La Nation Bénin...
La pandémie du VIH est une épidémie face à laquelle les femmes sont plus exposées. Une situation assez préoccupante, dans la mesure où sa propagation envahit beaucoup plus cette couche, porteuse de vie. En la matière, le travail des médiatrices reste indispensable en ce sens qu’elles demeurent des actrices incontournables pour une riposte efficace contre la pandémie. Mais elles ne sont pas souvent bien loties.
Si la discrimination a souvent frappé les femmes dans bien de secteurs, ce facteur est de plus en plus réduit en ce qui concerne la riposte contre le VIH/SIDA. Et ceci, grâce aux médiatrices qui font un véritable travail psychologique sur les personnes infectées. Leur apport s’apprécie surtout par rapport aux femmes et aux gestantes séropositives.
Les médiatrices sont tapies dans l’ombre, mais elles sont très actives sur le terrain de lutte contre le mal du siècle, notamment en ce qui concerne le volet ‘’Prévention de la transmission de la mère à l’enfant (PTME)’’. Elles sont des actrices de lutte de classe exceptionnelle dans la riposte contre la pandémie. Ce sont elles qui usent de toutes les stratégies utiles pour porter l’information à la connaissance des femmes qui sont touchées. Elles sont pratiquement au devant de la lutte, tant leur contribution est indispensable pour une réponse appropriée contre le VIH.
Rejetées sexuellement, malmenées par leurs conjoints, peu écoutées parfois de certains acteurs de lutte, les femmes séropositives sont fort heureusement la priorité des médiatrices qui sont à la fois, leurs conseillères et éducatrices, œuvrant aussi pour la sauvegarde des couples.
Les données au plan national indiquent qu’environ «sept cent femmes enceintes séropositives vivent à Cotonou». Dans cette proportion, il y en a qui abandonnent le suivi médical, faute d’un accompagnement suffisant de leurs conjoints, de la stigmatisation ou encore de la discrimination dont elles font l’objet au sein de la société, a expliqué Baï Abatti, médiatrice. C’est grâce à leur contribution, soutient-elle, que les femmes séropositives qui fuient par exemple leurs centres de dépistage initiaux pour d’autres centres de santé sont récupérées.
Promouvoir le travail des médiatrices
Bien que jouant un rôle primordial dans la riposte contre le VIH, le manque suffisant de moyens reste cependant un obstacle à l’apport de ces ressources humaines en vue d’une mise en œuvre efficace de la lutte contre le Sida et au volet ‘’Prévention-transmission de la mère à l’enfant’’.
La lutte contre la maladie du siècle et pour la promotion de la PTME suppose de ce fait, la nécessité pour les pouvoirs publics de dégager des ressources budgétaires internes nécessaires afin de permettre aux médiatrices de faire efficacement face aux défis qui s’imposent à elles.
Dans la chaîne des ressources humaines pouvant permettre de conserver les acquis enregistrés, on retrouve encore ces ‘’intermédiaires’’ qui interviennent sur les sites de prise en charge. Malheureusement leur condition laisse à désirer et ne leur garantit pas un meilleur avenir, étant donné que leur statut professionnel est moins sécurisé et évolue au gré des financements mobilisés dans la lutte contre le VIH, se plaignent quelques unes d’entre elles. Du coup, elles peuvent se retrouver du jour au lendemain abandonnées à leur sort, car n’ayant aucune garantie sur le plan professionnel, font-elles remarquer.
Cette situation les contraint à émettre beaucoup de réserves sur les données dont elles disposent, rendant ainsi la tâche difficile aux journalistes en quête d’information sur le VIH. Ne pas garantir un statut professionnel rassurant aux médiatrices constitue un des facteurs susceptibles d’anéantir les efforts en matière de la PTME.
Ecourager les médiatrices
Afin de régler un problème structurel dans le temps, il est important que le ministère de la Santé puisse se pencher véritablement sur leurs statuts professionnels. Encourager le travail des médiatrices est l’une des équations à résoudre pour l’atteinte des objectifs fixés dans le cadre de la PTME. Lesquels objectifs ambitionnent, entre autres, de réduire à au moins 5% d’ici à 2015, les nouvelles, infections liées au VIH de la mère à l’enfant. Il urge de trouver une solution définitive pour garantir plus de chances à ce personnel qui assure l’accompagnement psycho-social des personnes vivant avec le virus, notamment des femmes enceintes séropositives.
De nouvelles stratégies doivent être élaborées pour améliorer les conditions de travail des médiatrices en vue de meilleurs résultats à l’heure du bilan. Les objectifs assignés à la PTME ne seront totalement atteints que lorsque tous les acteurs impliqués dans la lutte bénéficieront aussi de certains privilèges, conditions sine qua non pour leur engagement total à la cause.