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Face aux inégalités du genre liées à la Covid-19 : Envisager des mesures sans précédent

Société
Par   Maryse ASSOGBADJO, le 11 févr. 2022 à 14h50
Les inégalités du genre dans le cadre de la crise sanitaire mondiale vont bien au-delà des effets néfastes de la maladie. Elles peuvent être réduites grâce aux stratégies politiques, et surtout à la volonté des plus nantis. La Covid-19 fait des riches dans le monde mais crée aussi des inégalités au détriment des femmes. Ce constat émane d’Oxfam international. Dans un rapport publié en janvier dernier, l’Ong pointe les écarts du genre en raison de la crise sanitaire mondiale. « L’augmentation des inégalités économiques, de race et de genre, ainsi que les inégalités entre pays, fragmentent notre monde: une ‘’violence économique’’ s’opère lorsque les choix de politiques structurelles sont faits pour les personnes les plus riches et les plus puissantes. Ces choix nous affectent toutes et tous, en particulier les personnes les plus pauvres, les femmes et les filles», analyse-t-elle. Tout en développant une vue plus large des inégalités du genre, elle souligne qu’au moins soixante mille femmes meurent chaque année des suites de mutilations génitales féminines ou sous les coups de leurs partenaires. Les écarts, fait observer l’Ong, prennent également en compte les problématiques de la faim et de la crise climatique. « La faim tue a minima plus de 2,1 millions de personnes chaque année. Elle est l’une des façons dont la pauvreté tue, et des milliards de citoyens ordinaires dans le monde y sont confrontés chaque jour. Partout dans le monde, les personnes les plus pauvres meurent plus tôt que les autres », renseigne le rapport. S’agissant de la crise climatique, elle pourrait faire 231 000 victimes par an dans les pays pauvres d’ici 2030. « Les gouvernements des pays riches doivent financer entièrement l’adaptation au changement climatique et soutenir les mécanismes de pertes et préjudices nécessaires pour surmonter la crise climatique et créer un monde sans énergie fossile ». Agir D’où la nécessité pour tous d’agir, car avertit Oxfam international, personne n’est à l’abri de ces inégalités : « Les inégalités sont invariablement néfastes pour tous. Elles ont un impact négatif sur quasiment tous les aspects de la vie et sur tout espoir de progrès pour l’humanité. Des inégalités en hausse engendrent plus de criminalité, de malheur, de méfiance et de violences. Cela rend inatteignable l’objectif d’éradiquer la pauvreté dans le monde ». Des portes de sortie existent avec la volonté des nations riches. « Les pays riches peuvent soutenir leurs milliardaires du monopole pharmaceutique et faire des réserves de vaccins pour protéger leur population…», propose l’Ong. Les gouvernements doivent fournir un double effort en faveur des soins sociaux de base pour réduire les fossés. «Tous les gouvernements doivent investir dans des politiques publiques fortes et éprouvées pour sauver des vies et investir dans notre avenir. La pandémie doit déboucher sur des soins de santé universels de qualité, financés et dispensés par les pouvoirs publics et sur une protection sociale universelle garantissant une sécurité des revenus pour tous », préconise le rapport. Mieux, des lois réalistes contre les violences apporteraient un coup d’accélérateur à la lutte contre les inégalités : «Les gouvernements doivent investir pour mettre fin aux violences basées sur le genre par le biais de programmes de réponse et de prévention en abolissant les lois sexistes et en soutenant financièrement les organisations de défense des droits des femmes ». Aussi, les politiques doivent opérer des choix en fonction de notre temps. «Les gouvernements doivent élaborer des stratégies ambitieuses adaptées au 21e siècle, promouvoir activement une plus grande égalité économique et tendre vers l’égalité raciale et de genre en s’appuyant sur des jalons explicites, mesurables et assortis de délais », insiste Oxfam international.