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Rémi Sounouvi, chef personnel de HZL:«Les différentes mesures de contrôle renforcent les performances du système de santé»

Santé
Par   Eric TCHOGBO, le 18 févr. 2015 à 06h41

Dans le cadre de la mise en œuvre du Programme de renforcement de la performance du système de santé à travers le Financement basé sur les résultats, les bailleurs de Fonds comme la Banque mondiale, le Fonds mondial et la Coopération belge ont initié des mesures de contrôle et de vérification des résultats. Le contrôleur des services financiers, chef personnel de l’hôpital de zone de Lokossa-Athiémé (HZL), Rémi Sounouvi évoque ici l’importance des mesures de contrôle.

La Nation : En quoi les mesures de contrôle sont-elles une nécessité ?

Rémi Sounouvi : A l’avènement du Financement basé sur des résultats (FBR), les agents de l’hôpital de zone de Lokossa-Athiémé comme ceux des hôpitaux de zone pilotes retenus par le projet, bénéficient des primes de motivation. L’octroi de ces primes n’est pas automatique. Il répond à des grilles définies par le bailleur. La Banque mondiale a ses grilles de qualité qu’il faut respecter. Ce qui a fait que les agents de santé en respectant ces grilles ou ces normes envers les patients produisent des résultats qui sont payés. Pour la répartition des primes, la Banque mondiale a voulu que 50% aille au personnel et les 50% restants au fonctionnement du centre de santé ou l’hôpital de zone. Les agents de santé bénéficient de ce pourcentage en fonction de la qualité et la quantité de travail abattu.

Les 50% dont vous parlez servent à motiver les agents de santé pour un meilleur rendement. Pensez-vous qu’on a besoin d’une telle mesure avant qu’ils ne donnent le meilleur d'eux-mêmes ?

On doit contrôler les agents de santé parce que celui qui investit et qui souhaite un changement de comportement a besoin de contrôler ces agents. Ne pas le faire, c’est faire preuve de légèreté. Car, ce n’est pas l’argent seulement qui importe au niveau de ce programme. Mais plutôt le respect des normes exigées au profit des patients. Au nombre de ces normes, on peut noter : l’accueil, car, la manière dont l’agent de santé reçoit le malade lui donne déjà 50% de satisfaction avant son traitement. Ensuite la prise de renseignements chez le patient est aussi importante pour son suivi. Car, les renseignements sont très nécessaires de sorte que le bailleur n’ait pas besoin de se gêner pour avoir des informations. La fiche doit comporter toutes les données exigées par la Banque mondiale. Ce qui veut dire que la manière de noter ces données est aussi prise en compte.
Je peux vous dire brièvement que nous avons deux méthodes de contrôle. Nous avons les relais communautaires qui nous permettent d’avoir le retour de la qualité des soins administrés aux patients. Ils ont pour rôle de contrôler ce qui ne va pas. Les résultats de leur contrôle sont fournis à l’assistant technique qui est appelé à venir contrôler ce qui se fait au sein de l’hôpital de zone. Je voudrais dire que l’assistant technique est là pour le contrôle au niveau de l’hôpital alors que les relais communautaires font leur contrôle au sein des populations.
Il y a d’autres formes de contrôle comme le contrôle des tests de diagnostic positif par le contrôleur de zone. Il consiste à vérifier que les cas déclarés ont bien été des tests positifs. Ainsi le contrôleur de zone vérifie le nombre de tests positifs ainsi que la conformité entre les numéros de référence des tests qui doivent être inscrits dans les registres et les stocks des tests utilisés.

Il y a dix ans, les centres de santé étaient insalubres mais aujourd’hui, on sent une certaine propreté. S’agit-il aussi d’une exigence de FBR ?

L’hygiène est une exigence du FBR. Car, un centre de santé n’est pas un dépotoir où l’on peut tout déverser. Il faut savoir que dans un centre de santé, il y a assez de microbes. Donc un centre de santé est un nid d’infections. Par exemple, les toilettes doivent être propres de même que la cour et l’entretien des salles est une obligation. A cet effet, il est recommandé que ces salles soient carrelées et éclairées. Ce sont là autant d’exigences du FBR. En plus de cela, le ministère a exigé la bonne gestion du temps et un accent particulier est mis aussi sur la ponctualité.
Mais, il y a aussi des revers. Certains indicateurs sont plus cotés que d’autres. Il faut aussi retenir qu’il y a tellement d’indicateurs qu’on ne saurait mettre tous les indicateurs dans la balance. Il se peut que certains agents pour des raisons personnelles et pécuniaires choisissent les indicateurs qui sont mieux cotés au détriment des autres.

Le contrôle est-il le pareil dans les centres de santé et les hôpitaux de zone ?

La mesure et la vérification des résultats, de même que le paiement des primes, sont effectués sur une base trimestrielle.
Le modèle développé est orienté vers l’amélioration du fonctionnement des services et la motivation du personnel de santé. L’évaluation est réalisée par les pairs, à savoir une équipe commise par la Direction départementale de Santé et composée de certains prestataires identifiés sur la base des mérites ainsi que des assistants techniques. Elle est trimestrielle pour les indicateurs qualitatifs, et mensuelle pour les indicateurs quantitatifs. L’évaluation se fait sur la base de 10 indicateurs quantitatifs pour les centres de santé, qui sont aussi soumis à une évaluation qualitative se basant sur la qualité objective des procédures de soins d’une part, et d’autre part sur la qualité subjective mesurée par la perception du client.

Elle est basée sur une check-list administrée aux centres de santé selon des rubriques contenant un total de 92 indicateurs de qualité pour les centres de santé. Les hôpitaux de zone quant à eux sont évalués selon une grille contenant 110 indicateurs de qualité et l’équipe d’encadrement de zone, 49 indicateurs de qualité. Le modèle comporte également une composante communautaire basée sur la satisfaction de la population dans une perspective de contre-vérification. Ces différentes mesures de contrôle renforcent les performances du système de santé.