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Réforme et modernisation du secteur de la sécurité: L'UE et la Tunisie signent un accord "pilote"
L'Union européenne a signé hier jeudi 5 novembre un accord d'un montant de 23 millions d'euros avec le gouvernement tunisien pour soutenir "la réforme et la modernisation du secteur de la sécurité" dans ce pays en proie à la menace jihadiste.
AFP
Ce programme, signé par l'ambassadeur de l'UE Laura Baeza et le ministre de l'Intérieur Najem Gharsalli, revêt un "caractère pilote" et accompagnera la Tunisie "dans la mise en œuvre de la réforme du secteur de la sécurité, en développant une doctrine sécuritaire en phase avec les valeurs démocratiques", a déclaré Mme Baeza.
Depuis la révolution de 2011, la Tunisie fait face à une augmentation des attaques jihadistes, la plupart revendiquées par des mouvements liés à Al-Qaïda, qui ont coûté la vie à des dizaines de militaires, policiers et gendarmes. Elle a, en outre, été frappée par deux attaques, en mars dernier au musée du Bardo et en juin dernier à Sousse, qui ont fait 60 morts dont 59 touristes et ont été revendiquées par le groupe Etat islamique (EI).
L'accord prévoit d'appuyer une "réforme des inspections, du recrutement et de la formation" des forces de sécurité, dans l'optique de "rétablir la confiance des citoyens", selon un communiqué de l'UE. Il comporte ainsi "un important volet dédié à la redevabilité, à la probité et à la transparence".
Il doit également contribuer à renforcer les capacités dans la lutte contre "la criminalité transfrontalière", avec la création "d'une cellule de crise interministérielle" ou encore de "trois centres opérationnels rapides" non loin des frontières algériennes et libyennes.
Le gouvernement a récemment annoncé que 20% du budget 2016 serait consacré aux secteurs de la sécurité et de la défense. En juillet dernier, un rapport du centre de réflexion International Crisis Group (ICG) a toutefois relevé que l'appareil sécuritaire était, malgré les sommes engagées, "globalement dysfonctionnel", appelant à une réforme d'ampleur.
Des pays alliés, dont les Etats-Unis, ont annoncé vouloir renforcer leur coopération avec la Tunisie après l'attentat de Sousse. Paris et Tunis ont conclu le mois dernier un accord avec pour domaines prioritaires les forces spéciales et le renseignement, l'engagement financier de la France s'élevant à 20 millions d'euros sur deux ans.
La Tunisie pâtit notamment du chaos en Libye voisine et a entrepris la construction d'un mur frontalier de quelque 200 km. Interrogée, une source officielle a indiqué à l'AFP qu'elle était en cours d'achèvement, une quinzaine de km seulement devant encore être érigés.
Dans une récente étude, l'ONG Transparency a toutefois déploré la participation de responsables de sécurité tunisiens à la contrebande d'armes, notamment à la frontière libyenne.
La police tunisienne, qui entretenait une relation tendue avec la population sous le régime déchu de Zine El Abidine Ben Ali, reste en outre accusée par des ONG de perpétuer certaines pratiques oppressives.
Mercredi dernier, des sit-in ont par ailleurs été organisés par les forces de sécurité intérieure sur tout le territoire. Les manifestants ont réclamé des augmentations salariales, dont une hausse de la "prime de danger" déjà existante.