La Nation Bénin...
Les
lauréats du concours des meilleures productions de presse sur des faits de
corruption ont été distingués, mardi 10 décembre à Cotonou. Initié dans le
cadre du programme Particip au Del (2021-2024), le concours vise à favoriser,
au sein des médias, la culture de l'investigation sur les pratiques de
corruption. Il en est à sa deuxième édition.
Sur
l’axe Parakou-Kabo, dans la partie septentrionale du Bénin, les transporteurs
sont exaspérés par la multitude de taxes dites douanières, payées sans
explication ni contrepartie. Exorbitantes et illégales, ces taxes qui
disparaissent dans la nature sans emprunter le canal des caisses publiques ont
retenu l’attention de Jacques Degbey, journaliste à la radio Fraternité Fm
Parakou. Il y a consacré une investigation dans le cadre des meilleures
enquêtes des médias sur la corruption. Son reportage a séduit le jury et lui a
valu le premier prix dudit concours, organisé par l’Ong Alcrer et ses
partenaires opérationnels du programme PartiCiP au Del (Social Watch Bénin et
Vng International). Mardi 10 décembre, devant organisateurs, responsables
d’associations de médias, conseiller à la Haute autorité de l’audiovisuel et de
la corruption et acteurs de la lutte contre la corruption, son trophée et un
chèque-récompense de cinq cent mille francs Cfa lui ont été remis. Le deuxième
prix du concours est allé à Joël Sekou du quotidien privé Le Progrès.
«Recrutement au Bénin : le juteux business des arnaqueurs ». C’est la
publication qui lui vaut sa distinction constituée d’un trophée et d’un chèque
de trois cent mille francs Cfa. Le reporter a plongé sa plume dans l’univers
des faussaires qui, à travers publications de fausses offres d’emploi au nom de
grandes sociétés, harcèlement sexuel, abus de fonction, escroquerie se la
coulent douce sur le dos des demandeurs d’emploi. Des sommes importantes sont
souvent payées à ces pseudo-recruteurs sans aucune suite favorable. « Au Bénin,
un mauvais vent souffle sur le recrutement dans les secteurs public et privé
avec des jeunes demandeurs d'emploi floués qui réclament justice contre leurs
bourreaux », tranche le reporter dans son enquête.
Le
troisième et dernier prix du concours est allé à l’une des rares femmes en
compétition. Assibavi Amélie Zonmandin de la radio la voix de Tado à
Abomey-Calavi peint la corruption comme le cancer de l'économie et le démontre
si bien dans son enquête qui a convaincu le jury à lui attribuer sa
distinction. La journaliste est repartie avec un trophée et un chèque de deux
cent mille francs Cfa. Martin Vihoutou Assogba, président du comité de pilotage
et de suivi du programme
Particip
au Del et directeur exécutif de l’Ong Alcrer justifie l’initiative de ce
concours par la part importante que peuvent prendre les médias dans la lutte
contre la corruption. « Le journalisme d’investigation est une mesure
préventive contre la corruption», soutient-il. Il est aussi important, selon
lui, de sensibiliser à la menace que constitue par la corruption. Il est aussi,
précise-t-il, un moyen fondamental de lutte contre la corruption et peut aider
les acteurs de la justice à agir contre les auteurs de tels faits. Fort de
cela, il apprécie l’investissement des participants au concours dans un domaine
très peu usité.
Freiner
le fléau de la corruption
Basile
Tchibozo, conseiller à la Haac et représentant le président de l’institution
dira lui, que c’est une initiative à saluer en ce qu’elle engage des actions
fortes contre un fléau qui freine le développement du pays. Il a apprécié le
travail impartial du jury, encouragé les postulants et lauréats. L’initiative
de ce concours, conclura-t-il, réconforte l’actuelle mandature de la Haac qui
milite pour des médias professionnels et entend mettre un point d’honneur aux
formations certifiantes et diplomantes et à la spécialisation. Dorice Djeton,
présidente du jury, tout en rappelant les critères de sélection, note, en
termes de bilan de l’exercice, des sujets intéressants, même s’ils ont été mal
traités pour la plupart. Elle a aussi relevé le caractère peu approfondi des
enquêtes, un style peu adopté à l’enquête journalistique.
Au
cours de cette même cérémonie, les communes de Porto Novo, Sèmè-Podji,
Abomey-Calavi et So-Ava ont reçu officiellement la version citoyenne de leurs
comptes administratifs 2023. Aux mains des populations, ce document permet une
compréhension des budgets communaux, ainsi qu’une lecture claire des
financements des besoins des populations, a soutenu Martin Vihoutou Assogba.
Rachad Toukourou, premier adjoint au maire de Porto-Novo reconnait l’appui au
développement qui se dégage de ce document. « L’initiative est très louable et
nous pousse à rendre le meilleur de nous-mêmes », dira-t-il par ailleurs■