La Nation Bénin...
Au
Bénin, la production, la distribution et la consommation de l’alcool en sachet
sont désormais interdites par un arrêté ministériel en date du 17 mai dernier.
Cette interdiction a, entre autres, pour but d’endiguer plusieurs fléaux tels
que l’alcoolisme qui sévit dans le rang des jeunes en milieu défavorisé.
«
Qu’il s’agisse du sodabi, des pastis ou certaines liqueurs, ces alcools sont
fabriqués à base d’ingrédients toxiques… La situation la plus alarmante est
celle des enseignants et des jeunes qui se noient dans l’éthylisme
chronique". C’étaient les propos du maire Moussa Abassi à l’occasion de la
marche collective des maires de l’Atacora contre l’alcool frelaté en 2018. Les
dégâts de l’alcool de contrebande généralement de piètre qualité sont énormes
dans le rang des populations notamment dans le nord du Bénin. Les appels de ces
autorités locales et de plusieurs autres institutions pour mettre fin au
commerce de l’alcool contrefait ont fini par payer, quelques années plus tard.
Aujourd’hui, le Bénin peut se targuer, à l’instar de la Côte d’Ivoire, du
Cameroun, du Malawi et du Sénégal d’avoir réussi une telle prouesse.
Junias
Houngan, assistant social chargé des affaires sociales et solidarité au Guichet
Unique de Protection Sociale de Xwlacodji, salue cette décision qui, selon lui,
fera reculer la délinquance juvénile très présente dans cette zone considérée
au plan social comme chaude au même titre que Tokpa hoho, Ginkomey, Joncquet...
Les zones chaudes sont des quartiers à réputation sulfureuse (proxénétisme,
toxicomanie etc). « A Xwlacodji, ce sont les jeunes qui consommaient le plus
ces produits au détriment de leur santé physique et mentale. La majorité de ces
jeunes déscolarisés, désœuvrés ou au chômage, noient leur désespoir dans
l’alcool à vil prix. Déjà avec 100 F Cfa, un jeune pouvait avoir accès à cet
alcool. C’était donc une solution pas coûteuse, à portée de main, et à tous les
coins de rue ». Selon Fernande Adekou, spécialiste en sciences sociales et
santé-parcours enfance famille, cette interdiction vient régler un réel
problème de santé dû à la consommation de ces boissons en sachet dont on ne
maitrise pas les conditions de production et qui sont toxiques pour ceux qui en
consomment. Elle estime que les sensibilisations menées depuis plusieurs années
par les Centres de protection sociale, désormais Guichets uniques de protection
sociale, ainsi que les organisations non gouvernementales, bien qu’ayant
produit leurs effets, ne pouvaient à elles seules mettre un terme à ce fléau.
La décision de l’Etat vient donc à point nommé pour mener convenablement cette
lutte.