La Nation Bénin...
Le
Bénin est honoré en matière de transparence budgétaire, mais des efforts
supplémentaires restent à faire en termes de participation du public et de
contrôle, d’après la dernière Enquête sur le budget ouvert. Après avoir partagé
les résultats avec les parties prenantes, la Société civile appelle à des
actions hardies à cet effet.
«
La participation publique est une proposition gagnante » pour rehausser les
performances budgétaires du Bénin, clame Social Watch Bénin. Le pays devra
offrir plus d’espaces de participation citoyenne et mettre davantage l’accent
sur la publication des informations et le contrôle des dépenses publiques,
recommande le rapport sur l’Enquête sur le budget ouvert (Ebo 2023).
Les résultats de l’enquête qui couvre 125 pays et prend en compte les données publiées jusqu’au 31 décembre 2022, ont fait l’objet de dissémination à travers un atelier organisé, ce mercredi 5 juin à Cotonou. « A l’issue de cette neuvième édition de l’enquête, le Bénin a fait des progrès qu’il convient de saluer», apprécie Nourou Adjibadé, secrétaire général de Social Watch Bénin. Il salue le ministère de l’Economie et des Finances (Mef) qui a mis en place des espaces de délibération pré-budgétaire, avant d’exhorter les cadres à « ne pas verser dans l’autosatisfaction, car il y a encore des efforts à fournir ».
En
fait, le Bénin se hisse au 1er rang dans l’espace francophone, 2e en Afrique
après l’Afrique du Sud et à la 9e place sur le plan mondial, grâce à un score
de 79 sur 100 (contre une moyenne mondiale de 45 sur 100) en matière de
transparence budgétaire, expose Jean-Pierre Dégué, évaluateur indépendant Ibp
(International Budget Partnership), secrétaire exécutif de Social Watch Bénin.
En
revanche, le pays a du chemin à faire en ce qui concerne les deux autres
composantes de l’Indice du budget ouvert (Ibo). En effet, le Bénin obtient un
score passable de 61 sur 100 au niveau du « Contrôle budgétaire » du Parlement
et de la Cour des comptes et se retrouve 3e en Afrique après l’Afrique du Sud
et l’Ouganda et 36e dans le monde. Plus préoccupant, le Bénin se retrouve dans
le rouge avec un score de 31 sur 100 pour la «Participation du public », avec
un rang de 4e en Afrique et 15e dans le monde.
Pistes de progrès
L’Enquête souligne que le Bénin devrait améliorer l’exhaustivité du Rapport d’audit en y incluant les audits des fonds extrabudgétaires relevant du mandat de la Cour des comptes, ainsi qu’une note de synthèse pour faciliter son appropriation. La Cour des comptes est appelée à publier ses rapports annuels 2022 et 2023 sur son site web et créer des passerelles d’interaction avec les Organisations de la société civile (Osc) dans le cadre de sa stratégie de communication, rapporte M. Dégué. Le gouvernement est prié de faciliter le travail de la Cour des comptes, en faisant en sorte que les ministères produisent et transmettent à la bonne date (le 30 juin au plus tard), les Rapports annuels de performance (Rap) et tous les autres documents nécessaires, poursuit-il.
La
Cour est également invitée à mettre en place des mécanismes formels permettant
au public de l’aider à développer son programme d’audit et de contribuer aux
enquêtes d’audit nécessaires. Toussaint Assogba, au nom de l’institution,
promet « une belle surprise » dans les prochains jours à cet effet.
Le
ministère de l’Economie et des Finances est invité à faire participer davantage
la société civile, dont les communautés vulnérables et sous-représentées, et à
piloter des mécanismes de suivi de l’exécution du budget tout au long de
l’exercice budgétaire avec le public.
Quant
à l’Assemblée nationale, elle devra organiser les audiences publiques avant le
vote des lois de règlements avec les rapports de performances. La députée
Dénise Mahoutin Dègbédji, s’engage à rendre compte à la Commission des finances
et des échanges pour la prise en compte diligente des recommandations■