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Burkina Faso: Nouvelle médiation africaine à Ouagadougou où armée et putschistes se font face

International
Par   Collaboration extérieure, le 23 sept. 2015 à 05h39

Des chefs d'Etat ouest-africains sont attendus ce jour mercredi 23 septembre au Burkina Faso avec pour objectif de "rétablir" dans ses fonctions le président renversé par un coup d'Etat, alors que putschistes et forces loyalistes se faisaient face hier mardi soir à Ouagadougou.

Les chefs d'État et de gouvernement de la Cédéao, réunis hier mardi en sommet extraordinaire à Abuja au Nigeria, "ont appelé la garde présidentielle à déposer les armes et demandé aux autres unités de l'armée de ne pas faire usage de la force pour éviter des pertes en vies humaines", selon le président de la commission de la Cédéao, Kadré Désiré Ouédraogo.

Ils ont également décidé de "dépêcher" ce mercredi une délégation de chefs d'Etat "pour rétablir Michel Kafando dans ses fonctions de président de la transition au Burkina Faso". M. Kafando a été libéré lundi dernier par les putschistes après plusieurs jours de séquestration.
Il avait été renversé le 17 septembre dernier par un coup d'Etat mené par le Régiment de sécurité présidentielle (RSP), unité d'élite de l'armée burkinabè et garde prétorienne de l'ancien président Blaise Compaoré.
Ce putsch avait porté un brusque coup d'arrêt à l'organisation d'élections générales prévues en octobre prochain, censées clore la période de transition ouverte par la chute de Blaise Compaoré en octobre 2014.
Pour justifier leur coup de force, les soldats de la garde présidentielle réclamaient notamment que les anciens partisans de Compaoré puissent participer aux élections dont ils avaient été exclus par la transition.
Hier mardi 22 septembre, en dépit des ultimatums de l'armée loyaliste, le chef des putschistes et ancien bras droit de M. Compaoré, le général Gilbert Diendéré, a refusé de déposer les armes, affirmant s'en remettre aux conclusions de la Cédéao.
"Nous n'avons pas envie de nous battre mais nous nous défendrons éventuellement", avait-il déclaré. "Nous n'avons pas envie de verser du sang pour rester dans un pouvoir quelconque".
De leur côté, les commandants des unités loyalistes stationnées dans Ouagadougou n'ont pas hésité à montrer leur détermination, affirmant avoir "les moyens" d'attaquer le RSP.
"Si depuis longtemps cela n'a pas été fait, c'est parce que les militaires ont mis en avant la sécurité des populations", ont fait valoir ceux qui lundi dernier avaient lancé leurs troupes depuis la province sur la capitale pour "désarmer le RSP".
Unité d'élite de l'armée, le RSP compte 1 300 hommes, contre plus de 11 000 hommes au total pour l'ensemble de l'armée et de la gendarmerie burkinabè. La société civile avait demandé sa dissolution à plusieurs reprises.

Revenir dans les rangs du peuple

La délégation de la Cédéao attendue ce jour mercredi à Ouagadougou comprendra les dirigeants du Nigeria, du Niger, du Togo, du Ghana, du Bénin et du Sénégal. Elle vise à "engager un dialogue politique avec toutes les parties prenantes, dans l'idée de trouver des aménagements négociés" par rapport à un premier projet d'accord divulgué dimanche dernier par les présidents sénégalais Macky Sall et béninois Thomas Boni Yayi, jugé inacceptable par la population et la société civile.
A Ouagadougou, la situation était calme dans la soirée. Entrée sans résistance dans la nuit de lundi à hier mardi et forte du soutien populaire, l'armée loyaliste y était désormais déployée dans des casernes.
Le calme régnait aussi devant le palais présidentiel, où des hommes du RSP montaient la garde sans pour autant montrer de nervosité.
Plus tôt, la Place de la Révolution, épicentre en octobre 2014 de la contestation qui a conduit au départ de Blaise Compaoré, avait été vidée sans incident par l'armée, après avoir été investie par des centaines de personnes venues soutenir les soldats loyalistes, les appelant à faire "feu à volonté".
"On est là pour encourager les troupes. On est prêt à mourir", confiait Fousseni Traoré, sans emploi.
Lundi dernier au soir, un soldat du RSP avait été tué et un autre blessé lors d'une attaque en périphérie de Ouagadougou, selon le général Diendéré, qui a affirmé qu'il ne s'agissait pas d'un accrochage avec les troupes loyalistes. Outre cette victime, les violences qui ont accompagné le coup d'Etat ont fait au moins 10 morts et 113 blessés.
Hier mardi matin, le Premier ministre de la Transition, le lieutenant-colonel Isaac Zida, séquestré depuis le début du putsch, a été libéré et a rejoint son domicile. Dans sa première déclaration, il a appelé ses "frères d'armes du RSP" à "revenir dans les rangs du peuple".
En octobre 2014, le soulèvement populaire, provoqué par la volonté de Blaise Compaoré de modifier la constitution pour se maintenir au pouvoir, avait contraint celui-ci à fuir, mettant fin à 27 ans de règne sur ce pays sahélien de 17 millions d'habitants, à l'histoire jalonnée de coups d'Etat militaires depuis son indépendance en 1960.
L'insurrection burkinabè avait suscité l'espoir sur le continent de tourner la page des présidents à vie.

Le président destitué "remis en selle ce mercredi (général putschiste à l'AFP)

Michel Kafando, le président burkinabé destitué par les putschistes le jeudi 17 septembre dernier, sera "remis en selle" ce mercredi, a affirmé à l'AFP le général putschiste Gilbert Diendéré.
"Kafando c'est déjà acté. Les chefs d'Etat (de la Cédéao, Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest) arrivent ce matin (à Ouagadougou) pour le remettre en selle. Théoriquement, c'est moi qui vais les accueillir aujourd'hui (à l'aéroport) et Kafando les raccompagnera après", a affirmé le général Diendéré, le chef du Régiment de sécurité présidentiel (RSP), auteur du coup.
"La Cédéao a décidé qu'on soit cantonné. Ca veut dire le retour de tous nos hommes qui sont dehors en caserne et de remettre l'armement dans les magasins. C'est une décision de la Cédéao on n'y peut rien", a-t-il ajouté.
"Les autres (armée loyaliste) qui sont venus de l'intérieur du pays doivent reculer de 50 km", a-t-il précisé.
Les chefs d'État et de gouvernement de la Cédéao, réunis mardi en sommet extraordinaire à Abuja au Nigeria, "ont appelé la garde présidentielle à déposer les armes et demandé aux autres unités de l'armée de ne pas faire usage de la force pour éviter des pertes en vies humaines", selon le président de la commission de la Cédéao, Kadré Désiré Ouédraogo.
Ils ont également décidé de "dépêcher" ce jour, une délégation de chefs d'Etat "pour rétablir Michel Kafando dans ses fonctions de président de la transition au Burkina Faso". M. Kafando a été libéré lundi dernier par les putschistes après plusieurs jours de séquestration.

AFP