Ablawa Boko, sociologue spécialiste des questions de mariage et de famille : « L’abstinence est ce qui est bon pour la santé des adolescents et jeunes »
Société
Par
Joel TOKPONOU, le 09 mars 2022
à
14h54
Elle est l’une des voix jeunes mais expérimentées qui s’élèvent pour la pérennisation des valeurs. L’abstinence jusqu’au mariage est l’une de ses convictions. Ablawa Boko, sociologue spécialisée dans les sciences du mariage et de la famille, formatrice et consultante en relation d'aide et responsable du projet "Jeune fille, tu as du prix", explique. Interview !
La Nation : La question est d'actualité. Faut-il rester vierge jusqu'au mariage ?
Ablawa Boko : De manière formelle et catégorique, je réponds « oui ». Il faut l’abstinence sexuelle jusqu’au mariage. D’ailleurs, poser cette question, c'est comme demander s'il faut donner du lait à un bébé jusqu'à ce qu'il soit capable de prendre de la nourriture solide. C'est l'ordre normal des choses.
Comment y parvenir alors avec toutes les tentations auxquelles sont soumis les adolescents et jeunes ?
Nous n'existons pas de nous-mêmes. Le Créateur ou Dieu ou tout autre nom que l'on puisse donner à cet être suprême, nous a créés avec un mode de fonctionnement bien déterminé. La manière dont notre organisme fonctionne est son œuvre. Et sur le plan de la sexualité, premièrement il est important de savoir ce que l'on veut : est-ce que je décide de vivre ou "fonctionner" tel que prévu par mon Créateur ? Si c'est le cas, je sais désormais que chacune de mes autres décisions doit s'aligner sur celle-là qui est la première et la principale.
Deuxièmement, cela a été prouvé que les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs. Ce qui nécessite une prise de conscience sur le fait que les amis devraient être des gens qui encouragent dans cette décision qu’on prend.
Troisièmement, il est utile d'avoir une stratégie pour résister à la pression des pairs. Dans nos activités de formation avec les adolescents et jeunes, nous leur apprenons une stratégie qui permet de s'en sortir lorsqu'on est pressé par ses pairs pour agir contre sa volonté : il faut d'abord donner sa position et donner ses raisons. Ensuite, proposer un plan alternatif à la place de ce que les autres veulent et enfin suivre le plan alternatif qu'on a proposé. C'est une stratégie qui a fait ses preuves chez les adolescents et jeunes que nous encadrons.
Si vous tenez si tant à votre position, c’est qu’elle a des avantages. Parlez-nous-en.
Si je reprends l'exemple du nouveau-né qui doit être nourri exclusivement au lait pendant les premiers mois, c’est pour quels avantages ? C’est parce que c'est ce qui est bon pour sa santé. C'est la même chose pour l'abstinence jusqu'au mariage. L'abstinence sexuelle, c'est ce qui est bon pour la santé de la personne non mariée qui la pratique et ce sur tous les plans notamment de la santé émotionnelle, mentale, spirituelle, physique...
Il ne faut pas croire en ces personnes qui racontent qu'une personne qui n'a pas de rapports sexuels sur une longue période ou à un certain âge peut tomber malade. C'est un faux problème. J’en suis l’exemple patent. Je pratique l'abstinence depuis plus d'une dizaine d'années et je me sens bien dans ma peau. Voilà le premier et principal avantage : le bien-être ! Et qui n'aimerait pas se sentir bien ?
On peut citer d'autres avantages comme le respect, l'honneur qu'on reçoit de la belle-famille quand le mariage est finalement célébré. Cela se passait ainsi dans nos sociétés anciennes où on donnait une dot spéciale à la fille restée vierge jusqu'au mariage.
Il y a aussi les nombreuses maladies sexuellement transmissibles qui détruisent les vies et dont on est à l'abri. Je parlerai aussi d'un dernier avantage pour finir. Il s'agit du fait qu'une relation rompue et dans laquelle il n'y a pas eu d'actes sexuels laisse moins de séquelles. Le fait de pratiquer l'abstinence ne préserve pas des déceptions, au contraire. Toutefois, lorsque la rupture arrive, on repart avec moins de blessures. Dans mon métier de consultante en relation d'aide, j'ai écouté et accompagné des jeunes sur ces questions-là et j'ai eu le temps d'analyser cette grande différence.
Quels conseils pratiques pouvez-vous donner aux adolescents et jeunes sur ce sujet ?
D'abord, je leur dirais de prendre la bonne décision pour leur bien-être. Ensuite, d'éviter les amis ou environnements qui ne les encouragent pas dans la décision de pratiquer l'abstinence. Enfin, de savoir qu'il y a des millions d'adolescents et jeunes qui pratiquent l'abstinence et qu'il y a de l'aide disponible pour eux s'ils sont dans le besoin. Il ne faut surtout pas qu'ils pensent que plus personne ne pratique l'abstinence de nos jours comme les gens ont l'habitude de le dire pour décourager. Ce n'est que pur mensonge.
Pour ceux et celles qui ont déjà eu des rapports sexuels parmi eux, la possibilité existe de revenir sur la bonne voie et de vivre une période d'abstinence totalement épanouie.
Nous sommes conscients qu'avec l'évolution de la société, beaucoup de valeurs (comme la virginité) sont en train d'être abandonnées au profit des choses viles. Toutefois, elles restent des valeurs à promouvoir, peu importe l'enjeu ou le défi qu'elles représentent.