La Nation Bénin...
Des
mécanismes de financement innovants et des partenariats renforcés restent un
défi pour réduire la pauvreté, la faim et autres inégalités en Afrique,
souligne le Rapport sur le développement durable 2024 du Pnud. Les progrès sont
modestes, contrebalancés par les multiples crises des dernières années.
Le
Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud) recommande un accès
élargi à des financements concessionnels pour le développement durable en
Afrique, un renforcement des systèmes d’information et d’alerte précoce ainsi
que des réformes économiques urgentes pour inverser la tendance de la pauvreté.
C’est à travers le nouveau Rapport sur le développement durable en Afrique
(Pnud, 2024) intitulé « Renforcer l’Agenda 2030 et l’Agenda 2063 et éliminer la
pauvreté en période de crises multiples : la mise en œuvre efficace de
solutions durables, résilientes et innovantes ».
Le
rapport souligne l’engagement et les progrès, mais surtout « la nécessité
urgente d’accélérer les actions de développement durable et l’impératif pour
les pays africains d’intensifier leurs efforts et de donner aux communautés les
moyens de parvenir à une croissance plus inclusive », fait remarquer Monique
Nsanzabaganwa, vice-présidente de l’Union africaine, dans un communiqué de
presse publié par la Banque africaine de développement (Bad).
Le
rapport a porté essentiellement sur cinq objectifs de développement durable
(Odd) et leurs 32 cibles. Il s’agit des Odd relatifs à la réduction de la
pauvreté, l’élimination de la faim, la lutte contre les changements
climatiques, la promotion des sociétés pacifiques et le renforcement des
partenariats mondiaux. Il en ressort que l’Afrique est en passe d’atteindre au
plus 3 des 32 objectifs évalués. Des revers ont été enregistrés pour 8 d’entre
eux et des progrès lents ou un statu quo pour les objectifs restants.
Services
de base
L’Afrique a fait des progrès en matière de réduction de la pauvreté, en dépit des revers causés par des crises comme la Covid-19. Toutefois, en 2022, l’Afrique représentait plus de la moitié (54,8 %) des personnes vivant dans la pauvreté dans le monde. La part de la population vivant sous le seuil de pauvreté national est passée de 33,3 % en 2013 à 38 % en 2023, encore loin de la valeur cible de 23 % pour 2023 fixée dans l’Agenda 2063 de l’Union africaine, indique le rapport du Pnud. La proportion de chômeurs pauvres en Afrique (31,09 %) est également plus élevée que la moyenne mondiale (6,38 %).
Les systèmes de protection sociale ne couvrent que 17,4 % de la population du continent, contre une moyenne mondiale de 46,9 %. L’accès à l’eau potable est de 72,9 % en moyenne contre 68,7 % en 2015. Les services d’assainissement de base atteignent désormais 52 % de la population, grâce aux efforts continus pour répondre aux normes mondiales.
De même, les défis restent cruciaux en matière de lutte contre la faim, la sous-alimentation et le retard de croissance en Afrique, malgré les efforts déployés. A preuve, la faim a touché 281,6 millions de personnes en 2022 sur le continent, soit 11 millions de plus qu’en 2021, selon le rapport. Les initiatives en cours nécessitent un soutien urgent pour l’amélioration des investissements agricoles et le renforcement de la sécurité alimentaire.
Défi
climatique
En matière de lutte contre le changement climatique, l’Afrique fait preuve de résilience, témoignant de l’engagement des Etats. Néanmoins, le nombre de pays ayant mis en place des stratégies nationales et locales de réduction des risques de catastrophe reste à 29 sur 54 depuis 2015. Seulement 29,5 milliards de dollars ont été mobilisés sur les 2 800 milliards de dollars nécessaires entre 2020 et 2030 pour permettre aux pays africains de mettre en œuvre leurs Contributions déterminées au niveau national (Cdn) dans le cadre de l’Accord de Paris.
«
Il faudra entre 118,2 et 145,5 milliards de dollars par an pour mettre en œuvre
les engagements du continent en matière d’action climatique et les Cdn »,
indique Dr Al Hamndou Dorsouma, responsable de la division Changement
climatique et croissance verte de la Bad. Outre l’intensification du soutien
des partenaires au développement, il est attendu que les pays africains donnent
la priorité à la mobilisation des ressources intérieures, prône-t-il. Les
recettes fiscales moyennes en pourcentage du produit intérieur brut (Pib) dans
les pays africains s’élèvent à 16 %, contre 34 % dans les pays de l’Organisation
de coopération et de développement économiques (Ocde).
Des
mesures s’avèrent nécessaires pour lutter contre la corruption qui entrave le
financement de programmes clés et coûte à l’Afrique environ 88,6 milliards de
dollars par an. Il est question de réduire les flux financiers illicites élevés
qui totalisent environ 1 300 milliards de dollars de sorties et 1 100 milliards
de dollars d’entrées en 2020.