Impacts de la Covid sur l’apprentissage dans les écoles : Plusieurs pays menacés, le Bénin a anticipé
Société
Par
Joel TOKPONOU, le 11 févr. 2022
à
12h16
Un billet publié sur le site de la Banque mondiale révèle des menaces sur l’apprentissage dans les écoles du fait de la Covid. Mais les mesures prises par le Bénin le mettent plus moins à l’abri de ces risques.
Les perspectives sont sombres pour la scolarisation des enfants dans le monde si des actions urgentes et coordonnées ne sont pas menées. Les effets pervers de la Covid-19 obligent. C’est ce que révèle un billet de Indermitt Gill et Jaime Saavedra publié au début de ce mois de février par la Banque mondiale. Selon cette étude, « cette année, les gouvernements du monde entier dépenseront environ 5 000 milliards de dollars pour l’éducation (de la maternelle à la 12e année d’enseignement). S’ils ne parviennent pas à ramener tous les enfants et les jeunes sur les bancs de l’école, à les y retenir et à regagner le terrain perdu sur le front des apprentissages fondamentaux, cette génération d’élèves risque de subir des pertes de revenus équivalentes au double, voire au triple de ce montant ». En fait, un bilan réalisé à la fin de l’année 2021 montre que, le nombre de jours d’école perdus dépassait largement 200, soit l’équivalent d’environ une année scolaire et demie. Cette interruption prolongée des cours pourrait avoir de graves effets à long terme, en particulier dans les pays à revenu intermédiaire et les pays pauvres. « Manquer l’école pendant si longtemps, cela signifie cesser d’apprendre, mais aussi oublier beaucoup de ce que l’on a appris auparavant», estime le billet.
De manière particulière, il est constaté que ce sont les enfants issus des familles les plus pauvres et des zones reculées qui subissent les pertes les plus importantes, car ils n’ont guère la possibilité de poursuivre leurs apprentissages à distance. L’accès à internet étant très limité. « La moitié seulement des élèves des pays à revenu intermédiaire et un dixième dans les pays les plus pauvres sont en mesure de se connecter au web. Certes, le recours à la télévision et à la radio a permis de faciliter les apprentissages, mais il ne peut se substituer à l’enseignement en présentiel. «Apprendre ne peut se résumer à regarder la télévision ou écouter la radio quelques heures par jour...», indique le billet publié sur le site Internet de la Banque mondiale. Face à ces réalités et au constat que les classes rouvrent déjà avec une relative maîtrise de la pandémie, il urge d’agir. L’étude propose des solutions.
Place à l’action
Le billet propose des possibilités pour éviter l’hécatombe à l’école dans le monde entier, notamment dans les pays à revenu intermédiaire et les pays pauvres. « Si 1,5 milliard d’enfants étaient de retour en classe, 300 millions n’étaient pas encore en mesure de réintégrer leurs établissements dans de bonnes conditions de sécurité. Ces chiffres ont encore évolué depuis le début de l’année, dans le sillage de la déferlante du variant Omicron», rapporte l’étude. Ce qui rend plus pressantes les actions.
D’abord, recommande le billet, il faut « rouvrir les écoles dans de bonnes conditions de sécurité». Certes, l’éducation par les médias tels que la télévision et la radio n’est pas inutile mais l’école par essence est sociale et doit faire intervenir des interactions en permanence.
Ensuite, il s’avère nécessaire d’investir dans l’éducation à distance. Car les résultats de l’évaluation de cette pratique d’apprentissage lors de la période cruciale de la pandémie de la Covid ne sont pas reluisants. A en croire le billet d’Indermitt Gill et Jaime Saavedra, « la pandémie a montré que les innovations pour des formes hybrides d’apprentissage — combinant enseignement présentiel et à distance grâce à une utilisation intelligente des technologies numériques — sont là pour rester. Il faut néanmoins veiller à accompagner les investissements dans la technologie et les compétences d’apprentissage ».
Le même billet recommande aux pays de rattraper les «apprentissages perdus » et d’éviter des pertes irréversibles. « L’avenir d’un milliard d’enfants dans le monde est menacé. Nous devons leur permettre de retourner à l’école et trouver des solutions pour remédier aux conséquences de l’interruption des classes », conclut-il.
De gros efforts
Il est vrai que la pandémie de Covid-19 n’a pas épargné l’école béninoise. Mais les gouvernants avaient dans un premier temps résisté à la fermeture des classes. Cette mesure radicale avait été l’option prise aux premières heures de la pandémie par plusieurs pays dans le monde. Faisant montre d’une grande sérénité dans la gestion de la crise sanitaire, le gouvernement béninois, dès que la situation l’imposait, avait ensuite fait l’option de la fermeture des classes pour quelques semaines. Des semaines qui avaient été rattrapées plus tard avant que les élèves n’aillent en vacances. Entre-temps, la réouverture des classes avait été précédée de la mise en place dans les écoles du dispositif de lavage des mains, de l’imposition du port des masques et des tests de dépistage pour les enseignants. Conséquence : l’apprentissage dans les écoles béninoises a été peu perturbé comparativement aux autres pays du monde.