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En résidence de création: « La Noyée », les clichés dans une union de couleurs

Culture
La pièce s’ouvre sur un tableau annonçant un destin presque tragique de deux êtres,  un homme africain et une femme occidentale La pièce s’ouvre sur un tableau annonçant un destin presque tragique de deux êtres, un homme africain et une femme occidentale

L’amour, pris dans l’étau des préjugés de race ou de couleur, de pays ou de continent, de rang ou de classe sociale, tient difficilement la promesse de ses fleurs. La pièce de théâtre La Noyée de Laetitia Ajanohun, qui expose ces clichés, est en résidence à Abomey-Calavi, avec une mise en scène de Bardol R. Migan.

 

Par   Arnaud DOUMANHOUN, le 26 sept. 2024 à 08h36 Durée 2 min.
#Art et culture

« Est-ce que je te demande pardon ? Est-ce que je fais cela ? Dis-moi quelque chose. Dis-moi que ce n'est pas de notre faute. Dis-moi que c'est la faute du vent, du soleil, de l’histoire. Dis-moi que c'est un accident. Dis-moi que la mer s'est faite violente / Et que tu as omis de nager / Comme j'ai omis de sourire à tes blagues (...) Dis-moi que tu as présumé de tes forces. Dis-moi que tu as mis toute ta rage dans la bataille, que tu voulais revenir. Dis-moi que nous avons fait tout ce que nous avons pu ». Ce monologue du comédien, avec un regard pensif, n’obtient à l’autre bout du fil qu’un silence assourdissant. La pièce s’ouvre sur ce tableau annonçant un destin presque tragique de deux êtres, un homme africain et une femme occidentale, qui connaissent tous deux diverses fortunes sur le chemin de l’amour. Cependant, unis par les circonstances, leur destin est scellé par les clichés de la vie. « Es-tu un pauvre type qui veut se venger de la colonisation ? Un type qui cherche à gagner un billet aller-retour pour l'Occident ? ». Ce sont des questionnements de la jeune Blanche, la trentaine, désillusionnée par l’attitude de son vis-à-vis, qui, en se faisant passer pour le grand frère du jeune garçon Mika, alors qu’il en était le père, l’a attirée dans son pays, l’Éthiopie, avant d’en tomber profondément amoureux. Un sentiment partagé par la jeune femme, mais qu’elle refoule en raison de la tromperie dont elle a été victime, ayant effectué le déplacement pour répondre aux attentes de Mika (garçon de 12 ans), qui envisageait de faire carrière dans la photographie. Le père de Mika ne parvient pas à empêcher le retour précipité de la jeune Blanche, confuse et partagée entre ses sentiments et l’acte de trahison.

Mais avant cette ultime rencontre, la pièce offre à son public une succession d'événements, des amours qui se font et se défont au gré des péripéties de la vie. « Nous avons essayé de traiter la question des couples mixtes. L’homme africain, la femme occidentale, et les deux se rencontrent pour une aventure. Nous n’avons pas forcément les mêmes réalités, nous ne vivons pas dans les mêmes contextes et nous ne partageons pas les mêmes idéologies. Il faut pouvoir s’entendre et vivre ensemble, car c’est le vivre ensemble qui est important », a confié Bardol R. Migan, metteur en scène de la pièce La Noyée de Laetitia Ajanohun, parue aux éditions L’Harmattan en 2011. Il explique que cette résidence de création est une réalité grâce au dispositif d’aide à la création de l’Institut français de Cotonou. « Nous sommes entrés en résidence en juillet pour la première phase. Nous avons fait dix jours de résidence. Nous poursuivrons le travail du 16 au 20 septembre, dans le cadre de la deuxième phase. La troisième phase de résidence démarrera le 29 septembre. Ensuite, nous jouerons le 03 octobre au Centre culturel Ouadada à Porto-Novo, et le 05 octobre à l’Institut français de Cotonou », a indiqué Bardol R. Migan.

Les mots sont manouches aux éditions Lansman, La Scène aux ados et Le Décapsuleur aux éditions Passage(s) du Tarmac sont quelques autres œuvres de Laetitia Ajanohun, auteure de la pièce La Noyée■