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Croissance mondiale : Détérioration des perspectives de développement

Société
Par   Catherine Fiankan-Bokonga, le 25 mars 2022 à 12h23
Un rapport de la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (Cnuced) révise à la baisse ses prévisions de croissance pour l’économie mondiale de 3,6 % à 2,6 % pour 2022. Les pays en développement devraient avoir besoin de 310 milliards de dollars pour assurer le service de leur dette publique extérieure. Certains pays pourraient être entraînés dans une spirale infernale d'insolvabilité, de récession et d'arrêt du développement. Le 16 mars, la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (Cnuced) avait procédé à une évaluation rapide de l'impact de la guerre en Ukraine sur le commerce et le développement. Celle-ci confirmait déjà que les perspectives de l'économie mondiale se dégradaient rapidement, sous l'effet de la hausse des prix des denrées alimentaires, des carburants et des engrais. Elle faisait également état d'une volatilité financière accrue, d'un désinvestissement en matière de développement durable, de reconfigurations complexes des chaînes d'approvisionnement mondiales et de coûts commerciaux croissants. Ainsi, dans un rapport rendu public le 24 mars, la Cnuced confirme que des ralentissements significatifs de la croissance sont attendus dans certaines parties de l'Europe occidentale et de l'Asie centrale, du Sud et du Sud-Est. La Russie devrait connaître une profonde récession. Selon l’agence onusienne, le conflit en cours est susceptible de renforcer la tendance au resserrement monétaire dans les pays avancés, après des mesures similaires qui ont débuté fin 2021 dans plusieurs pays en développement en raison des pressions inflationnistes, avec également des réductions de dépenses prévues dans les prochains budgets. Graves conséquences La Cnuced craint que la combinaison d'un affaiblissement de la demande mondiale, d'une coordination insuffisante des politiques au niveau international et de niveaux d'endettement élevés dus à la pandémie, ne génère des ondes de chocs financiers qui pourraient avoir de graves conséquences pour les pays en développement. L’organisation met aussi en garde contre le retrait prématuré des politiques de soutien liées à la pandémie au vu des pressions inflationnistes. La nouvelle Secrétaire générale de la Cnuced, originaire du Costa Rica, Rebeca Grynspan, a déclaré que « de nombreux pays en développement ont eu du mal à obtenir une reprise économique dynamique au sortir de la récession de la Covid-19 et sont maintenant confrontés à de forts vents contraires dus à la guerre. Que cela conduise à des troubles ou non, une profonde anxiété sociale se répand déjà ». Flambée des prix Alors que les perturbations liées à la pandémie semblaient se calmer, la crise géopolitique a porté un coup à la confiance dans le monde entier. La guerre exerce de nouvelles pressions à la hausse sur les prix internationaux de l'énergie et des produits de base. Selon le rapport, la flambée des prix des denrées alimentaires et des carburants aura un effet immédiat sur les plus vulnérables dans les pays en développement, entraînant la faim et des difficultés pour les ménages qui consacrent la plus grande part de leurs revenus à l'alimentation. Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a souligné l’importance pour tous les pays de s’unir afin de trouver des solutions car nous faisons face à une crise mondiale. Instabilité des taux de change Les incertitudes générées par la guerre sur les principaux marchés internationaux sont de plus en plus préoccupantes. La volatilité des flux de capitaux, l’instabilité des taux de change et la hausse des coûts d'emprunt, en particulier pour les pays les moins avancés et ceux à revenu intermédiaire, risquent d’entraîner de graves difficultés de paiement de la dette extérieure. Les hausses de taux dans les économies avancées, conjuguées aux mouvements désordonnés des marchés financiers mondiaux, pourraient, selon la Cnuced, constituer une combinaison dévastatrice pour les économies en développement. La volatilité des marchés des matières premières, des devises et des obligations, dans la mesure où les investisseurs recherchent des valeurs refuges, a déjà provoqué une fuite des capitaux et une augmentation des primes de risque sur les engagements financiers des économies en développement. Remboursement des dettes Le Rapport souligne que les besoins du service de la dette publique à court terme constituent une préoccupation croissante. Les pays en développement devraient avoir besoin de 310 milliards de dollars en 2022, soit l'équivalent de 9,2 % de l'encours de la dette publique extérieure à la fin de 2020. Les pays qui semblent vulnérables à un arrêt brutal en raison de la combinaison d'importantes pressions de refinancement et d'un ratio «service de la dette/exportations» élevé sont l’Angola, l’Egypte, la Mongolie, le Pakistan et le Sri Lanka. Décélération économique Les principales économies avancées sont en passe d'inverser les mesures de relance prises pendant la pandémie, en resserrant les taux directeurs, en révoquant les achats d'actifs par les banques centrales et en mettant fin aux programmes de chômage partiel, aux transferts et aux aides aux entreprises et aux ménages. La Cnuced prévient que ces changements vont affaiblir la demande mondiale et freiner la croissance, les investissements étant déjà au point mort dans certains pays. La menace d'une chute encore plus marquée ne peut être exclue si les taux d'intérêts augmentent beaucoup trop rapidement et si le défi climatique est relégué au second plan.