La Nation Bénin...

Financement de l’éducation dans les pays pauvres:La réduction de l’aide des donateurs crée des difficultés

Education
Par   Site par défaut, le 17 mars 2015 à 06h19

L’éducation dans les pays à revenu faible a besoin d’être soutenue, voire appuyée par les partenaires en plus des efforts internes des gouvernements. Cet appui passe par le financement des dépenses liées à l’éducation telles que les infrastructures, la formation des formateurs et autres. Mais selon le rapport 2014 de l’UNESCO sur l’Education pour tous (EPT), l’atteinte des six objectifs est en difficulté à cause de la réduction considérable de l’aide de la plupart des donateurs.

Le déficit de financement est l’un des obstacles majeurs de la réalisation de l’Education pour tous (EPT) à l’horizon de cette année. Il manque actuellement au moins 26 milliards de dollars US. Ce qui fait dire au Rapport 2014 de l’UNESCO sur l’EPT que la scolarisation universelle des enfants est un objectif hors de portée. Et la cause, c’est la tendance de la plupart des donateurs à réduire l’aide à l’éducation.
L’aide totale a diminué de 7% à tous les niveaux d’enseignement entre 2010 et 2011. Cette diminution a touché 19 pays à revenu faible pour l’enseignement de base dont 13 sont en Afrique subsaharienne. Ils sont au total 15 donateurs importants à apporter leur aide à l’éducation de base. Il s’agit de la Banque mondiale (à travers l’Association internationale pour le Développement), du Fonds monétaire international, des Etats-Unis, du Royaume Uni, des institutions de l’Union Européenne, des Pays-Bas, du Japon, du Canada, de l’Allemagne, de l’Australie et du Danemark, de la Suède, de la Norvège, du Fonds spécial BasD, le Fonds africain pour le développement(FAD). En général, l’aide à l’éducation de base a baissé de 6% pour la première fois depuis 2002. Ainsi, note le Rapport 2014 de l’UNESCO sur l’Education pour tous, l’aide était de 6,2 milliards de dollars US en 2010 à 5,8 milliards de dollars US en 2011. Quant à l’enseignement secondaire, il a connu également une chute de l’aide qui lui est destinée. Cette aide a baissé de 11% entre 2010 et 2011 alors qu’elle était déjà faible. Cette nouvelle situation est due à la décision d’une dizaine de donateurs de procéder à une réduction de leur aide. Il s’agit de la Banque mondiale, des Etats-Unis, du Royaume Uni, des institutions de l’Union Européenne, des Pays-Bas, du Japon, du Canada, de l’Allemagne, de l’Australie et du Danemark. Avec cette nouvelle donne, le paysage des donateurs change. Ainsi, les baisses les plus remarquables concernent le Canada, l’Union européenne, la France, le Japon, les Pays-Bas, l’Espagne et les Etats-Unis. En volume, cela «représente au total 90% de la réduction de l’aide à l’éducation de base», remarque le Rapport. En tête des donateurs, les Etats-Unis sont passés au deuxième rang, se faisant ainsi devancer par le Royaume Uni.
A en croire les rapporteurs, les Pays-Bas étaient un bailleur de fonds clé et un leader politique en matière d’éducation. Ainsi, son abandon du secteur devient une source de préoccupation. Son cas a particulièrement touché les pays comme le Mali, le Mozambique et l’Ouganda.

Combler le déficit par les recettes publiques

Face à la diminution de l’aide de la part des donateurs, les rédacteurs du Rapport ont observé que certains gouvernements ne sont pas restés les bras croisés quant au financement de l’éducation sur la période 1999-2011.
En effet, de nombreux gouvernements, notamment ceux des pays pauvres, ont accru leur engagement à l’éducation. «30 pays à revenu faible et moyen ont fait progresser leurs dépenses d’éducation de plus d’un point de pourcentage du PNB entre 1999 et 2011», note le rapport. De même, pour la première fois depuis 2002, l’aide à l’éducation de base a chuté de 6% entre 2010 et 2011. Cette réalité concerne, selon le rapport, les pays à faible revenu particulièrement touchés par la réduction de l’aide à l’éducation de base. Cela, à de cause de la diminution subséquente aux «coupes opérées dans les dépenses» des donateurs. Ces pays sont au nombre de 19 dont 13 sont de la zone Afrique subsaharienne. A l’échelle mondiale, sur les 138 pays disposant de données, ce sont seulement 25 qui ont pu consacrer plus de 20% de leurs budgets au secteur éducatif au titre de l’année 2011. Parmi eux, on compte 17 pays à revenu faible et moyen contre huit à revenu moyen et supérieur. Mais, souligne le rapport, tous les pays n’ont pas le même niveau d’engagement. C’est le cas de la République démocratique du Congo (RDC). Cet Etat a consacré en 2010 moins de 9% de son budget à l’éducation, selon le rapport 2014.

Mesures fiscales pour suppléer le déficit de l’aide

En ce qui concerne les pays comme la RDC, le Rapport préconise qu’il faille accroître le financement de l’éducation. Pour ce faire, plusieurs approches sont envisagées, voire proposées. Dans leurs analyses, les auteurs du rapport sont parvenus à la conclusion que les ressources nationales peuvent aider à combler le déficit de financement de l’éducation, notamment l’aide qui s’amenuise. Ces ressources sont tirées des recettes fiscales d’autant plus que la fiscalité est perçue comme pilier de développement et de progrès de l’éducation. Cette mesure pourrait être mise en œuvre de diverses manières. Entre autres, il a été identifié la collecte de l’impôt et une affectation adéquate à l’éducation. Ce qui suppose que tout système d’imposition qui fonctionne bien permet aux gouvernements de financer le système éducatif par les recettes nationales au lieu d’avoir recours à l’emprunt ou aux aides externes. De même, en termes d’actions à mener, il est, entre autres, question de limiter les exonérations fiscales, de combattre l’évasion fiscale. A ce sujet, le Rapport dénonce l’ampleur de l’évasion fiscale surtout dans les pays d’Afrique. Et les rédacteurs de soutenir : «Si l’on mettait fin aux pratiques fiscales illégales en Afrique, l’éducation pourrait bénéficier de 13 milliards de dollars EU supplémentaires chaque année».
Par ailleurs, les actions appellent également à une diversification, voire à un élargissement de l’assiette de l’impôt. Et à ce niveau, le rapport soutient que les gouvernements pourraient dégager des recettes supplémentaires en renforçant la fiscalité des entreprises. «Ces ressources nationales supplémentaires permettraient de combler à hauteur de 56% le déficit de financement annuel moyen de 26 milliards de dollars EU pour l’éducation de base de 46 pays à revenus faible et moyen inférieurs, soit 54% du déficit de 38 milliards de dollars EU pour l’éducation de base et le premier cycle de l’enseignement secondaire», renchérit le rapport.