La Nation Bénin...

Adaptation aux changements climatiques: 5,761 milliards F Cfa pour 25 communes

Décentralisation
Des moyens importants aux communes pour faire face aux changements climatiques Des moyens importants aux communes pour faire face aux changements climatiques

Les activités du projet Sap 032 Facilité pour le financement de l’adaptabilité locale aux changements climatiques ont été officiellement lancées, mardi 8 octobre à Cotonou. Au total, 25 communes seront impactées par cette initiative. Elles bénéficieront d’un montant de 5 761 830 976 F Cfa pour mener des actions pour leur résilience climatique.

Par   Joël C. TOKPONOU, le 09 oct. 2024 à 03h34 Durée 2 min.
#changements climatiques

25 sur les 77 communes du Bénin disposeront d’importants moyens financiers pour renforcer la résilience de leurs populations face aux changements climatiques. Elles bénéficieront d’un financement de 5 761 830 976 F Cfa, dont 5 473 040 760 F Cfa comme dons du Fonds vert pour le climat (Gcf) dans le cadre du projet Sap 032 Facilité pour le financement de l’adaptabilité locale aux changements climatiques (LoCal) et de 288 790 216 F Cfa du Fonds national pour l’environnement et le climat (Fnec). Cette cagnotte permettra à Banikoara, Gogounou, Kandi, Karimama, Malanville et Ségbana dans l’Alibori puis Boukoumbé, Cobly, Kérou, Kouandé, Matéri, Natitingou, Péhunco, Tanguiéta et Toucoutouna dans l’Atacora, de renforcer leur résilience face aux changements climatiques. Mais elles ne sont pas seules ! Dans la Donga, Bassila, Copargo, Djougou et Ouaké sont aussi bénéficiaires de ce projet tout comme Athiémé, Bopa, Comè, Grand-Popo, Houéyogbé et Lokossa dans le Mono.

A en croire Appolinaire Gnanvi, directeur général du Fnec, le projet vise à financer 108 mesures d’adaptation au plan local, sur six ans, avec un impact sur environ 2,68 millions de personnes. « Il permettra d’entretenir la fertilité du sol pour jouir de ses fruits pendant plusieurs années », fait-il savoir avant de préciser que 11 communes seront bénéficiaires pour les trois premières années, avant que l’initiative ne soit étendue aux 14 restantes pour les trois dernières années.

« Le moment est venu pour le Bénin de se positionner comme leader en matière de gouvernance locale climatique», appuie Luc Gnacadja, ancien ministre de l’Environnement, de l’Habitat et de l’Urbanisme. L’expert en environnement appelle ainsi les maires et autres élus locaux à faire des programmes d’investissements locaux, des investissements pour la résilience. « Votre rôle est crucial», a-t-il martelé. Cet appel est favorablement accueilli par les autorités communales qui se disent prêtes à relever le défi. En leur nom, Bio Sarako Tamou, maire de Banikoara et premier vice-président de l’Association nationale des communes du Bénin (Ancb), se réjouit de ce que les collectivités territoriales trouvent en cette initiative des financements pour des projets résilients et climato-sensibles. Il rassure que la 4e génération des Programmes de développement communal (Pdc) a déjà pris en compte ces actions. « Il reste aux communes bénéficiaires de travailler pour qu’on passe de 25 à 77 communes en peu de temps», lance-t-il.

Ces engagements sont bien appréciés par José Tonato, ministre du Cadre de vie et des Transports, qui exprime sa satisfaction du fait que « la graine semée en 2014 dans trois communes, soit en train de pousser ». Le ministre convie aussi les maires à rester dans la dynamique amorcée pour plus de résilience aux effets des changements climatiques et à privilégier les investissements de qualité, utiles pour les populations. « Le LoCal est un catalyseur, un levier pour climatiser notre action sur le terrain », a-t-il conclu.

Objectifs précis

Le LoCal est un mécanisme de financement de l’adaptation au niveau local, conçu par le Fonds d’équipement des Nations unies (Uncdf). Actuellement implémenté dans 34 pays d’Afrique, d’Asie, des Caraïbes et du Pacifique, il permet aux autorités locales de contribuer à la mise en œuvre de l’accord de Paris, des Cdn, des Pna et à l’atteinte de l’Odd 13. Au regard du succès enregistré lors des phases I et II, le Bouthan, le Cambodge, le Mozambique et le Bénin ont opté pour la mise à l’échelle nationale du LoCal à travers l’accès direct au financement du Gcf. Toutefois, parmi ces quatre pays, seul le Bénin a reçu l’approbation de ce mécanisme financier. Ce projet représente une avancée majeure dans l’intégration des questions climatiques au niveau local. En soutenant les autorités locales à travers des mécanismes financiers et techniques, il permet de mieux adapter les plans de développement aux réalités environnementales actuelles, tout en assurant un développement durable et inclusif.

Contexte et enjeux climatiques au Bénin

Le Bénin, comme beaucoup d’autres pays d’Afrique de l’Ouest, est confronté à des défis climatiques de plus en plus pressants. L’augmentation des températures, la variabilité des précipitations, ainsi que la multiplication des phénomènes climatiques extrêmes tels que les inondations et les sécheresses, ont des répercussions directes sur les communautés locales, en particulier les populations rurales, vulnérables face aux bouleversements environnementaux.

Ces changements climatiques exacerbent l’insécurité alimentaire, dégradent les écosystèmes naturels, réduisent les ressources en eau, et augmentent les risques pour les moyens de subsistance des populations. Face à ces enjeux, les collectivités locales, souvent en première ligne, manquent encore de ressources financières et de capacités techniques pour anticiper et atténuer les impacts climatiques sur leurs territoires.

Le projet Sap 032 LoCal s’inscrit dans cette dynamique en apportant un soutien concret aux collectivités locales pour qu’elles puissent mieux intégrer les dimensions du changement climatique dans leurs actions de développement.

De manière spécifique, le LoCal ambitionne de renforcer la résilience des collectivités locales face aux impacts du changement climatique, en leur fournissant les outils nécessaires pour planifier et mettre en œuvre des mesures d’adaptation efficaces. Il entend également soutenir les investissements publics locaux dans des infrastructures et des services sensibles au climat, tels que la gestion durable des ressources en eau, l’agriculture résiliente, la protection des écosystèmes et l’amélioration des infrastructures sociales.

De même, le projet veut accroître la capacité des autorités locales à élaborer des plans de développement sensibles au climat, à intégrer les questions d’adaptation dans leurs priorités puis à mobiliser des financements climatiques à travers un mécanisme de subventions basé sur la performance (Sbp), où les communes reçoivent des financements en fonction de leurs progrès dans la mise en œuvre de mesures d’adaptation. Selon le mécanisme, les collectivités locales reçoivent en effet des subventions climatiques pour financer des projets d’adaptation au changement climatique. Ces subventions sont attribuées en fonction des performances des collectivités locales dans la mise en œuvre des actions de résilience climatique. Ce système incite les autorités locales à s’impliquer activement dans la lutte contre les impacts climatiques, en mettant en œuvre des initiatives telles que la construction d’infrastructures résistantes aux inondations, la gestion durable des forêts, ou encore la promotion de pratiques agricoles adaptées aux conditions climatiques changeantes■