Campagne agricole 2022-2023 : priorité aux cultures vivrières
Société
Par
Désiré C. VIGAN A/R Mono Couffo, le 09 mai 2022
à
10h01
La campagne agricole 2022-2023 a démarré au Bénin, jeudi 28 avril dernier. Le ministre en charge du secteur Gaston Dossouhoui a donné le coup d’envoi sur le site de l’ex-université d’Aplahoué, dans le département du Couffo.
Sous le thème : « Agir efficacement sur les leviers majeurs de l’agriculture béninoise pour relever les défis de la campagne 2022-2023 », le Bénin a sacrifié, jeudi dernier, à la tradition de lancement de sa campagne agricole. La cérémonie s’est déroulée dans la commune d’Aplahoué, sous la coupole du ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, Gaston Dossouhoui. Ceci, dans un contexte mondial marqué par la cherté de la vie ajoutée à la résurgence de la pandémie de la Covid-19 dont les conséquences, au dire du ministre, imposent plus d’initiatives et d’engagement pour assurer à la population l’accès sécurisé à une alimentation suffisante et nutritive. Et si des mesures hardies ne sont pas prises, poursuit-il, les crises qui risquent de fragiliser l’accès des populations aux produits de première nécessité sera également une menace pour leur sécurité alimentaire et nutritionnelle.
Face à ce tableau inquiétant, le Bénin dont la précédente campagne est axée sur la promotion du maraîchage urbain et périurbain, source des produits frais, a décidé de rester dans la même dynamique en priorisant les besoins de consommation des cultures vivrières de ses citoyens. Et les projets concoctés par les gouvernants du pays qui enchaîne des records dans le secteur agricole en disent long sur leur volonté de ne pas se laisser surprendre par une quelconque crise alimentaire. Mais une chose est de monter des projets suivis des moyens nécessaires à leur mise en œuvre, l’autre est l’engagement attendu par l’Etat de ses partenaires du monde agricole. Le ministre Gaston Dossouhoui souligne que « C’est à cette mobilisation que nous exhorte le thème de la nouvelle campagne ».
Leviers
Sur la longue liste des projets, le ministre évoque quelques chantiers majeurs qualifiés de leviers sur lesquels vont s’appuyer les parties prenantes de la campagne agricole pour relever les défis. Il s’agit du Programme national de développement des plantations et de grandes cultures reposant sur un aménagement de 500 000 ha,
de l’accélération de la mécanisation agricole par la formation sur place d’ouvriers spécialisés à l’assemblage, à la facilitation de l’accès des producteurs aux engins. De plus, on parle de la Promotion des techniques et pratiques culturales résilientes au changement climatique et de la mise en place d’un Programme de développement de l’élevage dont l’objectif, à l’horizon 2026, est de limiter les importations des produits animaux et de porter la couverture des besoins en viande, lait et œufs de table respectivement à 70 %, 55 % et 95 %. Font également partie des leviers la mise en œuvre du Projet de sédentarisation des troupeaux des ruminants au Bénin, la poursuite de l’assainissement des plans d’eau par leur dragage pour favoriser une meilleure reproduction des espèces halieutiques et la mise en place d’un Programme de développement de la pêche et de l'aquaculture dont l’objectif, pour 2026, sera de porter le taux de couverture des besoins par la production nationale de 42 % à 60 %, soit une production de 135 000 tonnes dont 40 000 tonnes pour l’aquaculture. A tout cela, il faut ajouter la série de décisions gouvernementales relatives à la stabilisation des prix et les diverses subventions accordées pour l’achat des intrants agricoles.
Par ailleurs, le ministre a remis à ses proches collaborateurs sur les lieux de lancement de la campagne agricole 2022-2023, des lettres de mission avec des objectifs précis à atteindre au terme de la campagne. Les concernés sont les directeurs départementaux et les directeurs techniques du ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (Maep).
Appréciant cette série de mesures prises par le gouvernement, le vice-président de la Chambre nationale d’Agriculture du Bénin, Athanase Aguia, retient qu’il revient aux producteurs de jouer leur partition en vue de faire de la campagne une réussite.
A tour de rôle, le maire de la commune d’Aplahoué, Maxime Allosohoun et le préfet du Couffo, Christophe Mègbedji, ont exhorté leurs administrés à donner le meilleur d’eux-mêmes. Les encouragements du ministre et de sa suite aux travailleurs de l’une des grandes exploitations agricoles d’Aplahoué sur leur site dénommé la ferme Wadey, a mis un terme à la cérémonie de lancement de la campagne agricole 2022-2023.
Bilan élogieux
Depuis quatre ans, le lancement d’une nouvelle campagne agricole est l’occasion pour le ministère en charge du secteur ainsi que les organisations professionnelles et les partenaires techniques et financiers de faire le point de la précédente et de prendre de nouvelles résolutions. Au cours de cette séance de travail qui s’est tenue la veille de la cérémonie de lancement de la nouvelle campagne agricole, le ministre Gaston Dossouhoui fait savoir que les résultats sont globalement satisfaisants. A cet effet, il relève une hausse de 5,8 % de la production des céréales, l’accroissement de 7,4 % de la production des légumineuses et un engouement particulier des producteurs pour le soja dont la production s’est accrue de 14,7 %. De même, pousuit-il, la production des racines et tubercules s’est accrue de 1,4 % et les cultures maraîchères ont augmenté de 2,3 %.
S’agissant du coton-graine à la date du 20 avril 2022, ajoute le ministre, 762 629 tonnes ont été déjà réceptionnées, pendant que 1 742 tonnes sont encore en attente dans les camions devant les usines. Au dire du ministre, certaines communes ont encore des tonnes de coton-graine non encore évacuées. En intégrant ces quantités, projette-t-il, le Bénin a de fortes chances de terminer la campagne à 764 800 tonnes.
En matière de production animale, Gaston Dossouhoui révèle que le pays enregistre 1,2 % d’augmentation de la production de viande, 2,6 % pour le lait, 3,2 % pour les œufs de table. En ce qui concerne les filières halieutiques, poursuit-il,
la production nationale de poisson a connu une baisse conjoncturelle de 6,7 % largement imputable aux effets de la crise sanitaire de la Covid 19.
Cependant, rassure-t-il, plusieurs actions sont engagées afin de redresser la pente. Entre autres, il rappelle les opérations d’assainissement des plans d’eau, la réhabilitation des écosystèmes aquatiques par l’installation de neuf réserves biologiques et l’installation de 55 agents recrutés au profit de la Brigade de surveillance des plans d’eau. Ces investissements, selon le ministre, contribueront à renforcer un peu plus la position de puissance agricole à laquelle le Bénin aspire. « Notre pays, sous le leadership du président Patrice Talon, a démontré de par les résultats élogieux des dernières campagnes, sa capacité soutenue à faire de l’agriculture le véritable moteur de son économie, la garantie de son autosuffisance alimentaire et nutritionnelle et une source incontestable d’approvisionnement en produits vivriers des pays de la sous-région », insiste le ministre Dossouhoui.