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Travailler sans contrat au Bénin: Que dit la loi à propos de vos droits ?

Société
Cédric Akakpo Cédric Akakpo

Même dans le secteur informel, certains droits sont garantis par la loi. C’est ce qu’explique Cédric Akakpo, professionnel en ressources humaines. Dans cet entretien, il éclaire les travailleurs béninois notamment ceux employés sans contrat sur les recours possibles et les erreurs à éviter.

Par   Cédric Akakpo, professionnel en ressources humaines, le 04 juil. 2025 à 08h26 Durée 3 min.
#droit

Qu’est-ce qu’un employeur informel dans le contexte béninois ?

Un employeur informel, c’est toute personne ou entité qui emploie un travailleur sans le déclarer, sans contrat écrit, sans cotisation sociale, et hors du cadre légal prévu par le Code du travail.

Quels types d’emplois sont le plus concernés ?

Principalement les emplois clandestins, le travail domestique, l’apprentissage traditionnel non encadré, ou encore le travail familial non rémunéré. Ce sont des formes très répandues dans nos économies.

Est-ce qu’un employé sans contrat a quand même des droits ?

Oui, tout à fait. Le Code du travail béninois reconnaît les droits des travailleurs même en l’absence de contrat écrit, dès lors qu’une relation de travail existe. Il y a ce qu’on appelle une relation de travail « de fait ».

Quelles protections leur offre la loi ?

Les droits fondamentaux sont garantis : un environnement de travail sain, la liberté syndicale, la possibilité de s’affilier à la sécurité sociale volontairement. Des programmes comme le Ramu et certaines mutuelles offrent aussi des couvertures complémentaires.

Quels abus sont les plus fréquents ?

Les salaires impayés, des horaires excessifs, l’absence de repos, le harcèlement, les licenciements abusifs, et surtout l’absence totale de protection sociale. Ces abus touchent beaucoup d’apprentis et de travailleuses domestiques.

Que faire en cas d’abus ?

Il est possible de porter plainte auprès de l’Inspection du travail, de saisir le tribunal, ou de demander l’appui de syndicats ou d’Ong. Cela dit, beaucoup hésitent encore à dénoncer ces abus, par peur ou par méconnaissance de leurs droits.

Quels recours existent concrètement ?

La conciliation gratuite via l’Inspection du travail est un premier pas. Il est aussi possible de passer par le tribunal du travail. Des Ong et syndicats offrent parfois une aide juridique ou un accompagnement.

Existe-t-il des structures dédiées à leur accompagnement ?

Oui. Outre l’Inspection du travail, certains syndicats informels, Ong, programmes comme le Ramu, ou encore les médias, jouent un rôle important de sensibilisation et d’accompagnement.

Quels conseils pouvez-vous donner à ceux qui travaillent sans contrat ?

Je leur conseille de conserver toutes les preuves de leur activité (messages, photos, témoignages), de demander un contrat même simple, de s’informer, de refuser les abus, et surtout de se rapprocher de structures d’appui.

Est-ce risqué de porter plainte ?

Cela peut l’être. Des représailles sont possibles. Il faut donc bien évaluer la situation, rassembler ses preuves, demander conseil à un syndicat ou une Ong, et commencer si possible par une conciliation.

Même sans contrat, vous avez des droits. Les ignorer, c’est vous exposer à l’exploitation. Les connaître, c’est déjà commencer à se protéger.