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L’empereur Chabi Naïna III, les rois, princes et princesses de l’ère culturelle baatonu et boo invités à jouer leur partition[/caption]La cour royale de Nikki a servi de cadre, vendredi 6 juillet dernier, à une séance de plaidoyer en vue de l’engagement et de la mobilisation des têtes couronnées du Bénin à la campagne tolérance zéro au mariage des enfants. Une mission conjointe des ministres en charge des Affaires sociales et de l’Economie numérique et du représentant de l’Unicef, s’est rendue dans la localité.
Son altesse impériale Sabi Naïna III, roi de Nikki, a été invité à user de son autorité pour exiger de tous une action plus robuste dans l’ère culturelle baatonu et boo, afin de mettre fin au mariage des enfants. Tel est le plaidoyer fait par le représentant résident de l’Unicef au Bénin, Dr Claudes Kamenga, vendredi 6 juillet dernier à Nikki. Il reste convaincu que sous son impulsion, tous les rois et chefs traditionnels de cette ère culturelle intensifieront leurs efforts pour que d’ici juillet 2019, il y ait zéro enfant fille mariée dans les sphères où ils règnent.
En leurs qualités de dépositaires des valeurs traditionnelles, le préfet du Borgou, Djibril Mama Cissé, estime que ces têtes couronnées et autres leaders traditionnels constituent les canaux les mieux indiqués pour porter l’information au sein des communautés. Il les a exhortés à jouer effectivement leur partition pour susciter l’adhésion de leurs populations et sonner le glas du phénomène qu’est le mariage précoce des enfants.
Pour réaffirmer leur implication dans la lutte contre les violences, abus sexuels y compris le mariage des enfants, une déclaration a été faite par l’empereur de Nikki et l’ensemble des rois et têtes couronnées de l’ère culturelle baatonu et boo.
Sonner le glas du fléau
Il s’agit des rois de Kika, Gamia, Sinendé, Bembèrèkè, Parakou, Banikoara, Kouandé, Kandi, Bagou, Tobré, Kérou, Sandiro et le roi peul.
Conscients de leur rôle de garants protecteurs des droits de leurs populations, ils sont profondément indignés par l’ampleur des violences et les abus sexuels commis sur les enfants, y compris leur mariage, dans les sphères de leur autorité. Ils entendent mobiliser toutes leurs royautés, les membres de leurs cours, les dignitaires et chefs traditionnels, ainsi que leurs populations par rapport à la lutte contre le phénomène, puis prévenir les risques qui y sont liés. En dehors de la protection des enfants à risque, exposés ou qui en ont déjà été victimes, ils sont également décidés à contribuer désormais à la prise de sanctions contre ses auteurs.
En effet, vendredi 6 juillet dernier, il y avait exactement une année que la campagne tolérance zéro au mariage des enfants a été lancée à Parakou. Malheureusement, le phénomène continue d’avoir cours au Bénin, avec une ampleur particulière dans le septentrion. Cette situation, explique le ministre des Affaires sociales et de la Micro-finance, Bintou Chabi Adam Taro, doit interpeller tout le monde et obliger à envisager des stratégies innovantes pour veiller au bien-être des enfants. La nouvelle démarche, a-t-elle soutenu, passe par une mobilisation sociale plus forte, une action concertée et intensifiée de toutes les têtes couronnées. « Conscients de la place que les rois occupent dans la société et rassurés de votre détermination pour la protection de la famille et des enfants, le gouvernement et ses partenaires ont voulu porter à votre connaissance leur cri de détresse », a poursuivi le ministre Bintou Chabi Adam Taro.
Selon son collègue de l’Economie numérique et de la Communication, Aurélie Adam Soulé Zoumarou, le mariage des enfants avant l’âge de 18 ans constitue une entrave au développement du pays. Elle a appelé au respect des textes en vigueur au Bénin, par rapport à l’âge de mariage. A l’occasion, elle a invité les médias à s’engager davantage dans ce combat, en poursuivant la sensibilisation des populations.
Par la voie de son représentant résident au Bénin, l’Unicef a réitéré son engagement aux côtés des autres partenaires à accompagner les efforts du gouvernement dans ce combat. « Quand nous marions nos filles avant l’âge de 18 ans, nous leur volons leur enfance, leur scolarisation et leur chance de réaliser leur plein potentiel », a signalé Dr Claudes Kamenga.
Selon les données statistiques de la direction départementale en charge des affaires sociales du Borgou et de l’Alibori, 132 cas de mariage d’enfants ont été enregistrés en 2017. Au premier trimestre de 2018, 58 cas ont été notés.