Appel à la démission de Talon pour sa position sur la crise au Niger: Faux ! La vidéo qui circule remonte à 2019

Au lendemain du coup d’Etat militaire au Niger, le Bénin s’est engagé aux côtés de la Cedeao pour rétablir l’ordre constitutionnel. Mais une partie de la population béninoise n’approuve pas cette position du pays et l’a fait savoir au cours d’une manifestation, tout en demandant la démission du président Patrice Talon. Voilà la teneur d’un message qui accompagne une vidéo de 30 secondes qui fait le tour des réseaux sociaux depuis le 14 septembre 2023, sur X (Twitter), Facebook, TikTok et d’autres réseaux sociaux.

« Quelques manifestants étaient dans la rue au Bénin pour demander la démission du président. Suite au putsch au Niger où le Bénin est engagé aux côtés de la Cedeao pour intervenir militairement, une partie de la population ne gobe pas cette prise de position ! », indique l’auteur du post sur X du 14 septembre. Le 15 septembre, la publication est devenue virale sur les réseaux sociaux.

Dans cet enregistrement vidéo, l’on voit des centaines de jeunes sur une route bitumée, scandant : « Talon, démission ! Talon, démission ! ». Face à eux se dresse un détachement de policiers. La vidéo a été vue par plus de 95 000 internautes et partagés par 291 personnes, à la date du 21 septembre. La même vidéo avec des messages de la même teneur, a été publiée par plusieurs autres internautes que cela soit sur X, Facebook ou TikTok. La plupart des internautes ayant posté ou partagé la vidéo sont ceux de pays voisins ou amis. Sur Facebook, un autre internaute se décrivant comme « Blogger and Content provider » a même consacré une émission de décryptage de cinq minutes sur la manifestation en question.

« Salut les amis ! Je vous avais dit, les amis, que très bientôt, dans les pays partant pour l’intervention militaire au Niger, la jeunesse va se lever pour demander à ses dirigeants de dégager… », a déclaré l’intéressé le 17 septembre. Son émission a été vue 17 000 fois et aimée par plus de 1 200 personnes.

Des réactions contraires

Si certains ont vraiment cru que la vidéo est actuelle, d’autres par contre l’ont contesté dans les commentaires, relevant de ce fait, la piste du faux. « C'est une fake news, cette vidéo qui circule date en fait de 2019, où certains pensaient qu'on venait arrêter l'ancien président Yayi, qui avait lancé un appel à la désobéissance civile. Elle a été modifiée pour faire croire à une certaine manifestation contre Talon. Date ? Lieu ? », a réagi un internaute sur un compte X.

Une page qui affirme aussi que cette vidéo est de 2019, l’a publié quand-même. Dans les commentaires, un internaute relève qu’il s’agit d’une « vieille vidéo, 2017 ou 2018, au temps des marches et des grèves. Et beaucoup de moutons vont croire à une vidéo récente… ».

2019

Une recherche via l’outil Whopostedwhat permet d’explorer la piste de mai 2019. En effet, cette même vidéo de manifestants a été publiée des centaines de fois sur Facebook, le 2 mai 2019. Dans sa publication, un internaute précise que la scène s’est déroulée à Cotonou. « Actuellement à Cadjehoun les manifestants contre l'arrestation de Boni Yayi réclament la démission pure et simple de Patrice Talon. Cotonou en ébullition encore aujourd'hui... Restez connectés », indique la légende de la vidéo. D’autres internautes et pages Facebook ont aussi publié cette même vidéo.

En outre, des recherches par mots clés sur Google conduisent à une publication de France 24, le 2 mai 2019, qui montre, en gros plan, les mêmes manifestants surexcités devant le même dispositif policier vu dans la vidéo récemment publiée sur les réseaux sociaux. L’article récapitule deux jours de manifestations suite à une rumeur d'arrestation de l'ancien chef de l'État, Boni Yayi.

Légende : Ces manifestants de mai 2019 sont les mêmes que ceux vus dans la vidéo publiée le mi-septembre 2023

Verdict

La vidéo montrant des manifestants qui appellent à la démission de Patrice Talon, n’est pas récente. Elle date, en réalité, des violences postélectorales des 1^er et 2 mai 2019. Cette publication n’a aucun rapport avec la crise au Niger.