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Perspectives économiques au Bénin 2024-2026: Trois scénarios de croissance envisagés

Economie
Plusieurs sentiers de croissance sont envisagés sur la base de l’évolution probable de la  conjoncture économique aux plans international et sous-régional Plusieurs sentiers de croissance sont envisagés sur la base de l’évolution probable de la conjoncture économique aux plans international et sous-régional

Les perspectives de croissance au Bénin sont globalement favorables sur la période 2024-2026. Toutefois, les prévisions sont sujettes à des incertitudes qui pourraient affecter leur réalisation, suivant trois scénarios envisagés.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 16 juin 2023 à 16h09 Durée 3 min.
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Le taux de croissance au Bénin s’afficherait à 6,5 % en 2024 avant de revenir à son potentiel autour de 6,0 % à l’horizon 2026, tenant compte de la résilience développée par l’économie béninoise ces dernières années, d’après le Document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle (Dpbep) 2024-2026 adopté en avril dernier par le gouvernement. Intégrant les incertitudes liées aux tensions géopolitiques et à la situation sanitaire, ce scénario de référence s’aligne aussi sur les objectifs convenus avec le Fonds monétaire international (Fmi).
En fait, le gouvernement a conclu avec le Fmi, le 8 juillet 2022, un programme économique et financier de 42 mois au titre de la Facilité élargie de crédit (Fec) et du Mécanisme élargi de crédit (Mec), dans le but de renforcer les chances de succès du Programme d’action du gouvernement (Pag 2021-2026) dont la finalité est d’accroître durablement le bien-être social de la population. Sur cette base, la croissance de l’économie devrait rester vigoureuse en s’affichant à 6,5 % en 2023 et en 2024.
Dans l’hypothèse d’une atténuation rapide des tensions géopolitiques, une non-aggravation de la situation sanitaire et une évolution favorable des autres risques qui pèsent sur l’économie, le taux de croissance pourrait grimper à 8,5% en 2024 et atteindre même 9,7 % en 2026. Ce scénario optimiste suppose des conditions climatiques et des conditions financières particulièrement avantageuses, propres à une mise en œuvre rapide des réformes structurelles et des investissements structurants.
En revanche, plusieurs facteurs pourraient affecter la croissance de l’économie dont le taux pourrait baisser à 4,8 % en 2024 puis à 4,4 % à l’horizon 2026. Entre autres, une aggravation des tensions géopolitiques marquée notamment par une escalade de la guerre en Ukraine pourrait entraîner de nouvelles sanctions économiques contre la Russie. Le scénario pessimiste prend également en considération une aggravation de la situation sanitaire et la survenance d’autres risques (sécuritaire, climatique, politique, économique et de change du Nigeria) qui rendraient les conditions financières peu avantageuses et peu propices à la célérité des grands chantiers de l’Etat. 

Risques

Les attaques terroristes dans le Nord du pays et également dans les pays du Sahel (Mali, Burkina et Niger notamment) et au Nigeria aggraveraient le risque sécuritaire, de manière à affecter les flux touristiques et les investissements privés. Selon les simulations, une baisse de 10 % des flux touristiques induirait un manque à gagner de 0,23 point de pourcentage de croissance et une baisse des recettes fiscales de 1,53%. Du côté des investissements privés, une contraction de 10% provoquerait une baisse de la croissance de 4,5 points de pourcentage et une baisse des recettes fiscales de 2,5 points de pourcentage.
Du point de vue échanges commerciaux, une hausse de 1 % du taux de croissance du Nigeria se traduirait par une augmentation du taux de croissance du Bénin de 0,14 %, selon les résultats des simulations de la Direction générale de l’Economie (Dge). Sur le plan monétaire, une dépréciation ponctuelle du naira de 15 % provoquerait au Bénin une contraction du produit intérieur brut (Pib) de 1,1 % la première année et une baisse des recettes publiques de l’ordre de 2,0 % la première année et 0,5 % la deuxième année.
Concernant le risque lié au réchauffement climatique, le secteur agricole, les ressources en eau et le littoral sont particulièrement vulnérables aux effets tels que les inondations, la sècheresse, les pluies tardives et violentes, les vents violents, la chaleur excessive et l’élévation du niveau de la mer. Les impacts seront, entre autres, la baisse des rendements agricoles, les perturbations des calendriers agricoles, la baisse des niveaux d’eau dans les barrages d’approvisionnement en eau potable imputable à l’augmentation de l’évaporation de l’ordre de 3 à 4 % à l’échelle annuelle, la prolongation de la période d’étiage (1 à 3 mois), la submersion des berges, etc.
Selon les simulations, une baisse de la production agricole de 10,0% provoquerait un repli de la croissance économique de l’ordre de 2,0 points de croissance; les recettes budgétaires baisseraient d’environ 0,6 %.

Financement

Le durcissement des conditions financières internationales entraîne une hausse des taux d’intérêt dans le monde entier et une augmentation des coûts d’emprunt et par conséquent une baisse de la mobilisation des ressources. Les simulations indiquent qu’une baisse des dépenses d’investissement public de 10 % par rapport à̀ leur niveau initialement envisagé, induirait une rétraction de la croissance de 0,53 point de pourcentage et une baisse des recettes publiques de l’ordre de 0,36 point de pourcentage. 
Face aux incertitudes liées au financement, il est question de saisir les opportunités qui s’offrent sur le marché́ international à travers des instruments avantageux. De toute façon, le gouvernement entend maintenir une stratégie visant globalement à renouer avec la consolidation budgétaire, de manière à atterrir progressivement vers la norme communautaire de 3,0 % en passant de 4,3 % en 2023 à 3,7 % en 2024 puis 2,9 % en 2025 pour le déficit budgétaire. En matière fiscale, la politique restera orientée vers la sécurisation des recettes, l’élargissement de la base imposable et l’amélioration des services rendus aux contribuables. En ce qui concerne les dépenses, il sera question de privilégier davantage l’élargissement de l’espace budgétaire et le ciblage de la dépense en faveur du modèle social et de l’investissement ■