La Nation Bénin...
Le
dernier rapport sur la stabilité financière mondiale du Fonds monétaire
international (octobre 2024) met en lumière les vulnérabilités croissantes du
système financier mondial. Les indicateurs pour l'Afrique subsaharienne
révèlent des défis spécifiques, tout en appelant à des actions concertées pour
prévenir une crise systémique.
Depuis
la publication de son dernier rapport en avril 2024, le Fonds monétaire
international (Fmi) constate une détérioration de l'activité économique
mondiale, malgré les efforts d'assouplissement monétaire menés par les
principales banques centrales. La croissance mondiale peine à se stabiliser, et
bien que l'inflation ait ralenti, les pays en développement, notamment ceux
d'Afrique subsaharienne doivent composer avec des vulnérabilités économiques et
financières accumulées. Le rapport, qui alerte sur les risques de long terme et
la nécessité de renforcer les systèmes financiers, souligne les défis
spécifiques à l'Afrique subsaharienne. Selon l'indicateur de “croissance à
risque” du Fmi, les risques de stabilité financière mondiale à court terme
restent contenus dans la limite des 40
% les plus favorables de l'histoire récente. Cependant, le Fonds évite que
cette stabilité apparente masque des fragilités structurelles qui, si elles
sont ignorées, pourraient se traduire par des crises majeures. Un environnement
financier plus clément soutient certes les marchés à court terme, mais favorise
également des comportements risqués, notamment des valorisations d'actifs
excessifs, une hausse de l'endettement privé et public, ainsi qu'un recours
important à l'effet de levier par les institutions financières non bancaires.
Pour l'Afrique subsaharienne, ces vulnérabilités pourraient se traduire par une
augmentation des coûts d'emprunt et une pression accumulée sur la dette
souveraine. L’Afrique subsaharienne se distingue par une dépendance accumulée
aux financements internationaux, ce qui expose les économies locales aux
fluctuations de taux d'intérêt et aux primes de risque plus élevées en cas de
crise globale. Les écarts de rendement sur les obligations souveraines se
creusent davantage que dans d'autres régions, complexifiant le service de la
dette et, par extension, la stabilité économique des pays les plus vulnérables.
À l'inverse de certaines économies avancées où le secteur bancaire conserve des
amortisseurs de capital et de liquidité, l'Afrique subsaharienne se caractérise
par une structure financière moins diversifiée et des banques souvent plus
exposées aux chocs économiques. Cette situation est d'autant plus préoccupante
que le secteur bancaire mondial pourrait, selon le rapport, voir sa rentabilité
compromise par des baisses de taux d'intérêt, limitant ainsi les possibilités
de soutien en cas de crise dans les économies émergentes.
L'Afrique subsaharienne, déjà confrontée à des défis structurels, est particulièrement sensible aux effets de contagion provoqués par les crises géopolitiques et la participation des marchés mondiaux. Le Fmi rappelle que l'économie accumulée par les conflits en cours et les choix stratégiques de certains dirigeants pourrait provoquer des incertitudes des réévaluations d'actifs et des poussées de préférence, comme en août 2024, lorsque les marchés boursiers du Japon et des États-Unis ont enregistré des baisses soudaines. Pour les économies africaines, une telle possibilité pourrait se traduire par une contraction de l'investissement et une augmentation des coûts d'importation, exacerbant les déséquilibres commerciaux. La montée de l'intelligence artificielle dans les activités de négoce et d'investissement est un autre point d'attention soulevé par le rapport. Si elle peut générer des économies et des gains d'efficience, l'Ia est également une source potentielle d'opacité et de possibilités qui s'accumulent en période de tension. L'Afrique subsaharienne, avec une intégration numérique croissante mais encore fragile, pourrait pâtir des effets d'une adoption rapide et peu régulée de l'Ia par des acteurs financiers non bancaires. Face à ces constats, le Fmi exhorte les décideurs à adopter des mesures macroprudentielles et budgétaires pour prévenir une crise financière majeure. Dans les pays où persiste la dynamique de l'inflation, le Fonds suggère une communication claire et un ajustement progressif de la politique monétaire. Pour les nations d'Afrique subsaharienne où la dette publique a explosé suite aux crises successives de la dernière décennie, la priorité doit être donnée à la reconstruction d'amortisseurs budgétaires, soutenue par des réformes de politique fiscale crédibles. Le Fmi recommande également de renforcer la régulation des institutions financières non bancaires (Ifnb), qui jouent un rôle croissant dans les marchés de capitaux, notamment en Afrique où elles facilitent l'accès au crédit privé. L'amélioration de la transparence des données financières et la mise en place de tests de résistance sont essentielles pour évaluer et limiter les vulnérabilités des Ifnb dans la région■