Quels sens peut-on donner aux vacances scolaires ?
Dr Roch Akouègninou : Selon la législation scolaire en vigueur au Bénin, une année scolaire est répartie en trois trimestres de travail entrecoupés de quatre périodes de repos appelées congés et vacances. Ces moments de repos sont prévus dans le calendrier scolaire pour permettre aux apprenants et au corps enseignant de marquer une pause et de faire reposer un peu leurs méninges soumises aux sollicitations régulières de l'apprentissage tout au long de l'année scolaire. La particularité des vacances scolaires est qu'elles se distinguent par leur durée (trois mois) et le fait qu'elles servent de pont entre deux années scolaires. C'est donc une grande période de repos, notamment pour les enfants. Ils ne sont plus contraints de se lever tôt du lit, ne sont plus soumis aux restrictions radicales de sorties entre amis ou aux heures d'études par exemple.
Les vacances sont-elles vraiment indispensables ?
Je répondrais qu’elles sont plus qu'indispensables puisque le cerveau ainsi que l'organisme entier ont besoin de repos par moments. Après être soumis pendant 9 mois à un rythme effréné de stress quotidien, il faut bien que l'organisme se repose et que l'on permette aux enfants de vaquer à d’autres activités. Cela permet d'aérer le cerveau.
Les vacances scolaires peuvent-elles être considérées comme une période de distraction pour les apprenants ?
Oui et non. Oui, parce que c'est un temps de repos et il faut permettre à l'enfant de se relaxer. Non, parce que certains enfants ont tendance à croire que pendant les vacances toutes les restrictions parentales au cours de l'année scolaire doivent être levées. Les vacances doivent obéir à un programme allégé de telle sorte que les enfants ne soient pas totalement déconnectés de leurs cahiers et de leurs livres.
Certes, les parents peuvent leur permettre des sorties entre amis, mais cela doit obéir à une charte de bonne conduite élaborée par les parents et pourquoi pas, par l'autodiscipline des enfants eux-mêmes. Les amis avec qui on sort, le lieu, l'heure, la durée, etc. doivent être connus des parents qui eux aussi doivent échanger avec les enfants pour leur montrer l'importance de ces restrictions, étant donné qu'ils sont toujours mineurs et sous la protection parentale.
A quels types de distractions peut-on alors laisser les enfants s’adonner au cours des vacances ?
D'abord, il faut échanger avec l'enfant et ne pas lui imposer un type de distraction. Il existe une gamme variée d'activités et de distractions auxquelles l'enfant peut s'adonner : les jeux africains/béninois en particulier qui semblent en perdition : le bountu, le ko ko ma da zikpodé, le adji, les jeux de cartes, la lecture, le coloriage…, les activités manuelles. Ils peuvent aussi être inscrits dans un atelier de couture, de coiffure, de mécanique, de peinture... Ce sont des activités que promeuvent aussi les programmes scolaires. Tout ceci a l'avantage d'aider l'enfant à s'orienter plus facilement plus tard. Aujourd'hui, nous devons permettre aux enfants d'éclore leurs talents. Car il y a plusieurs formes d'intelligence (Cf La théorie de l'intelligence multiple de Howard Gardner). Il y a également des programmes télé très éducatifs pour les enfants mais ici, il faut faire attention pour ne pas tomber dans l'excès du temps à passer devant les écrans de télé, de portables, de tablettes et d'ordinateurs. Les parents peuvent amener les enfants à produire les résumés des programmes télé regardés. Ce serait pour les parents qui n'ont souvent pas le temps, de discuter avec eux.
Les parents ont-ils raison d'imposer des restrictions à l'enfant pendant les vacances?
Oui. On ne peut pas tout accepter. Pendant les vacances, beaucoup d'enfants aiment se rendre à la plage pour s'amuser. Lorsqu'on n'est pas sûr de sa présence ou de celle d'un aîné conscient et responsable à leurs côtés, aucun parent ne serait tranquille dans son cœur sachant que son enfant est à la plage. Rappelez-vous, certains enfants y sont allés mais n'étaient plus revenus vivants parce que en voulant mettre le pied dans les vagues de mer, ils se sont vus emportés. Mieux vaut donc prévenir.
Il y a d'autres qui veulent sortir à moto et se balader entre camarades. Dans leurs imprudences sur la route avec le phénomène "zéwé", certains enfants se sont retrouvés sous des véhicules, d'autres se font initier à la consommation des produits psychotropes tels que le tabac, la drogue, l'alcool, voire à la prostitution, etc. Donc on ne saurait tout permettre à l'enfant. Dans cette restriction de liberté, il faut aussi dialoguer avec lui pour qu'il comprenne que c'est sa vie et son avenir que vous protégez. Le parent est un adulte qui doit évaluer ce qu'il peut tolérer ou refuser à son enfant. Dire non à un enfant ne veut pas dire qu'on ne l'aime pas. La vie ne nous offre pas tout. Et le non contribue au développement de la personnalité de l'enfant.
Comment faire accepter sans frustration ces restrictions aux enfants ?
J'insiste sur le dialogue et la communication et leur proposer des alternatives. Le parent peut surprendre l'enfant en lui proposant une sortie en famille au cinéma, à une visite touristique dans un parc animalier ou dans un restaurant pour le féliciter de ses résultats scolaires. Toutes choses qui auront l'avantage de le motiver à travailler plus et à toujours mériter la confiance et l'amitié de ses parents.
Comment faire profiter les vacances scolaires aux enfants?
En ayant un planning de vacances. Entre jeunes et adultes, il faut programmer. Mais surtout avoir du temps de qualité avec les enfants. L'année scolaire est rude avec les emplois du temps rigides. Les parents et les enfants n'ont vraiment pas l’opportunité d'un moment de qualité pour se voir et échanger. Il faut créer la bonne ambiance avec ses enfants. Ce n'est qu'ainsi qu'on bâtit des adultes responsables.