique, et surtout au montage et à l’assemblage des perles, si ce n’est ce virus que sa grand-mère lui a inoculé toute petite. Née à Lomé au Togo en 1985, arrivée au Bénin à l’âge de 7 ans, elle a suivi un cursus scolaire comme toute fille avant de se retourner définitivement vers sa passion : les perles. Mais avant, Sika s’est assurée une formation professionnelle en graphisme et designer. La trentaine à peine révolue, Adjélè Sika da Silveira se révèle comme une artiste engagée. Sa passion : les perles. Un héritage que perpétue la jeune « perleuse » avec finesse, doigté, imagination, esthétique, mais surtout révolution. Une touche à tout qui fait aussi parler d’elle en arts plastiques. Si les enfants de son âge ont souvent eu des poupées et autres jouets pour leur divertissement, c’est plutôt avec les perles que Sika da Silveira a appris à jouer depuis toute petite. Initiée par sa grand-mère qui a eu l’idée de lui transmettre ce patrimoine par atavisme, la petite Sika va en prendre soin et se révéler à l’âge adulte comme une artiste dont le talent traverse les frontières. Elle en a fait son «Sika» (entendez or en langue locale Fongbé).
Contrairement à ses pairs qui s’illustrent dans l’art des perles, Sika s’est donnée un modèle : la femme africaine. Chose normale, quand on sait que l’artiste elle-même n’en est que l’illustration patente, avec son teint d’ébène, son physique athlétique, sa taille moyenne, son sourire éclatant et son naturel séduisant. C’est d’ailleurs pour perfectionner cette image et rajouter à l’allure de la femme africaine et de la femme en général, un grain de beauté supplémentaire qu’elle excelle dans les perles. Créatrice de bijoux, (on pourrait également dire jeune entrepreneur et créateur de richesses), cette jeune artiste polyvalente consacre son temps à l’expression de son art. Elle a su se démarquer à travers son style très authentique, ethnique et impressionnant. Ses nombreux voyages à travers l’Afrique lui permettent de réunir des éléments qui apportent plus d’originalité à ses compositions. Et c’est là aussi, l’autre élément majeur qui en rajoute à la qualité de son travail. En plus de travailler sur des créations engendrées par son imaginaire, son inspiration et ses rêves, Sika utilise différentes sortes de perles, surtout de qualité achetées de l’extérieur et parfois collectionnées auprès de fournisseurs lors de ses voyages.
Une touche à tout qui réussit bien !
Si elle met autant de soins et d’entrain à son travail, c’est, confesse-t-elle, pour que «que toute personne qui arborerait ses créations puisse y puiser bien-être, réconfort et y trouver la distinction qui lui est due». Si elle ambitionne de prendre activement part à la valorisation de la culture et de la femme africaines, c’est d’abord parce que panafricaniste convaincue, elle l’est et l’illustre dans son quotidien. Singulière dans son style, fière de ses nombreuses créations qui forcent l’admiration et qui emballent ceux qui les découvrent, Adjélè Sika fait également très fort en arrimant désormais ses créations avec les contingences du marché international. C’est vrai que de nombreux pays africains ne lui sont plus étrangers. Mais la vision de la jeune artiste, très futuriste surfe sur la globalisation et la mondialisation. Pour cette raison, elle s’ouvre sur le monde et veut faire du brassage interculturel, une réalité.
Née d’un père Togolais et d’une mère Béninoise, fruit d’une synthèse de deux pays à forte tradition de perles, Sika fait de son talent son business. L’artiste est la patronne de Sikart, une structure en pleine éclosion dont les produits, fruit de son talent percent le monde et traversent les frontières. Révélée par son amour pour les perles, Adjélè Sika est aussi une plasticienne en devenir dont le travail, inspiré par de grands noms de la peinture du Bénin et d’ailleurs, se forge au contact de nombreux ateliers, résidences, voyages, rencontres, expositions… ?