La Nation Bénin...
Malgré
son dynamisme, la diaspora béninoise reste un levier sous-exploité pour le
développement du pays. Une récente Note de politique économique de la Dge met
en lumière son potentiel financier et humain, et propose des mesures pour mieux
l’intégrer dans les stratégies nationales.
Le
Bénin pourrait tirer davantage profit de sa diaspora, qui représente un
potentiel de financement d'investissements structurants pour le secteur privé
mais aussi pour les pouvoirs publics. Au cours de la dernière décennie, les
envois de fonds de la diaspora béninoise ont représenté chaque année en moyenne
1,6 % du produit intérieur brut (Pib) du Bénin, soit 6,5 fois moins que les
10,4 % du Pib engrangés par le Sénégal, selon la direction générale de
l’Economie (Dge).
En
2022, les transferts financiers de la diaspora sénégalaise s'élevaient à 3
milliards de dollars américains contre seulement 230,7 millions de dollars pour
le Bénin, soit 13 fois moins, indique la dernière Note de politique économique
de la Dge intitulée «Capitaliser sur l’énorme potentiel inexploité de la
diaspora pour le développement économique et social au Bénin ».
Pourtant, le Bénin figure dans le Top 20 des pays africains en matière d'émigration, avec 677 003 compatriotes vivant à l'étranger en 2020, soit 5,4 % de la population du pays, selon la Banque mondiale. Si les transferts de la diaspora vers le Bénin atteignaient 5 % du Pib, soit la moitié du taux du Sénégal, cela représenterait au minimum 600 millions de dollars supplémentaires chaque année. Avec un niveau de transfert comparable à celui du Sénégal, le Bénin pourrait engranger en moyenne 1,6 milliard de dollars américains supplémentaires.
Maximiser l'implication de la diaspora
Outre
les transferts destinés aux soutiens familiaux, la diaspora représente un
potentiel de financement d'investissements structurants pour le secteur privé
et les pouvoirs publics. «Depuis le début des années 90 et l’accélération de la
globalisation, la contribution de la diaspora à l’essor économique et social de
l’Afrique est de plus en plus perceptible avec une hausse continue des
transferts financiers vers le continent, loin devant l’aide publique au développement
et les investissements directs étrangers», souligne Aristide Mèdénou, directeur
général de l’Economie.
L’expérience,
les compétences et le savoir acquis par les Béninois de l'étranger sont des
vecteurs de renforcement du capital humain, de transfert de technologies et
d’enrichissement durable pour le pays s'ils sont convenablement mobilisés.
Ainsi, la Dge préconise plusieurs actions en complément des mesures contenues
dans le Programme d'action du gouvernement et le Plan national de développement,
afin de mieux bénéficier du potentiel de la diaspora pour le pays.
La première mesure est la création d’une agence rattachée à la Présidence de la République, dédiée à l’implication de la diaspora. Son rôle serait d’élaborer et de porter la politique globale d'implication de la diaspora dans le développement du pays. Elle aurait pour mission d'identifier et de cartographier la diaspora béninoise, d’inciter celle-ci à investir dans les secteurs porteurs de l'économie en lui proposant des avantages équivalents, voire supérieurs à ceux des investisseurs étrangers.
Pour une présence accrue
Comme
au Sénégal, la mise en place d’un Fonds d’appui à l’investissement des Béninois
de l’étranger est une solution. La Dge suggère également l’organisation chaque
année des Journées de brassage Bénin-Diaspora, destinées à favoriser les
rencontres entre offres et demandes d’opportunités d’entreprise et d’affaires
au Bénin.
L’Etat
pourrait également lancer des « diaspora bonds » afin de mobiliser des
financements pour le développement durable. Ces obligations spécifiques
seraient un levier innovant pour canaliser l’épargne de la diaspora vers des
projets stratégiques pour le pays.
Un
autre axe d'action concerne le renforcement de la coopération internationale
dans l'enseignement supérieur via la diaspora universitaire, pour développer le
capital humain et partager les connaissances et compétences. Par ailleurs, la
Dge insiste sur l'implication des médecins béninois de la diaspora dans
l'assistance médicale, afin de tirer parti de cette communauté et d'améliorer
l'offre de soins au Bénin.
Enfin, la diaspora pourrait avoir une place plus importante dans la sphère politique. A l’instar du Sénégal, où 15 des 165 sièges de l’Assemblée nationale sont réservés à la diaspora, le Bénin pourrait dédier des sièges parlementaires aux Béninois de l’étranger. En tant que représentants élus, ces parlementaires auraient à cœur de renforcer le lien entre la diaspora et le pays et de défendre des mesures favorisant son implication dans le développement économique et social du Bénin.