La Nation Bénin...
Selon le dernier rapport sur la politique monétaire de la Bceao, la gestion budgétaire des États membres de l’Uemoa a connu un début d’année marqué par une amélioration notable des finances publiques. Portées par une dynamique économique soutenue, les recettes fiscales ont progressé plus rapidement que les dépenses, entraînant une réduction du déficit global.
La politique budgétaire dans l’espace Uemoa s’est révélée plus soutenable au premier trimestre de l’année 2025. La Banque centrale des États de l’Afrique de l’ouest (Bceao), dans son dernier rapport de politique monétaire, note une baisse du déficit budgétaire global, base engagements, dons compris, à 1 526,7 milliards de F Cfa contre 1 635,3 milliards à la même période en 2024. Cette amélioration est imputable à une hausse significative des recettes budgétaires, à hauteur de 14,2 %, dépassant ainsi la progression des dépenses publiques. Les recettes budgétaires se sont établies à 5 568,0 milliards F Cfa à fin mars 2025. Cette performance a été largement portée par les recettes fiscales, qui ont progressé de 15,6 % pour atteindre 4 942,9 milliards F Cfa, reflétant la bonne tenue de l’activité économique et les effets positifs des réformes fiscales entreprises dans plusieurs États avec l’appui du Fonds monétaire international (Fmi). Les dons, quant à eux, ont connu une légère hausse de 1,5 %, s’établissant à 109,7 milliards F Cfa.
En parallèle, les dépenses totales, y compris les prêts nets, ont augmenté de 8,8 % pour atteindre 7 204,3 milliards F Cfa. Une évolution tirée par la poursuite des investissements publics (+9,3 %) et la hausse des dépenses courantes (+8,2 %), notamment les charges salariales, les transferts sociaux et les intérêts sur la dette. Les recrutements et avancements dans la fonction publique ont alourdi la masse salariale, tandis que les intérêts de la dette ont connu une augmentation de 14,2 %. Les subventions et transferts sociaux ont, pour leur part, crû de 10,9 %. Pour financer ce déficit, les États membres ont eu recours à plusieurs sources. Sur le marché régional de la dette, 3 275,0 milliards F Cfa ont été levés, soit 1 264,4 milliards de plus qu’au premier trimestre 2024. Les bons du Trésor, représentant 56 % des émissions, ont été particulièrement prisés, avec une préférence pour les titres de 12 mois (1 292,7 milliards F Cfa). Du côté des obligations du Trésor, 1 441,5 milliards F Cfa ont été mobilisés, majoritairement par adjudication (78,8 %), les maturités privilégiées allant de 3 à 7 ans. Cependant, la hausse des taux sur le marché régional (7,41 % pour les bons, 7,47 % pour les obligations) traduit un resserrement des conditions de financement, en lien avec l’augmentation du risque souverain perçu.
Appuis extérieurs
Les partenaires techniques et financiers ont également apporté leur soutien. La Banque mondiale, la Badea, l’Agence française de développement (Afd) et le Fmi ont, ensemble, injecté plusieurs centaines de milliards F Cfa dans la région. Le Niger par exemple a bénéficié, en janvier 2025, de décaissements du Fmi, à l’issue de la sixième revue de l’accord au titre de la facilité élargie de crédit (Fec) et de la deuxième revue de l’accord portant sur la facilité pour la résilience et la durabilité (Frd), pour un montant cumulé de 31,8 milliards F Cfa. Par ailleurs, le Bénin et la Côte d’Ivoire ont levé des ressources d’un montant global de 1 604,0 milliards de F Cfa sur les marchés internationaux, par le biais d’émissions d’euro-obligations. Le Bénin est intervenu sur lesdits marchés en janvier 2025, pour mobiliser un montant de 318 milliards de F Cfa. La Côte d’Ivoire a émis, pour sa part, en mars 2025, des obligations internationales pour un montant total de 1 286,0 milliards de F Cfa.
L’encours de la dette publique globale dans l’Uemoa est estimé à 86 004,5 milliards F Cfa à fin mars 2025, en hausse de 2,4 % par rapport à décembre 2024. En dépit de cette progression, le ratio d’endettement reste maîtrisé à 59,0 % du Pib, bien en deçà du seuil communautaire de 70 %. Les signaux positifs du premier trimestre 2025 confirment une gestion budgétaire plus rigoureuse dans l’Uemoa. La croissance des recettes, portée par des réformes fiscales et une conjoncture économique favorable, a permis de contenir le déficit public. Cependant, la hausse des charges courantes, la pression sur le service de la dette et la volatilité des marchés internationaux rappellent la nécessité d’une vigilance constante. Pour préserver cette trajectoire, les États de l’Union devront poursuivre leurs efforts de mobilisation des ressources intérieures et de maîtrise des dépenses publiques.