La Nation Bénin...
Les scarifications, des marques autrefois portées,
fièrement, se font de plus en plus rares. Cette disparition constitue la perte
d'un patrimoine identitaire au Bénin.
Plus que de simples cicatrices, les scarifications
représentent toute une ethnie et raconte toute une histoire. Mais au constat,
elles se sont plus rares avec la montée de la nouvelle génération. Ainsi, ce
patrimoine risque de ne plus exister malgré toute son importance.
Pour Dr Florentin Kocou, socio-anthropologue et
enseignant chercheur à l’Université d’Abomey-Calavi, il est plus adéquat de
nommer les scarifications par le thème « marques identitaires ». Ces signes
renforçaient les liens de l’individu qui les porte avec sa communauté. En
dehors de leur valeur socioculturelle, explique-t-il, l’application de ces
marques suit un rituel précis. Elles établissent un lien profond avec le monde
spirituel.
Face au recul de cette pratique, Dr Florentin Kocou
nuance que l’application de ces cicatrices raciales se fait toujours mais
beaucoup plus dans les localités reculées du Bénin. Ce qui les rend peu
fréquentes.
Pour plusieurs citoyens, les cicatrices raciales ne sont
plus un signe spécial ou une façon de montrer son groupe sociologique. Au
contraire, cela devient une vieille mode, parfois un obstacle qui empêche de
bien s'intégrer dans la société. Romain Anangonou, étudiant à l’Université
d’Abomey-Calavi, se réjouit d’en avoir été exempté. « Je remercie Dieu pour ne
pas avoir eu cela sur mon visage. J’ai même horreur de voir ces marques sur le
visage de certaines filles. Il serait très compliqué pour moi de me mettre avec
une fille qui en possède », fait savoir l’étudiant.
Ainsi, les porteurs de cicatrices sont sujets de
moqueries, de discriminations ou d’incompréhensions. Nombreux sont ces jeunes
portant ces marques identitaires qui s’en plaignent. Certains estiment que les
marques gâchent leur beauté. D’autres confient qu'elles les empêchent de nouer des
relations sérieuses, qu'elles soient sociales, amicales ou amoureuses. Ces
marques, autrefois sources de fierté, deviennent donc un fardeau dans un monde
où l’apparence physique tient une place importante. Certains les considèrent
comme inutiles dans la société actuelle.
Malgré ce rejet croissant, ces marques identitaires ne perdent pas pour autant leur valeur. Afin de préserver la tradition sans imposer les cicatrices aux enfants, certaines familles ont trouvé des alternatives symboliques aux pratiques d’antan. Dans ces foyers où la tradition est encore respectée, il ne s’agit plus nécessairement d’inciser la peau, mais de conserver l’esprit du rite à travers d'autres formes de transmission culturelle. Les scarifications restent un patrimoine immatériel riche à étudier, que ce soit du point de vue anthropologique, sociologique, esthétique ou historique.