Grande conférence de presse du président de la fédération de Russie, Vladimir Poutine
International
Par
Collaboration extérieure, le 21 déc. 2020
à
05h55
Le Président russe a tenu, le 17 décembre, sa conférence de presse annuelle à Moscou. En raison de la pandémie, elle s’est déroulée par visioconférence.
Depuis sa résidence officielle de Novo-Ogariovo, Vladimir Poutine a donné à Moscou sa 16e grande conférence de presse alors que les journalistes se sont rassemblés dans le Centre du commerce international de Moscou. Face à la pandémie, l’événement est passé au format virtuel.
La pandémie oblige, le nombre d’accréditations délivrées, cette année, a été divisé par deux. En revanche, pour la première fois dans le cadre de cet événement, le président a répondu non seulement aux questions des journalistes mais aussi à celles de ses concitoyens.
Voici les réponses aux questions essentielles posées à Vladimir Poutine:
Une des premières questions porte sur le bilan de l’année 2020
Le président a donné quelques statistiques. La pandémie a affecté tous les domaines de la vie, le Pib russe a chuté de 3,6 %, ce qui est inférieur aux indicateurs enregistrés dans l’Ue et aux États-Unis. Le revenu réel devra chuter d’environ 3 % à la fin de l’année.
Il affirme que la Russie est en passe de réduire considérablement sa dépendance dans le secteur des hydrocarbures. Le budget russe est aujourd’hui indépendant à 70 %
des revenus pétroliers.
Question sur l’état du système de santé russe mis à l’épreuve par la pandémie
Aucun système de santé au monde n’a été à même d’affronter la crise du Covid-19, affirme Poutine. Selon lui, au début de la pandémie en Chine, puis en Europe, la Russie a pu gagner du temps pour déployer rapidement des lits supplémentaires, construire des centres hospitaliers mobiles et requalifier des professionnels de la santé.
La Russie se classe parmi les leaders mondiaux en nombre de tests, a indiqué le président. Selon lui, la Russie a augmenté de 20 fois sa production de masques sur fond de pandémie.
Question sur l’origine du coronavirus
Ce n’est pas le bon moment pour chercher des coupables mais pour conjuguer les efforts afin de sortir de la crise et aider les personnes en difficulté, indique Poutine. Le président appelle à lever les sanctions imposées aux pays lourdement affectés par la pandémie.
Poutine ne s’est pas encore fait vacciner mais promet de le faire.
« Je ne vois aucune raison pour ne pas me faire vacciner », indique le président.
A la question de savoir s’il s’était fait vacciner, Poutine rappelle que l’administration de vaccin anti-Covid a, à ce jour, des restrictions d’âge. Il a promis de se le faire inoculer dès que ce serait possible pour lui.
Evoquant la fabrication du vaccin, il indique que la Russie envisage d’augmenter ses capacités de production, lesquelles ne sont pas suffisantes à ce jour. En attendant, rien n’empêche de le produire sur des plateformes étrangères, estime-t-il. Il prévoit de disposer de « millions de doses » dès le début de l’année prochaine.
Aucun cas grave provoqué par les effets secondaires du vaccin Spoutnik V n’a été enregistré, affirme Poutine.
« Quand la Russie ouvrira-t-elle ses frontières ? »
La fermeture des frontières est liée à la nécessité d’endiguer la pandémie et de protéger la population.
« Dès que les médecins le permettront, les frontières seront ouvertes », promet le président.
Évoquant le secteur aéronautique parmi les plus impactés, il souligne la nécessité de rétablir le tourisme et appelle à le développer au niveau national.
Question sur le Haut-Karabakh
Une seule violation du cessez-le-feu a été enregistrée dans le Haut-Karabakh depuis l’entrée en vigueur de l’accord tripartite signé par l’Azerbaïdjan, l’Arménie et la Russie. Il indique que la situation dans la région avait été tendue pendant de longues années, écartant la thèse d’une intervention étrangère pour la déstabiliser.
Question d’un journaliste de la Bbc sur les tensions dans les relations entre la Russie et l’Occident
A la question de savoir s’il se sentait responsable de la détérioration des relations entre la Russie et l’Occident, le président indique qu’il « se sent responsable avant tout de ce qui se passe avec la Russie ».
Il ajoute dans ce contexte que l’Otan n’a pas tenu sa promesse d’éviter de s’élargir à l’est, la sortie de l’accord Ciel ouvert ainsi que le traité New Start venant à expiration début 2021.
La Russie est prête à renouveler le traité New Start, la balle est dans le camp américain.
« Si rien ne se passe, ce traité cesse son existence en février. Nous sommes prêts à poursuivre le dialogue tout en sachant que le président élu Joe Biden - comme j’en ai eu l’impression - avait exprimé sa détermination à poursuivre le dialogue, à préserver ce document fondamental. Nous y sommes prêts ».
« Une nouvelle course aux armements a déjà débuté »
La course aux armements a commencé après la sortie des États-Unis du traité Amb, dans le cadre des négociations sur la limitation des armes stratégiques, affirme Poutine, ajoutant que dans cette optique, la Russie a dû prendre des mesures.
« Une nouvelle course aux armements a déjà débuté. Nous ne voulons pas nous y laisser entraîner », affirme le président.
Selon lui, le fait que la Russie dispose aujourd’hui d’armes hypersoniques a des incidences sur la situation mondiale.
Le chef de l’Etat assure que tous les projets pour la mise au point de nouvelles armes seront menés à bien et dans le respect des délais initialement prévus.
« Pourquoi les hackers russes n’ont pas aidé Trump à être réélu ?»
Les hackers russes n’ont jamais aidé Trump et n’ont jamais interféré »
dans la présidentielle américaine, a répondu Poutine, jugeant la question « provocatrice ».
?voquant la lutte politique interne aux États-Unis, il estime que les accusations contre les hackers russes ont servi de prétexte pour ne pas reconnaître la légitimité de Trump. Il a également espéré que Biden travaillerait sur les relations russo-américaines, avant d’estimer que Trump ne quitterait pas définitivement la politique.
« Qui a empoisonné Navalny?»
Personne n’avait d’intérêt à empoisonner Navalny, estime le président. Il évoque « de nombreuses inexactitudes» dans l’enquête du site d’investigation Bellingcat qui accuse le Service fédéral de sécurité russe (Fsb) d’être impliqué dans l’affaire.
Le chef de l’Etat estime que ce type de publication relève de la
« légalisation des documents des services spéciaux américains ». Selon lui, ils ont pour objectif la vengeance, visent à perturber le processus politique en Russie,
« une chose tout à fait évidente ». Il ajoute que dès que la femme de Navalny l’a contacté, il a ordonné de le laisser partir du pays pour se faire soigner en Allemagne.
Question sur les caricatures religieuses et la liberté d’expression
Ceux qui agissent en violation des droits des croyants devraient s’attendre à une réaction en retour, estime Poutine. « Mais cette réaction ne doit pas être agressive », souligne-t-il. Selon lui, aucune religion au monde n’est agressive. Ôter la vie d’autrui contredit les principes de toutes les religions, car c’est Dieu qui donne la vie et il n’y a que Lui qui puisse la reprendre, explique-t-il.
La grande conférence a duré, cette année, quatre heures et demie, et le président russe a répondu à 60 questions.
Source : Ambassade de Russie