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Développement local: Plaidoyer pour l’implication du secteur privé

Décentralisation
Les communes ont d’importantes potentialités que le secteur privé peut exploiter Les communes ont d’importantes potentialités que le secteur privé peut exploiter

Le secteur privé a une partition non négligeable à jouer dans le développement local. Pour ce faire, les administrations communales doivent davantage tenir compte du secteur privé dans les prises de décision et l’associer à la mobilisation des ressources. Ce qui n’est pas le cas actuellement. 

Par   Joël C. TOKPONOU, le 19 sept. 2024 à 02h31 Durée 3 min.
#Développement local

« Ce salon se positionne comme une réponse à la question de visibilité des initiatives locales et des opportunités prometteuses pour les investisseurs, les grands entrepreneurs et les structures de financement.  Son objectif est d’amener les communes à créer un espace d'échanges et de communication à travers lequel elles pourront mieux «vendre » aux investisseurs, aux structures financières (banques et autres), aux partenaires au développement et aux entrepreneurs, les potentialités et les opportunités d’affaires qu’offrent leurs territoires », a déclaré Martin Vihoutou Assogba, président de l’Ong Alcrer, à propos des ambitions du Salon des investissements privés dans les communes (Sic). Lequel salon s’est déroulé les 12 et 13 septembre derniers.

En clair, cette activité vise à promouvoir l’attractivité des territoires pour des investissements en faveur de l’économie locale en mettant en exergue les projets prometteurs et les opportunités d’affaires. Pour cette première édition, 13 communes sont concernées. Il s’agit de Sèmè-Kpodji, Abomey-Calavi, Porto-Novo, Zè, So-Ava, Aguégués, Bonou, Ouidah, Lokossa, Adjohoun, Toucoutouna, Avrankou et Dangbo.

De manière spécifique, cette initiative vise à faciliter les échanges entre les communes, les entrepreneurs, les structures de financement et les investisseurs, en vue de favoriser les partenariats et opportunités d'investissement ; et créer un espace de rencontres propice à l'établissement de partenariats stratégiques entre les acteurs publics et privés. Le Sic ambitionne aussi d’offrir aux participants un cadre d’affaires et de réseautage en vue de l’établissement d’accords de partenariats techniques, financiers et/ou commerciaux, de faire la promotion des projets communaux développables en Ppp et d’offrir aux participants, un aperçu des projets d'investissement urbain et rural dans les communes.

Le Sic, porté par le Programme de participation citoyenne aux Politiques publiques au Bénin pour le Développement économique local (PartiCiP-Del) et le Projet Réforme des finances publiques pour l’atteinte des Odd et le renforcement de la mobilisation des recettes de l’Etat (ReForme) de la Giz, s’inscrit dans la vision du gouvernement béninois exprimée dans la Ponadec 2024-2033, qui est de faire la promotion du développement territorial durable au niveau local, favorisant une transformation structurelle de l’économie locale inclusive, créatrice d’emplois et résiliente aux changements climatiques. Ce rendez-vous historique a révélé les communes participantes, créé un espace B to B entre elles et les investisseurs et boosté par ricochet leur potentiel économique. L’événement visait à rassembler des acteurs clés du développement territorial, des investisseurs nationaux et internationaux, des structures de financement, des entrepreneurs de chaque commune au sein d’une plateforme dynamique pour échanger des idées, explorer des opportunités, et établir des collaborations fructueuses.

Bonne gouvernance

La bonne gouvernance joue un rôle capital dans l’élan de développement des collectivités territoriales. Mais elle n’est pas toujours au rendez-vous. Selon les constats faits par le programme Particip au Del, les communes ont une forte dépendance à l’égard des subventions du gouvernement et de leurs partenaires internationaux. Il est aussi relevé leur faible implication dans la création de richesse à travers la valorisation des potentialités économiques.

De manière concrète, 83 % des mairies ne disposent pas d’études sur les potentialités économiques de leurs territoires. 85 % des administrations communales et municipales n’ont pas une connaissance réelle de l’estimation de la valeur de l’activité économique de leurs territoires. Aussi, 65 % des communes n’ont pas fait l’inventaire des opérateurs économiques installés sur leur territoire. En matière de transparence et de lutte contre la corruption, 20 dossiers de corruption ont été identifiés. Sur cet effectif, 10 sont en instruction à la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), avec deux arrestations.

La bonne gouvernance des communes avec pour fondement une meilleure collaboration avec le secteur privé ne peut que profiter à l’essor des territoires. « Il ne faut pas sous-estimer la grande importance des Petites et moyennes entreprises (Pme) dans le développement économique inclusif. Dans mon pays, les Pme ont joué, et jouent encore un rôle crucial dans le développement du pays, aussi bien au niveau national qu’au niveau local », a indiqué Joris Jurriens, ambassadeur des Pays-Bas près le Bénin. Selon lui, il revient aux communes de mettre en place des cadres de partenariats adéquats pour pouvoir obtenir l’implication du secteur privé. Cela revient à prendre des initiatives visant la promotion des atouts et opportunités d'investissements dans chaque commune du Bénin.

Comme au plan national

L’implication du secteur privé dans le développement local devrait se faire à l’image de ce que s’emploie à mettre en œuvre l’Exécutif au plan national. Pour le gouvernement, il ne fait l’ombre d’aucun doute que le secteur privé est le fer de lance du développement. Dans cette logique, des actions intensives sont menées pour améliorer le climat des affaires.

La révision de la loi sur les marchés publics, en l’occurrence le Code des marchés publics et ses décrets d’application, a permis d’asseoir la stabilité juridique. Il y est inséré de nouvelles dispositions visant la célérité et la simplification des procédures. Les dispositions visant la professionnalisation des acteurs de la chaîne de passation des marchés publics, inscrites dans ces nouveaux textes, sont tout aussi déterminantes. La réduction des délais légaux de traitement de certaines opérations et le renforcement du régime des sanctions, favorables à une saine émulation de la concurrence, intègrent lesdites réformes.

L’Etat s’est aussi attelé à favoriser les conditions d’implication du secteur privé dans le développement des communes. Ainsi, la loi sur le Partenariat public-privé (Ppp) reflète la ferme détermination du gouvernement à promouvoir un développement inclusif et durable. Elle offre à nos communes une plateforme plus claire, plus juste, et plus dynamique pour attirer et sécuriser des investissements privés. « La nouvelle loi apporte de la clarté là où il y avait de la confusion. Nous avons modifié ou supprimé certaines définitions, en accord avec la directive Uemoa. Désormais, tout est plus limpide, et surtout, plus adapté aux réalités locales et régionales. Nous avons également clarifié le champ d’application des Ppp. Alors que l’ancienne loi de 2016 ne précisait pas toujours les limites des formes de partenariat, la nouvelle loi distingue clairement entre le Ppp à paiement public et le Ppp à paiement par les usagers. Cette précision n’est pas un simple ajustement technique ; elle offre aux autorités locales et aux investisseurs des règles du jeu claires et équitables », fait savoir Eric Akouté, directeur des Études à l'Agence de promotion des investissements et des exportations (Apiex). Selon lui, l’une des grandes avancées de cette réforme est la catégorisation des procédures. L'ancienne loi imposait une uniformité souvent contre-productive. « Désormais, en plus des procédures de droit commun, nous introduisons des procédures dérogatoires et simplifiées qui répondent mieux aux besoins spécifiques des différentes communes et des types d’opérations. Aujourd’hui, les décisions ne sont plus concentrées seulement au niveau central. Le Conseil communal est désormais l’organe clé qui approuve les contrats. Cela donne aux communes plus de pouvoir, plus de responsabilité et surtout, plus de flexibilité pour négocier et adapter les Ppp à leurs réalités locales », a-t-il ajouté.

D’ailleurs, soutient Raphaël Akotègnon, ministre de la Décentralisation et de la Gouvernance locale, il est mentionné dans l’orientation stratégique n°4 de la Politique nationale de décentralisation et de déconcentration, intitulée « Amélioration de la qualité de gouvernance locale » que les communes sont appelées à impulser le développement économique local et à travailler inlassablement pour y arriver