La Nation Bénin...
La
Bourse régionale des valeurs mobilières (Brvm), moteur du financement des
économies de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), s’engage
dans des réformes ambitieuses pour renforcer son rôle. Son directeur général,
Edoh Kossi Amènounvè, donne des précisions sur ces initiatives qui visent à
transformer le marché financier régional et à mieux répondre aux besoins des
économies ouest-africaines.
Créée
en 1996 à Cotonou, la Bourse régionale des valeurs mobilières (Brvm) s’est
imposée comme la cinquième bourse africaine, avec une capitalisation boursière
de 15,87 milliards de dollars. Cette position enviable résulte de plusieurs
facteurs, notamment la stabilité économique des pays membres de l’Uemoa, une
gestion rigoureuse des finances publiques et des perspectives de croissance
prometteuses.
Cependant,
pour le directeur général Edoh Kossi Amènounvè, l’aventure ne fait que
commencer. « Les réformes qui nous tiennent particulièrement à cœur visent à
élargir la cote de la Brvm, attirer davantage d’épargnants et lancer de
nouveaux produits financiers», a-t-il déclaré. L’élargissement de la cote de la
Brvm constitue une priorité. Cela passera par des privatisations et des sorties
de fonds private equity, avec un objectif clair qui est d’encourager
l’actionnariat populaire et permettre aux États de lever de nouvelles
ressources. « Ces actions visent surtout à accélérer la transition de nos économies
d’endettement vers des économies de marché », précise le directeur général.
Parallèlement,
la Brvm ambitionne d’attirer davantage d’investisseurs, notamment parmi les
particuliers. À titre d’exemple, l’opération récente de la Loterie nationale du
Bénin, marquée par une forte mobilisation des investisseurs régionaux, démontre
l’intérêt grandissant pour ce type de placement. Pour accompagner cette
dynamique, la Brvm prépare le lancement de nouveaux produits financiers. Des
fonds immobiliers, des produits dérivés et même une bourse dédiée aux matières
premières agricoles figurent parmi les projets en cours. Ces innovations
viseront à diversifier l’offre et à répondre aux attentes des investisseurs et
des entreprises.
Un autre axe stratégique concerne la finance durable. « Nous devons intégrer les obligations vertes, sociales et liées au genre, car le changement climatique est une réalité incontournable », souligne Edoh Kossi Amènounvè. Ces instruments permettront de soutenir des projets respectueux de l’environnement et les populations vulnérables.
Une
ambition panafricaine
Au-delà de la région ouest-africaine, la Brvm travaille à une intégration des marchés financiers du continent. Avec des initiatives en cours pour rapprocher les bourses du Ghana, du Nigeria, du Cap-Vert et celles d’autres pays de la Cedeao, la Brvm souhaite bâtir un marché continental unique. « Un marché élargi et liquide permettra de mobiliser l’épargne africaine pour financer le développement économique de notre continent», affirme le directeur général. Ce projet s’inscrit dans une ambition plus vaste, celle d’intégrer la Brvm à un réseau panafricain réunissant neuf grandes bourses, dont celles de Johannesburg et du Caire. Avec plus de 1 500 milliards de dollars de capitalisation et 2 000 sociétés cotées, ce réseau devrait jouer un rôle déterminant dans la transformation économique de l’Afrique. Pour les entreprises de la région, la Brvm représente une opportunité unique d’accéder à de nouvelles sources de financement tout en renforçant leur notoriété.
Le
processus d’introduction en bourse est cependant rigoureux. Une entreprise
souhaitant entrer sur le marché doit d’abord désigner une Société de gestion et
d’intermédiation (Sgi) pour l’accompagner. Cette Sgi, agréée par le Conseil
régional de l’épargne publique et des marchés financiers (Crepmf), l’aide à
constituer un dossier comportant ses statuts, ses états financiers et un plan
d’affaires détaillant ses besoins en financement. Une fois le dossier validé,
l’entreprise organise une vente publique d’actions avec l’appui de la Sgi. Les
investisseurs intéressés achètent les actions, et l’entreprise soumet ensuite
une demande d’admission à la Brvm. Ce processus garantit la transparence et la
protection des investisseurs.
L’introduction en bourse permet aux entreprises de lever des fonds pour financer leurs projets tout en contribuant au développement économique de leurs pays. Avec ces réformes et projets, la Brvm se positionne comme un acteur clé du financement en Afrique. Pour Edoh Kossi Amènounvè, les efforts engagés depuis 2014 commencent à porter leurs fruits. «La vie boursière est exaltante, mais elle exige transparence, bonne gouvernance et performance financière », a-t-il averti. À travers ces initiatives, la Brvm entend consolider sa place sur l’échiquier financier africain et bâtir une économie de marché dynamique, capable de répondre aux défis du continent.