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Abomey-Calavi: Une commune aux multiples potentialités économiques

Economie
Angelo Ahouandjinou, maire de la municipalité  d’Abomey-Calavi Angelo Ahouandjinou, maire de la municipalité d’Abomey-Calavi

Abomey-Calavi est une commune à statut particulier dotée d’énormes potentialités économiques qui ont besoin d’être exploitées à fond pour le bonheur de la population. C’est à cela que s’attelle depuis bientôt quatre ans Evariste Angelo Ahouandjinou, maire de la municipalité d’Abomey-Calavi, qui fait état ici des efforts de valorisation desdits atouts. 

Par   Babylas ATINKPAHOUN, le 12 août 2024 à 03h05 Durée 4 min.
#Abomey-Calavi #économie

La Nation : Abomey-Calavi fait partie des quatre villes à statut particulier depuis plusieurs années maintenant. Que pourriez-vous dire pour faire découvrir la commune à qui le désire ?

Angelo Ahouandjinou : Abomey-Calavi est située dans le département de l’Atlantique et limitée au Nord par la commune de Zè, à l’Ouest par les communes de Tori-Bossito et de Ouidah, à l’Est par la commune de Sô-Ava et au Sud par la commune de Cotonou. Elle compte neuf arrondissements dont celui d’Abomey-Calavi centre, l’arrondissement de Godomey qui est le plus grand du Bénin avec une population qui dépasse celle d’autres départements du pays. Nous avons aussi l’arrondissement de Togba, de Hêvié, de Houèdo, d’Akassato, de Zinvié, de Kpanroun et celui de Glo-Djigbé. Il s’agit d’une commune traversée par deux grandes routes inter-Etats et qui a une population de 1 250 000 habitants. Ce qui fait d’elle la commune la plus peuplée du Bénin. Depuis des décennies, elle abrite la plus grande université du Bénin avec beaucoup d’autres universités privées. Abomey-Calavi dispose aujourd’hui de l’hôpital de référence le mieux équipé du pays avec 436 lits et une technologie de pointe pour la prise en charge des pathologies les plus complexes. Tous les ministères y sont représentés à travers leurs directions techniques avec la Cité administrative érigée à Ahossougbéta dans l’arrondissment de Togba. Nous avons également les logements sociaux, près de 11 000 en construction et presque terminés dans l’arrondissement de Houèdo. La commune d’Abomey-Calavi est aujourd’hui en grande transformation avec de gros investissements.  

Quelles sont les potentialités économiques de la commune?

La commune regorge d’assez de potentialités économiques et touristiques. Je n’en veux pour preuve que la Zone industrielle de Glo-Djigbé (Gdiz) qui fait aujourd’hui la fierté de la commune et du Bénin tout entier avec plus de 12 000 jeunes qui y travaillent et dont la plupart résident dans la commune. Le nom de l’arrondissement Glo-Djigbé qu’il porte est aujourd’hui connu au-delà des frontières.

En outre, la commune dispose de nombreux cours d’eau qui constituent une potentialité économique énorme. Nous ambitionnons d’aménager ces cours d’eau pour développer dans un avenir proche le transport fluvial avec les bateaux de plaisance qui peuvent accueillir désormais les manifestations telles que les mariages et autres. Le transport fluvial est un grand atout économique et nous estimons que nos cours d’eau bien dragués peuvent permettre aux citoyens de quitter désormais Abomey-Calavi pour rallier le Sud et l’Est vers Sô-Ava, Vossa, Fifadji, Dantokpa ou l’Ouest vers Pahou jusqu’à Grand-Popo toujours par l’eau. Les berges lagunaires seront bien aménagées avec des activités hautement touristiques et économiques qui vont s’y développer.

Toujours en termes de potentialités économiques, la commune dispose de plusieurs bas-fonds qui favorisent la pisciculture. Les hôtels et restaurants à Abomey-Calavi et environs ont besoin des poissons d’eau douce. C’est une richesse pour les populations. L’autre activité économique importante de la commune, c’est le maraîchage avec l’organisation des citoyens en coopératives qui cultivent des produits maraîchers en quantité vendus dans les grandes villes du pays. Nous avons également la mer qui est une grande richesse. La zone de Togbin, Adounko et autres qui sont au bord de la mer sont tous situés dans la commune d’Abomey-Calavi. Aujourd’hui, Abomey-Calavi a tout ce qu’il faut pour son essor économique.    

Nous pensons utiliser toutes ces potentialités pour transformer notre chère commune, pourquoi pas en une Dubai bis. Ce sont des atouts dont nous disposons et nous envisageons de les exploiter à fond pour le développement de la commune. Figurez-vous que Dubai a été un désert mais ils ont réussi à créer des cours d’eau et même la mer artificielle, et c’est devenu aujourd’hui une grande ville touristique et économique qui fait rêver beaucoup. Et pourquoi ne pas faire de même avec la commune d’Abomey-Calavi qui dispose déjà de toutes ces potentialités?

Quelle vision sous-tend ces projets ?

Ces projets sont déjà inscrits dans notre Plan de développement communal 4e génération (Pdc4) que nous allons commencer à mettre en œuvre d’ici peu. C’était le Pdc3 qui était mis en œuvre et qui tendait vers la fin lorsque nous prenions les rênes de la commune. Nous avons donc fait des préalables avec la tenue des états généraux de la commune pour un développement durable à l’horizon 2035, qui ont connu la participation des filles et fils de la commune, de toutes les tendances politiques et de la société civile. Les aspirations des populations ont été collectées de la base à la commune en passant par les arrondissements. C’est sur la base des conclusions de ces états généraux condensées dans un document qu’une équipe d’experts a été commise et a procédé à l’élaboration du nouveau plan de développement 4e génération de la commune. C’est un plan de développement qui a reçu l’adhésion des citoyens de la commune et qui retrace la grande vision que nous avons pour la commune.

La concrétisation de cette vision doit nécessiter de grands investissements. Où trouver les ressources ?

D’abord, beaucoup d’investissements se font dans la commune et nous faisons en sorte que les moyens soient toujours disponibles. Nous avons d’un côté ce que la mairie réalise et de l’autre ce que l’Etat central fait dans la commune. En ce qui concerne l’Etat central, nous sommes actuellement sur un projet de partenariat avec le ministère du Cadre de vie et qui permettra que la Société des infrastructures routières et de l'aménagement du territoire (Sirat) soit le maître d’ouvrage délégué dans la construction des routes secondaires avec les projets d’asphaltage. Lorsque je prends la phase B du projet d’asphaltage, Abomey-Calavi a bénéficié de plusieurs kilomètres de rues à réaliser. Dans ce sens, la mairie a une contribution financière à apporter. C’est énorme ce que l’Etat central apporte pour la construction de la commune et la commune aussi investit énormément pour son développement. En ce qui concerne le Pdc4, nous comptons également sur les ressources propres de la commune, l’apport du gouvernement et des investisseurs qui ont une grande part à jouer dans cette vision.    

La mobilisation des ressources financières de la commune d’Abomey-Calavi se fait à plusieurs niveaux. Nous nous appuyons sur certaines ressources naturelles dont dispose la commune telles que les carrières de sable qui constituent une grande mine pour elle. Nous mobilisons également ses ressources financières à travers les impôts qui sont aussi une manne importante. Nous pouvons citer aussi les taxes collectées dans les marchés et sur les domaines publics et privés de la commune. Abomey-Calavi dispose de pas mal d’opportunités dans la mobilisation des ressources financières propres pour financer son budget.   

En dehors des grands investissements, quelles actions pourrait-on retenir en faveur des populations ?

Notre investissement aujourd’hui est beaucoup plus orienté vers l’éducation avec la construction et l’équipement des salles de classe. Il existe beaucoup d’écoles construites qui sont restées sans clôture et sans équipements. Donc, nous faisons en sorte de mettre ces écoles aux normes en réalisant les clôtures et en les dotant d’équipements tels que les tables-bancs. La municipalité apporte également son appui aux enfants démunis de la commune avec les kits scolaires et accompagne le projet de cantines scolaires du gouvernement. Ces cantines scolaires contribuent énormément à l’amélioration des résultats des examens scolaires de fin d’année et on se doit d’accompagner cela.

Dès les premiers mois après votre installation, vous avez initié diverses réformes notamment en ce qui concerne la gestion des carrières de sable, les services marchands, la gestion des potentialités fiscales et non fiscales… Lorsque vous faites le point aujourd’hui, quels sont les résultats obtenus ?

Les résultats de ces réformes sont tangibles. Ce sont les réformes opérées au niveau de la gestion des carrières de sable qui ont permis que ce secteur contribue aujourd’hui dans une large mesure au financement du budget de la commune. Nos réformes internes ont limité drastiquement les évasions fiscales. Une carrière de sable qui générait 52 000 F Cfa par jour par le passé donne aujourd’hui 450 000, voire 800 000 F Cfa par jour. C’est une grande richesse dont dispose la commune et nous avons l’obligation de la sécuriser afin qu’elle profite réellement aux populations. Aussi, beaucoup de services se faisaient de façon gratuite et les réformes ont permis à la commune d’en bénéficier.

La réforme intervenue dans le secteur de la décentralisation avec séparation du pouvoir politique de l’administration technique nous a beaucoup aidés dans ce sens. A cet effet, les faveurs et certaines autorisations anarchiques qui se faisaient à l’endroit de nos militants, et relatives par exemple à la location de salles et certains biens de la commune sont conjuguées au passé. Lorsque quelqu’un a une manifestation aujourd’hui et veut s’octroyer les salles ou les biens de la commune, il doit mettre la main à la poche.  Si le maire, en tant qu’homme politique, doit rendre service à un militant dans ce sens, il a l’obligation de sortir l’argent de sa poche pour payer conformément à la règlementation en vigueur. Tout ceci nous permet de disposer de ressources pour financer nos projets. 

La mobilisation des ressources n’est pas si aisée. Quelles sont vos difficultés ?

La mobilisation des ressources est le point le plus positif de la réforme et il faut saluer cela. Mais c’est la dépense qui pose problème que ça soit en investissement ou en fonctionnement. Et le problème, se trouve au niveau des procédures qui ne favorisent pas le décaissement en temps opportun. La méfiance a gagné du terrain avec la peur permanente d’agir. A titre d’exemple, je vous apprends que ce qu’il reste à investir au 31 décembre 2023 dans le budget prévu au titre de l’année 2023 s’élève à plus de cinq milliards cinq cents millions. Les fonds étaient disponibles, l’investissement est budgétisé et planifié mais nous n’avons pas pu, pour la simple raison que nous avons été rattrapés par le temps à cause des procédures. Ces procédures sont pleines d’observations avec les allers - retours entre le secrétariat exécutif, la trésorerie communale et les contrôleurs financiers, qui ne sont pas toujours aisés. Et pour assouplir quelque peu les choses, nous avons pensé organiser un atelier avec la participation des représentants du ministère des Finances, du ministère de la Décentralisation, des contrôleurs financiers, de la trésorerie communale, du secrétariat exécutif de la mairie, du conseil de supervision élargi aux chefs d’arrondissement pour qu’on réfléchisse à trouver des solutions réglementaires. C’est inimaginable que nous disposions de ressources mais que nous n’arrivons pas à exploiter au profit de nos populations. Et notre souhait est que les techniciens commis à la tâche soient bien aguerris afin d’avoir les capacités nécessaires pour relever les défis et que la peur disparaisse du fonctionnement.