Aujourd’hui encore, la situation internationale est marquée par des risques de récession économique, des crises sécuritaires, voire civilisationnelles, tandis que les principes de paix, de solidarité et de fraternité demeurent des enjeux centraux. Les pays du Sud global, comme on les appelle désormais, sont devenus des acteurs incontournables de la scène mondiale. Ils continuent de plaider pour une multipolarité dans les relations internationales et le respect de la souveraineté de tous les États.
La Conférence de Bandung avait permis aux pays participants de se positionner plus fermement sur l’échiquier mondial. Elle s’appuyait notamment sur les cinq principes de coexistence pacifique élaborés en 1954 par la Chine et l’Inde, dans un esprit de bon voisinage. Ces principes sont : le respect mutuel de l’intégrité territoriale et de la souveraineté, la non-agression mutuelle, la non-ingérence dans les affaires intérieures, l’égalité et les avantages réciproques, et enfin, la coexistence pacifique.
Pour marquer cet anniversaire, CGTN Français a réuni trois intervenants :
-Isaac Bazié, de l’Université du Québec à Montréal, fondateur de l’Institut des études afro-asiatiques et internationales à Ouagadougou (Burkina Faso),
-Darwis Khudori, de l’Université Le Havre Normandie (France), initiateur et coordonnateur du réseau Esprit Bandung,
-et Wu Zexian, commentateur de CGTN Français.
Ils ont échangé sur l’importance de cette conférence historique, sur la nécessité de respecter ses principes fondateurs et sur l’impératif de renforcer la coopération entre les pays du Sud global.
Pour Isaac Bazié, la conférence de Bandung reste cruciale, car elle a permis aux pays asiatiques et africains de s’émanciper de la tutelle occidentale pour penser leur avenir dans une logique de solidarité.
« Cette conférence était importante, et elle le demeure à plus d’un titre. C’est bien la première fois que l’Afrique et l’Asie (unies par une histoire commune de colonisation et d’hégémonie occidentale) se retrouvaient, hors de l’Occident, pour penser ensemble à leur avenir, avec un agenda propre, non imposé. »
De son côté, Darwis Khudori estime que Bandung a marqué l’affirmation claire de l’émancipation des peuples asiatiques et africains.
« Aujourd’hui, les pays du Sud (Afrique, Asie, Amérique latine, et autres non-occidentaux) doivent collaborer pour un meilleur partage de la science et de la technologie. Il faut dépasser le stade des discours : il faut traduire nos idées, nos connaissances et nos réflexions en actions concrètes. »