La Nation Bénin...
Face
aux défis persistants dans le suivi des projets d’accès à l’électricité, la
Sbee a réuni, ce jeudi 13 mai à Cotonou, les acteurs clés du secteur pour
instaurer un cadre de collaboration décentralisé. Objectif : renforcer la
coordination entre les directions régionales, les autorités préfectorales et
les services déconcentrés du ministère de tutelle, afin d’accélérer les
interventions sur le terrain.
Malgré
les investissements importants consentis ces dernières années par la Société
béninoise d’énergie électrique (Sbee), avec des projets de modernisation,
d’extension, de densification et de réhabilitation du réseau, des défis majeurs
subsistent en matière de coordination, de suivi et d’exploitation. D’où la
nécessité d’un cadre de travail plus proche du terrain pour améliorer la
gestion des projets et programmes du secteur de l’énergie.
Cette
problématique était au cœur d’un atelier national tenu à Cotonou ce mardi 13
mai. La rencontre a réuni les directeurs et cadres techniques et régionaux de
la Sbee, les directeurs départementaux de l’Energie, de l’Eau et des Mines
(Ddeem), ainsi que les préfets. Portée par la Sbee sur instruction du ministère
de l’Énergie, de l’Eau et des Mines (Meem), l’initiative marque un tournant
dans la gouvernance locale des infrastructures énergétiques. Elle vise à
instaurer un dialogue opérationnel entre les niveaux central, régional et
local.
«
Il faut une meilleure coordination entre le Meem, porteur de la vision
gouvernementale, et la Sbee pour améliorer la satisfaction client. Cela passe
par une décentralisation des relations et une plus grande réactivité dans la
résolution des problèmes », explique Edwige Adohinzin Hountondji, secrétaire
générale de la Sbee.
L’atelier
a permis de dresser un état des lieux détaillé des projets en cours et des
difficultés rencontrées dans chaque département, tout en clarifiant les rôles
et responsabilités des acteurs à chaque étape : planification, exécution,
suivi, réception, évaluation. L’objectif à terme est de fluidifier la
communication et d’optimiser les échanges d’informations entre tous les
maillons du système.
Un secteur en pleine transformation
La
cartographie actualisée des projets présentée à l’occasion de l’atelier recense
21 projets menés grâce à l’appui de l’État depuis 2016, dont 9 relèvent du
premier Programme d’action du gouvernement (Pag 1) et 11 du Pag 2. Ces projets
couvrent à la fois la production et la distribution d’énergie, en incluant la
modernisation et l’extension des réseaux urbains et ruraux.
Le
ministre de l’Energie, Kègnidé Paulin Akponna, a souligné les efforts consentis
par le gouvernement avec 683,95 milliards de francs Cfa mobilisés dans le
secteur pour renforcer les infrastructures électriques et améliorer l’accès à
l’énergie. Résultat : le taux d’électrification est passé de 29 % en 2016 à
36,95 % en 2024, avec une cible de 53 % en 2026, se réjouit-il. Le taux de
couverture nationale, qui mesure la proportion des unités administratives
électrifiées, est quant à lui passé de 40,89 % à 48,4 % sur la même période.
Entre 2016 et 2024, le nombre de branchements est passé de 597 906 à 919 230, soit plus de 321 000 nouveaux abonnés en moins de dix ans, selon André-Marie Kaczmarek, directeur général de la Sbee. L’entreprise ambitionne désormais de franchir le cap du million de clients raccordés d’ici fin 2025. Pour ce faire, un plan d’urgence, financé par les partenaires techniques et financiers, sera mis en œuvre cette année pour raccorder plus de 100 000 nouveaux clients.
Cette
dynamique s’accompagne d’une croissance du chiffre d’affaires, estimée à 13 %
entre 2023 et 2024, atteignant 203,2 milliards de francs Cfa. Une progression
portée par l’élargissement du parc d’abonnés, avec des tarifs relativement
stables. Pour 2025, l’objectif est une hausse de 18 % pour atteindre 240,63
milliards F Cfa, a indiqué M. Kaczmarek.
Des défis à relever ensemble
Malgré
ces avancées, des obstacles freinent encore le déploiement optimal des projets.
Selon Malick Mama, directeur des Études, de la Planification et des Projets à
la Sbee, des actes de vandalisme, de fraude et de vol de matériel affectent les
réseaux en construction. L’incivisme, les implantations anarchiques sur les
emprises, l’absence de plans de lotissement ou leur non-exécution, ainsi que la
précarité de certaines populations compliquent la maintenance et la
sécurisation des installations.
Face
à ces défis, les participants à l’atelier ont insisté sur la nécessité d’un
engagement collectif. La sensibilisation des populations, la libération des
emprises, la lutte contre l’occupation illégale des sites et le renforcement de
la sécurité publique sont autant d’actions à mener, avec l’appui des préfets et
des autorités communales. La lourdeur administrative dans la passation des
marchés a également été pointée comme un obstacle à lever.
Un chronogramme d’actions prioritaires est en cours d’élaboration. Il prévoit notamment la construction et la modernisation d’infrastructures, la sécurisation des réseaux, la réduction des pertes techniques, l’amélioration de la gestion de l’exploitation et le déploiement de solutions digitales. Ces mesures visent à améliorer l’accès à l’électricité, renforcer l’indépendance énergétique et répondre à une demande croissante, notamment dans les zones urbaines en forte expansion.