La Nation Bénin...
Grâce
à des investissements accrus et des infrastructures modernisées, la couverture
en eau potable s’améliore au Bénin, avec des effets positifs sur la santé et
l’économie. Toutefois, le financement, le changement climatique et la
gouvernance restent des enjeux majeurs pour garantir un accès universel et
durable.
Le Bénin a fait de l’accès à l’eau potable une priorité nationale, avec l’objectif ambitieux d’atteindre une couverture de 100 % d’ici 2030. Les investissements massifs dans les infrastructures hydrauliques permettent d’augmenter la couverture en eau potable. Le taux de desserte global a atteint 72,6 % en 2023, selon les données de l’Institut national de la statistique et de la démographie (Instad-Bénin).
Cette
progression a été rendue possible par la construction de forages, la
modernisation des réseaux de distribution et la mise en place de stations de
traitement modernes en milieu urbain. En milieu rural, bien que les progrès
soient plus lents, des initiatives ambitieuses ont été mises en œuvre pour
réduire les disparités. Des systèmes de pompage solaire et des points d’eau
communautaires ont été déployés dans plusieurs localités, permettant
d’améliorer les conditions de vie de milliers de familles. L’adoption d’un
tarif national unique de solidarité a par ailleurs permis de rendre l’eau
potable plus accessible aux populations les plus vulnérables, notamment dans
les zones historiquement sous-desservies.
Ces
infrastructures ont été mises en place, grâce notamment aux fonds mobilisés à
travers l’Eurobond Odd, qui ont permis le financement d’une série de projets
stratégiques. Environ 17,5 % des fonds levés ont été dirigés vers le secteur de
l’eau qui représente la deuxième priorité en termes de financements par
eurobond, après les Services éducatifs (38,1 %), indique la Lettre n°3 de la
direction générale de l’Economie (Dge, novembre 2024). Ainsi, le taux de
desserte en eau potable a enregistré des améliorations notoires, avec une
progression de 55,0 % à 71,8 % en milieu urbain et de 41,8 % à 76,7 % en milieu
rural entre 2017 et 2022.
Effets tangibles
Les
progrès réalisés ont un impact direct sur la vie des populations. Sur le plan
sanitaire, la réduction des maladies hydriques constitue un progrès notable. La
Dge souligne que l’incidence du choléra et des infections gastro-intestinales a
significativement diminué dans les zones bénéficiant d’un meilleur accès à l’eau
potable. Les populations les plus vulnérables, notamment les enfants, sont les
premiers bénéficiaires de ces améliorations, avec une réduction notable des cas
de diarrhée, l’une des principales causes de mortalité infantile.
Une analyse économétrique montre que l’augmentation de 1,4 % des services de base en eau au Bénin entre 2016 et 2022, a contribué à réduire la mortalité infantile d’environ 1,0 %, tout en augmentant l’espérance de vie à la naissance de l’ordre de 0,3 %.
Sur
le plan économique, l’accès facilité à l’eau potable joue un rôle clé dans la
libération du temps de travail, améliorant la productivité. Dans les zones
rurales, les femmes et les enfants, souvent contraints de parcourir de longues
distances pour s’approvisionner en eau, peuvent désormais consacrer plus de
temps à l’éducation et aux activités génératrices de revenus. Le renforcement
des infrastructures a également bénéficié aux entreprises locales, qui
disposent désormais d’une ressource plus fiable pour leurs activités.
Optimisme de mise
Si
les progrès sont indéniables, des défis persistent. Pour garantir un accès
universel et durable à l’eau potable, la Dge préconise une accélération des
investissements et un renforcement des mécanismes de suivi et d’évaluation des
projets en cours.
La
question du financement demeure un enjeu central. Les infrastructures
existantes nécessitent des investissements continus pour leur entretien et leur
extension. La Dge recommande ainsi un renforcement des partenariats
public-privé afin d’attirer des financements additionnels et d’optimiser la
gestion des infrastructures.
Le
changement climatique constitue également une menace pour la durabilité des
ressources en eau. L’irrégularité des précipitations et la surexploitation des
nappes phréatiques imposent une gestion plus efficace. Des stratégies de
gestion intégrée des ressources hydriques sont en cours de développement, avec
un accent sur la promotion de techniques de réutilisation des eaux usées
traitées et la sensibilisation à une consommation plus responsable.
Enfin, la gouvernance du secteur de l’eau doit être consolidée. La création de la Société béninoise des infrastructures d’eau (Sobie S.A.) en avril 2024 marque un tournant dans la structuration du secteur. Cette entité est chargée de planifier les investissements, mobiliser les financements et assurer la gestion du patrimoine hydraulique. La Dge souligne également l’importance d’impliquer les collectivités locales et les populations dans la gestion de l’eau, notamment à travers des comités de gestion.