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Famine imminente: L’Onu alerte sur cinq zones critiques

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Des enfants font la queue pour obtenir de la nourriture à Gaza Des enfants font la queue pour obtenir de la nourriture à Gaza

Dans un rapport commun alarmant publié ce lundi, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao) et le Programme alimentaire mondial (Pam) tirent la sonnette d’alarme : sans une réponse humanitaire urgente et une action internationale concertée pour apaiser les conflits, cinq régions du globe risquent une famine de grande ampleur dans les mois à venir.

Par   Catherine Fiankan-Bokonga, Correspondante accréditée auprès de l’Office des Nations Unies à Genève (Suisse), le 17 juin 2025 à 09h17 Durée 3 min.
#Organisation des Nations unies (Onu) #Gaza #famine

Selon le dernier rapport semestriel Hunger Hotspots, élaboré avec le soutien financier de l’Union européenne à travers le Réseau mondial contre les crises alimentaires (Gnafc), la situation est critique. Le Soudan, la Palestine, le Soudan du Sud, Haïti et le Mali sont identifiés comme les zones de préoccupation extrême, où certaines communautés font déjà face à la famine ou à des niveaux catastrophiques d’insécurité alimentaire aiguë.

Au Soudan, où la famine a été confirmée en 2024, la guerre civile persistante, les déplacements massifs et une inflation galopante poussent le pays au bord de l’effondrement économique. Plus de 24 millions de personnes y sont en situation de crise alimentaire, et 637 000 d’entre elles sont déjà confrontées à des conditions assimilables à la famine (Ipc Phase 5).

À Gaza, les opérations militaires d’envergure et le blocus commercial aggravent une crise humanitaire d’ampleur inédite. L’ensemble des 2,1 millions d’habitants sont désormais classés en situation de crise ou pire, avec près d’un demi-million de personnes au bord de la famine.

Au Soudan du Sud, les tensions politiques, les risques de crues et les difficultés économiques mettent 7,7 millions de personnes en danger, soit 57 % de la population. Une mise à jour récente du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (Ipc) confirme un risque de famine imminent dans plusieurs zones.

Haïti, ravagé par une violence endémique des gangs, est en proie à une insécurité galopante. L’accès humanitaire est gravement restreint, et plus de 8 400 personnes déplacées dans la région de Port-au-Prince sont déjà plongées dans des conditions catastrophiques de faim.

Au Mali, les prix des céréales s’envolent tandis que le conflit armé s’intensifie. Si aucune aide n’est apportée d’ici août 2025, 2 600 personnes pourraient tomber en situation de famine.

 Catherine Fiankan-Bokonga

Autres foyers sous haute surveillance

Le rapport recense également des zones de préoccupation très élevée : le Yémen, la République démocratique du Congo, le Myanmar et le Nigeria. Les conflits prolongés, les déplacements forcés, les catastrophes naturelles et les chocs économiques contribuent à aggraver des crises déjà sévères.

Des pays comme la Somalie, le Tchad, la Syrie et le Burkina Faso restent également sur la liste des foyers à surveiller, même si certaines améliorations ont été enregistrées dans des États comme l’Éthiopie, le Kenya ou encore le Liban, retirés temporairement de la liste grâce à une accalmie relative.

Une urgence humanitaire entravée par l’insécurité et le manque de financement

« Ce rapport est une alerte rouge», avertit Cindy McCain, directrice exécutive du Pam. « Nous savons où la faim progresse et qui est menacé. Nous avons les moyens d’agir, mais sans financement ni accès humanitaire, nous ne pouvons pas sauver des vies. »

Le directeur général de la Fao, Qu Dongyu, rappelle quant à lui l’importance vitale de soutenir les moyens de subsistance sur place : « Protéger les fermes et les animaux, même dans les pires conditions, est essentiel pour maintenir une production alimentaire locale. »

Un appel à la solidarité internationale 

Mais les contraintes d’accès humanitaire et les déficits budgétaires sévères empêchent déjà l’acheminement de vivres et la mise en œuvre d’interventions agricoles cruciales. Dans de nombreuses zones, les rations alimentaires sont réduites, et les populations vulnérables sombrent dans l’oubli.

Le rapport des Nations unies exhorte à un engagement immédiat de la communauté internationale. Des actions humanitaires préventives, financées à temps, permettent non seulement de sauver des vies, mais aussi de réduire les coûts à long terme.

Alors que le monde affronte une montée des conflits et un durcissement des conditions climatiques, la faim redevient une urgence quotidienne pour des millions de personnes. Le rapport, bien plus qu’un constat, est un appel solennel à l’action. À la communauté internationale désormais de répondre présent.