Lancement du projet BéniBiz phase II: 22,5 millions d’euros pour des milliers de jeunes entrepreneurs
Société
Par
Josué F. MEHOUENOU, le 18 oct. 2022
à
06h50
Les résultats encourageants obtenus au terme de la première phase du projet BéniBiz ont conduit au renouvellement de cette initiative relative à l’émergence de l’entrepreneuriat au profit des femmes et des jeunes. Vendredi 14 octobre à Cotonou, la deuxième phase dudit projet a été lancée avec des ambitions plus grandes et un impact plus significatif sur les cibles et l’économie.
La deuxième phase du projet BéniBiz lancée, vendredi 14 octobre à Cotonou, couvre la période 2022-2027 et prévoit un appui direct à plus de dix mille entrepreneurs, l’appui aux structures d’accompagnement de l’entreprenariat (Sae), l’appui indirect à plus de cent mille entrepreneurs via les Sae, la formation et le coaching, l’accès aux compétences, aux financements, aux marchés et à l’information. Pour les cinq années à venir, l’écosystème de l’entreprenariat au Bénin est appelé non seulement à des mutations, mais surtout à des résultats pour mieux impacter les jeunes et les femmes qui s’y investissent.
Mounia Mbacke, directrice pays Technoserve, structure exécutante du projet, justifie la célérité qui a caractérisé sa reconduction par les résultats de qualité enregistrés. « C’est surtout un nouveau défi qui s’annonce et une lourde tâche, et l’opportunité d’avoir un impact dans la vie des jeunes et des femmes est une responsabilité que Technoserve ne prend pas à la légère », assure-t-elle. « Nous avons réussi à introduire une nouvelle approche d’appréhension de la problématique de l’employabilité des jeunes, à développer un nouveau modèle soutenu par des outils innovants pour le développement de l’entrepreneuriat et de l’emploi des jeunes au Bénin », appuie la directrice pays. Lueur d’espoir pour cette jeunesse qui a envie de se construire et de construire son pays, salue-t-elle, appréciant l’opportunité donnée par les bailleurs du projet de toucher une cible plus large et plus diversifiée avec des outils et méthodes plus innovants et plus performants à la phase II. Au cours de cette phase, souligne-t-elle, il est envisagé également un transfert effectif de compétences. Aussi, Technoserve entend-elle assurer une internalisation des outils et méthodes en vue de nouvelles solutions à l’employabilité des jeunes.
Un grand bond dans l’entreprenariat
To Tjoelker, ambassadrice des Pays-Bas, l’un des principaux bailleurs du projet, est très émerveillée au terme de la première phase. L’engagement et les prouesses des femmes impactées, leur force de création doublée d’une volonté d’avancer, constituent, selon elle, des points de satisfaction. « Le coaching qui ne vient pas avec des solutions toutes faites mais qui encourage les participants au programme à faire le pas de plus pour avancer » lui donne espoir quant aux impacts de BéniBiz. « La leçon apprise est que les entrepreneurs sont capables d’accroitre leurs revenus et leur volume, juste par l’application de bonnes pratiques techniques et de gestion », souligne l’ambassadrice.
BéniBiz II va innover en travaillant avec les petits commerçants pour avoir la ligne directe avec le marché. Il intègrera des entreprises vertes plus durables avec des services verts, le digital… Selon elle, les résultats de la première phase autorisent une mise à l’échelle de l’initiative. C’est la raison pour laquelle, l’Union européenne, dont elle portait aussi la voix à l’occasion, s’est jointe aux coopérations suisse et néerlandaise pour le financement. Le projet entre totalement dans la vision du Programme d’action du gouvernement (Pag II) et intègre la stratégie multi-annuelle 23-26 de l’ambassade des Pays-Bas, précise-t-elle.
Pour la cheffe du bureau de la Coopération suisse, Elisabeth Pitteloud, les résultats obtenus sont l’aboutissement d’un processus intensif au cours duquel chaque partie a apporté sa part. Elle y voit un grand pas dans la promotion de l’entreprenariat au Bénin et rassure que sa structure accompagnera toujours le Bénin pour un développement inclusif et durable.
Ce qui importe, rappelle-t-elle, c’est de « donner l’espoir de réussite à la jeunesse béninoise » et de l’aider à promouvoir l’émergence d’entreprises performantes pour beaucoup plus d’emplois décents et créateurs de richesse. L’objectif est de rendre les jeunes et les femmes économiquement prospères dans un écosystème fonctionnel, résilient, durable pour le développement effectif du micro et du petit entreprenariat au Bénin.
A son tour, elle se réjouira de ce que la phase I de « BéniBiz ait fait ses preuves avec des résultats formidables surtout en ce qui concerne l’autonomisation des femmes et le leadership féminin »,
préoccupations clés dans tous les engagements de la Suisse au Bénin. Elle note ensuite avec satisfaction la création d’un environnement pour le développement du secteur privé, l’accès au financement inclusif, la promotion et le développement de produits financiers adaptés aux petites et moyennes entreprises…
Résultats encourageants
La première phase du projet a couvert tout le territoire et tous les secteurs d’activité. 5 500 entrepreneurs ont été accompagnés dont 56 % de femmes. L’ensemble de ces entrepreneurs ont pu accomplir une croissance du chiffre d’affaires de plus de 130 % en moyenne. Plus de 50 % des entreprises accompagnées se sont formalisées et plus de dix mille emplois ont été créés et ou consolidés. L’atteinte de ces résultats est le fruit des appuis tant financiers que techniques apportés par les coopérations des Pays-Bas et de la Suisse. Pour la directrice pays de Technoserve, ces deux structures n’étaient pas que des bailleurs, mais surtout des partenaires pour que ces jeunes entrepreneurs créent l’espoir d’un Bénin meilleur et deviennent des entrepreneurs innovants, engagés, solidaires. Avec un budget de sept millions d’euros, l’ensemble des bénéficiaires ont généré un chiffre d’affaires annuel d’environ trente millions d’Euros.
Pour ce qui est de la deuxième phase, le budget est de 22,5 millions d’euros et Technoserve prévoit onze mille entreprises à appuyer avec un effet indirect sur près de cent mille bénéficiaires, souligne président du comité du pilotage du projet et représentant du ministre en charge des Pme. Cela va induire, selon lui, un impact plus significatif que la première phase.
En plus d’être sidéré par les résultats de la première phase, il se réjouit de la reconduction de l’initiative à travers cette deuxième phase dont le lancement était très attendu.
« Les défis du gouvernement sont énormes dans un contexte où le chômage touche 60 % des jeunes entre 15 et 34 ans et où 90 % des acteurs économiques sont dans l’informel », note-t-il. Lequel gouvernement fait des efforts pour répondre à ces défis à travers des initiatives qui permettent à beaucoup de jeunes et de femmes de trouver leur place dans la société.
« Les Pme demeurent le levier de la croissance économique par leur capacité à créer de la richesse et de l’emploi » et se présentent comme une réponse parfaitement structurée et en lien avec les objectifs d’accélérer la croissance des entreprises pour la dynamique nouvelle de l’écosystème », reconnait le président du comité de pilotage. La deuxième phase du projet entend également impliquer dans le septentrion un nombre important de jeunes inactifs.
« Un focus sera mis sur le Nord où les jeunes ont besoin d’espoir et de perspective pour contribuer à la lutte contre l’insécurité… et l’extrémisme violent qui commence par devenir réalité à cause de la vulnérabilité des jeunes », ont estimé la plupart des intervenants.