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Lutte contre la désinformation électorale: Les bons réflexes à avoir face à une information douteuse

Fact-Checking

L’instantanéité et la surabondance d’informations en période électorale exposent chaque utilisateur des réseaux sociaux à des contenus dont la qualité, la fiabilité et la véracité peuvent être remises en cause. Rumeurs, intox, propagande, fausses images générées par l’intelligence artificielle, titres trompeurs, manipulations politiques ou commerciales, la désinformation est dans les smartphones en permanence et n’attend que celles et ceux qui vont partager sans vérifier. Mais pour se préserver et préserver les autres, il faut adopter les bons réflexes.

 

Par   Ariel GBAGUIDI, le 21 nov. 2025 à 05h37 Durée 3 min.
#Lutte contre la désinformation

Face à une information, quelle que soit sa nature, il est impérieux de prendre du recul et ne pas réagir immédiatement. Beaucoup de fausses informations sont conçues pour provoquer une émotion forte : colère, indignation, peur, euphorie... Ces réactions émotionnelles poussent à partager l’information sans réfléchir. Avant de « liker », commenter ou partager, il est essentiel de prendre du recul par rapport à l’information. Posez-vous la question de savoir pourquoi ce contenu vous touche-t-il autant ? Ce que vous ressentez vous aide-t-il à comprendre ou cela tend à manipuler ? Quelques secondes de réflexion suffisent souvent à éviter de tomber dans le piège émotionnel.


De principe, toute information est sourcée. Identifier la source de votre information, c’est-à-dire rechercher qui parle et dans quel but doit être votre deuxième réflexe, car une information n’a de valeur que si l’on sait clairement d’où elle vient. Ainsi, avant d’accorder du crédit à l’information que vous avez reçue, vérifiez son auteur. Est-ce un média reconnu, un expert identifiable, une institution officielle? Ou bien un compte anonyme, une page douteuse, un site web au nom sensationnaliste ? Plus la source est floue ou anonyme, plus la prudence s’impose.

Il y a aussi la réputation de la source. Les médias crédibles peuvent aussi se tromper. Toutefois, leur réputation témoigne de leur rigueur dans le traitement de l’information. Il faut noter que tout contenu a un objectif qui peut être d’informer, de divertir, de vendre, de convaincre, de manipuler… Se poser la question sur les intentions possibles de l’auteur permet de déterminer si l’information est biaisée ou instrumentalisée. Il est aussi important de vérifier la date et le contexte de l’information. En effet, un contenu peut être vrai, mais totalement vieux ou sorti de son contexte réel. Par exemple, une vidéo d’événement violent peut dater de plusieurs années, une photo peut être associée à la mauvaise actualité, une citation peut être sortie de son contexte, un chiffre peut être exact mais interprété de manière erronée. Vérifier la date de publication, d’enregistrement ou de capture et le contexte, est alors crucial.

Croisez l’information et vérifiez avec des outils

Si une information est vraie et importante, elle est presque toujours relayée par plusieurs sources fiables. Pour savoir si la vôtre est vraie, recherchez si des médias crédibles l’ont aussi relayée. Y a-t-il d’autres journaux ou chaînes de confiance qui en parlent ? Les informations concordent-elles ? Si une seule source en parle, c’est un signe d’alerte. Toujours dans le processus de vérification, entrer quelques mots-clés dans un moteur de recherche suffit parfois à trouver un article ou plusieurs articles qui confirment ou démentent. Il est aussi conseillé de consulter des sites de fact-cheching à l’instar de lanation.bj/fact-checking ou pureinfo.bj.

Parfois, examiner la forme de la publication donne un indice ou des indices révélateurs. La forme d’un contenu renseigne beaucoup sur sa crédibilité. Il s’agit, entre autres, des titres sensationnalistes ou agressifs, de l’orthographe et de la qualité rédactionnelle.

Pour ce qui est des contenus audiovisuels, faire une vérification par recherche inversée d’images avec Google images (Lens), TinEye, Yandex peut aider à distinguer le vrai du faux. Ces outils permettent de retrouver l’origine d’une photo, de vérifier si elle a été publiée avant ou si elle est extraite d’un autre contexte. De plus en plus d’outils permettent d’identifier les versions antérieures d’une vidéo ou ses différentes occurrences en ligne.

Les chiffres, graphiques et statistiques peuvent donner une impression de sérieux, mais ils sont facilement manipulables. Posez-vous les bonnes questions à la vue de ces types de publications. Quelle est l’origine des données ? S’agit-il d’une étude scientifique, d’un sondage, d’une estimation personnelle ? Le graphique est-il complet ou tronqué ? L’échelle est-elle coupée pour exagérer les différences? Le pourcentage reflète-t-il une réalité significative ou une manipulation ?

Biais

La désinformation, c’est aussi les biais. Il est important d’identifier les biais cognitifs, car tout le monde est peut-être influencé par des mécanismes psychologiques qui faussent le rapport à l'information. Connaître ces biais aide à ne pas tomber dans les pièges. Par exemple, le biais de confirmation vous pousse à croire plus facilement ce qui confirme vos opinions existantes. Les fausses informations exploitent largement ce biais.

Certaines fausses informations reposent sur des scénarios totalement improbables, mais paraissent crédibles si on ne prend pas le temps de réfléchir. Posez-vous quelques questions simples. L’événement décrit est-il cohérent avec ce que je connais du pays ? Existerait-il une version plus simple ou plus logique ? Si c’était vrai, est-ce que l’impact serait plus visible ?

Ne pas relayer l’information sans être sûr, est un geste responsable et hygiénique. Ne pas partager, c'est déjà lutter contre la désinformation. Même si vous n'êtes pas entièrement certain qu’elle est fausse, l’absence de certitude impose la prudence. Le partage massif est la première force de propagation des intox. En cas de doute, abstenez-vous !

Discuter et débattre sans agressivité

Si vous pensez qu’un proche ou un collègue partage une information douteuse, réagir avec violence est rarement productif. Privilégiez une approche douce et questionnante. Demandez-lui s’il connait la source ? S’il est certain que la date  y correspond ? Regardez ensemble si quelqu’un d’autre en parle. L’objectif n’est pas d’humilier votre vis-à-vis, mais de susciter un esprit critique partagé.

En conclusion, face à une information douteuse, les meilleurs outils restent le recul, la curiosité et la méthode. Vérifier la source, comprendre le contexte, croiser les informations, analyser la forme, examiner les images, déjouer nos biais cognitifs, sont des gestes simples qui constituent un véritable rempart numérique. Dans un monde saturé de contenus, l’esprit critique n’est plus seulement une qualité, c’est une compétence essentielle, une responsabilité citoyenne et parfois même une forme d’autodéfense intellectuelle. En adoptant ces bons réflexes, chacun contribue à un environnement informationnel plus sain, plus fiable et plus équilibré.