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Tribune: « Nous sommes l’Océan »

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Dans un mois, va s’ouvrir la troisième Conférence des Nations unies sur l’Océan. Elle se penchera sur les enjeux liés à la protection de l’Océan. Dans cette perspective, Nadège Chouat, ambassadrice de France au Bénin livre, à travers la présente tribune, un tableau de bord édifiant sur cette préoccupation poignante dont dépend l’équilibre de notre planète.

Par   Nadège Chouat Ambassadrice de France au Bénin, le 09 mai 2025 à 07h30 Durée 3 min.
#Tribune #économie bleue

Du 9 au 13 juin 2025, la France accueillera la troisième Conférence des Nations unies sur l’Océan (Unoc3). Ce rendez-vous sera un moment décisif : il réunira, à Nice, une centaine de chefs d’État et de gouvernement, et plusieurs dizaines de milliers de participants, chercheurs, scientifiques, acteurs économiques, militants associatifs et citoyens du monde entier.

L’Océan est notre bien commun. Il nourrit les peuples et les protège. Il nous fait rêver et voyager. Il nous offre de l’énergie durable, des moyens de commercer, des ressources et des connaissances scientifiques infinies.

Un être humain sur trois dépend de l’Océan pour vivre, et pourtant, ce dernier est en danger. C’est un espace encore largement méconnu, qui ne dispose ni d’une gouvernance globale, ni des financements nécessaires à sa préservation. Les chiffres sont inquiétants : plus de 8 millions de tonnes de plastiques sont déversées dans l’Océan chaque année, selon une étude de la revue Science. À cela s’ajoutent la surexploitation, qui touche plus d’un tiers des stocks de poissons, mais aussi l’acidification des eaux, la montée du niveau de la mer et la destruction des écosystèmes marins, des phénomènes aggravés par le dérèglement climatique.

Il est temps d’agir. Plus que jamais, nous devons faire en sorte que l’action multilatérale soit à la hauteur des enjeux liés à la protection de l’Océan.

Dix ans après la Cop21 et l’Accord de Paris, qui a permis d’établir un cadre mondial contraignant pour limiter le réchauffement climatique, l’Unoc3 représente une opportunité historique. Les «Accords de Nice » constitueraient un véritable pacte international pour la conservation et l’utilisation durable de l’Océan, directement en ligne avec les objectifs de développement durable (Odd) adoptés par l’Onu, en 2015.

Pour y parvenir, les discussions à Nice devront être concrètes et tournées vers l’action. Il s’agira d’œuvrer pour une meilleure gouvernance, davantage de financements et une meilleure connaissance de la mer.

En matière de gouvernance, le traité sur la protection de la biodiversité en haute mer (dit Bbnj) est un levier essentiel. La haute mer (plus de 60% des Océans) est aujourd’hui le seul espace qui n’est pas régi par le droit international. L’absence de surveillance et de règles communes entraîne un véritable désastre socio-environnemental : pollutions massives d’hydrocarbures et de plastiques, méthodes de pêche illégales, captures de mammifères protégés. Pour mettre un terme à ce vide juridique, nous devons obtenir la ratification de 60 pays et ainsi permettre au traité sur la haute mer d’entrer en vigueur. Nous espérons que le Bénin sera en mesure de signer et de ratifier ce traité avant cette Conférence des Nations unies sur l’Océan (Unoc3).

À cet effet, une cérémonie spéciale sera organisée à l’ouverture de la conférence, le 9 juin, par le Bureau des Nations Unies, afin de donner l’opportunité aux États qui le souhaitent de signer l’accord Bbnj et/ou de déposer leurs instruments de ratification.

La protection de l’Océan passe également par la mobilisation des financements publics et privés et le soutien à une économie bleue durable. Pour continuer à bénéficier des formidables opportunités économiques de l’Océan, nous devons faire en sorte que les ressources marines puissent se régénérer. À Nice, plusieurs engagements seront annoncés en matière de commerce international, de transport maritime, de tourisme et d’investissement.

Enfin, Nous devons accroître notre connaissance de l’Océan et mieux la diffuser. Aujourd’hui, nous sommes capables de cartographier la surface de la Lune ou celle de Mars, mais le fond des Océans nous demeure inconnu. Ils recouvrent pourtant 70 % de la Terre !

Nous sommes convaincus de l’engagement actif du Bénin à cette occasion, compte tenu de l’importance des enjeux maritimes pour le pays, qu’ils soient d’ordre écologique, économique ou institutionnel.

Ces enjeux apparaissent clairement lorsque l’on se rappelle que le port de Cotonou est à l’origine de près de

90 % des échanges extérieurs du pays et que La pêche est un secteur clé, représentant 3,5 % du Pib et générant près de 15 % des emplois du pays. Le Bénin a d’ailleurs adopté une stratégie nationale pour l’économie bleue fin 2022, dont la dernière actualisation remonte à février dernier.

À ce titre, un forum sera spécifiquement consacré à l’économie bleue, les 7 et 8 juin prochains, en prélude à l’ouverture de la conférence. Ce « Blue Economy and finance » Forum se tiendra à Monaco en présence des présidents français et costaricien et du Prince Albert II de Monaco.

Il concentrera les entreprises actrices du financement dans le but de catalyser des initiatives pour atteindre les cibles de l’Odd14 qui porte sur la conservation et l’utilisation durable des océans.

L’Union européenne accompagne la montée en puissance du Bénin dans le domaine maritime, en contribuant au financement du Projet ProPort (Projet d’Appui au Développement du secteur Portuaire) qui promeut l’économie bleue au Bénin. La France se tient aux côtés du Bénin pour contribuer à la sécurisation de ses espaces maritimes, notamment dans la lutte contre la pêche illicite.

Ainsi, face au changement climatique qui s’accélère et à la surexploitation des ressources marines, l’Océan n’est pas un enjeu parmi d’autres. C’est l’affaire de tous. La remise en question du multilatéralisme ne doit pas nous faire oublier notre responsabilité commune. L’Océan est un lien universel, il est au cœur de notre avenir.

Ensemble, nous pouvons faire de l’Unoc3 un tournant majeur pour nos peuples, pour les générations futures et pour notre planète.