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Accès à l’eau potable au Bénin: De réels progrès pour la santé et l’économie, malgré les défis

Economie
Avec une volonté politique forte et une mobilisation des acteurs, des so- lutions efficaces sont mises en place pour garantir à tous l’accès à l’eau Avec une volonté politique forte et une mobilisation des acteurs, des so- lutions efficaces sont mises en place pour garantir à tous l’accès à l’eau

Grâce à des investissements accrus et des infrastructures modernisées, la couverture en eau potable s’améliore au Bénin, avec des effets positifs sur la santé et l’économie. Toutefois, le financement, le changement climatique et la gouvernance restent des enjeux majeurs pour garantir un accès universel et durable.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 26 mars 2025 à 07h04 Durée 2 min.
#accès à l’eau potable

Le Bénin a fait de l’accès à l’eau potable une priorité nationale, avec l’objectif ambitieux d’atteindre une couverture de 100 % d’ici 2030. Les investissements massifs dans les infrastructures hydrauliques permettent d’augmenter la couverture en eau potable. Le taux de desserte global a atteint 72,6 % en 2023, selon les données de l’Institut national de la statistique et de la démographie (Instad-Bénin).

Cette progression a été rendue possible par la construction de forages, la modernisation des réseaux de distribution et la mise en place de stations de traitement modernes en milieu urbain. En milieu rural, bien que les progrès soient plus lents, des initiatives ambitieuses ont été mises en œuvre pour réduire les disparités. Des systèmes de pompage solaire et des points d’eau communautaires ont été déployés dans plusieurs localités, permettant d’améliorer les conditions de vie de milliers de familles. L’adoption d’un tarif national unique de solidarité a par ailleurs permis de rendre l’eau potable plus accessible aux populations les plus vulnérables, notamment dans les zones historiquement sous-desservies.

Ces infrastructures ont été mises en place, grâce notamment aux fonds mobilisés à travers l’Eurobond Odd, qui ont permis le financement d’une série de projets stratégiques. Environ 17,5 % des fonds levés ont été dirigés vers le secteur de l’eau qui représente la deuxième priorité en termes de financements par eurobond, après les Services éducatifs (38,1 %), indique la Lettre n°3 de la direction générale de l’Economie (Dge, novembre 2024). Ainsi, le taux de desserte en eau potable a enregistré des améliorations notoires, avec une progression de 55,0 % à 71,8 % en milieu urbain et de 41,8 % à 76,7 % en milieu rural entre 2017 et 2022.

Effets tangibles

Les progrès réalisés ont un impact direct sur la vie des populations. Sur le plan sanitaire, la réduction des maladies hydriques constitue un progrès notable. La Dge souligne que l’incidence du choléra et des infections gastro-intestinales a significativement diminué dans les zones bénéficiant d’un meilleur accès à l’eau potable. Les populations les plus vulnérables, notamment les enfants, sont les premiers bénéficiaires de ces améliorations, avec une réduction notable des cas de diarrhée, l’une des principales causes de mortalité infantile.

Une analyse économétrique montre que l’augmentation de 1,4 % des services de base en eau au Bénin entre 2016 et 2022, a contribué à réduire la mortalité infantile d’environ 1,0 %, tout en augmentant l’espérance de vie à la naissance de l’ordre de 0,3 %.

Sur le plan économique, l’accès facilité à l’eau potable joue un rôle clé dans la libération du temps de travail, améliorant la productivité. Dans les zones rurales, les femmes et les enfants, souvent contraints de parcourir de longues distances pour s’approvisionner en eau, peuvent désormais consacrer plus de temps à l’éducation et aux activités génératrices de revenus. Le renforcement des infrastructures a également bénéficié aux entreprises locales, qui disposent désormais d’une ressource plus fiable pour leurs activités.

Optimisme de mise

Si les progrès sont indéniables, des défis persistent. Pour garantir un accès universel et durable à l’eau potable, la Dge préconise une accélération des investissements et un renforcement des mécanismes de suivi et d’évaluation des projets en cours.

La question du financement demeure un enjeu central. Les infrastructures existantes nécessitent des investissements continus pour leur entretien et leur extension. La Dge recommande ainsi un renforcement des partenariats public-privé afin d’attirer des financements additionnels et d’optimiser la gestion des infrastructures.

Le changement climatique constitue également une menace pour la durabilité des ressources en eau. L’irrégularité des précipitations et la surexploitation des nappes phréatiques imposent une gestion plus efficace. Des stratégies de gestion intégrée des ressources hydriques sont en cours de développement, avec un accent sur la promotion de techniques de réutilisation des eaux usées traitées et la sensibilisation à une consommation plus responsable.

Enfin, la gouvernance du secteur de l’eau doit être consolidée. La création de la Société béninoise des infrastructures d’eau (Sobie S.A.) en avril 2024 marque un tournant dans la structuration du secteur. Cette entité est chargée de planifier les investissements, mobiliser les financements et assurer la gestion du patrimoine hydraulique. La Dge souligne également l’importance d’impliquer les collectivités locales et les populations dans la gestion de l’eau, notamment à travers des comités de gestion.