Mise en œuvre de la politique foncière au Bénin : Les dynamiques sociales autour des terres préoccupent les acteurs
Société
Par
Claude Urbain PLAGBETO, le 19 mai 2022
à
11h17
Un atelier national sur la trajectoire des politiques foncières au Bénin s’est tenu, ce mercredi 18 mai, à Cotonou. Organisé avec l’appui du Comité Technique «Foncier & développement», il trace le chemin pour une synergie d’actions entre les acteurs afin de corriger les insuffisances autour de la gestion des terres.
Les conflits autour du foncier en général et ceux entre agriculteurs et éleveurs en particulier sont récurrents et parfois sanglants, en dépit de l’existence du Code foncier domanial, du Code pastoral et d’autres instruments. Face aux défis de sécurisation des terres et de l’agropastoralisme pour la sécurité alimentaire, la stabilité sociale et la sécurité du logement, des experts engagés au service du monde rural, des représentants d’organisations de producteurs, d’éleveurs se sont penchés hier sur les enjeux et les dynamiques sociales dans la mise en oeuvre de la politique foncière au Bénin.
C’est à la faveur d’un atelier sur la trajectoire des politiques foncières au Bénin, co-organisée par le Cercle béninois pour l’environnement et le développement économique et social (Cebedes-Ong), la Plateforme nationale des organisations paysannes et de producteurs agricoles du Bénin (Pnoppa-Bénin), Synergie paysanne (Synpa) et l’Association nationale des organisations professionnelles d’éleveurs de ruminants du Bénin (Anoper), avec le soutien du Comité technique « Foncier & développement » (Ctfd).
« Cette rencontre vient renforcer la dynamique de partage d’expériences déjà en cours entre les acteurs stratégiques du foncier pour aller vers une gouvernance foncière qui tient compte des enjeux de sécurisation du plus grand nombre », apprécie Gaston C. Dossouhoui, ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche. Pour lui, « le caractère multisectoriel de la problématique du foncier rural au Bénin appelle à l’engagement de tous les acteurs, aussi bien en milieu urbain que rural ».
« Mais, cela ne doit pas occulter le caractère vital que représente la terre pour le développement des activités agro-sylvo-pastorales et la nécessité de préserver la vocation de ces terres pour les générations futures », ajoute le ministre.
Outre la pression foncière liée à la démographie galopante et à l’urbanisation anarchique, la marchandisation foncière accrue, la dégradation et la baisse de fertilité des sols, les thésaurisations et accaparements des terres, les inégalités d’accès à la terre entre les hommes et les femmes constituent des enjeux qui nécessitent des approches de solutions durables, souligne Lawani Arouna, président de la Pnoppa-Bénin.
Dialogue et plaidoyer
Au nom des acteurs du monde agricole, M. Arouna plaide pour une meilleure sécurisation des espaces dédiés à l’élevage ainsi que des exploitations agricoles à travers l’obtention des attestations de détentions coutumières (Adc), laquelle pâtit de l’inexistence ou du non-fonctionnement des instances locales de gestion foncière dans certaines localités rurales. La portée des instruments de reconnaissance des droits prévus par les législations et leur accessibilité sont au cœur des préoccupations. Aussi, un plaidoyer sera-t-il mené en vue de la prise en compte effective des droits fonciers des femmes en termes d’héritage des terres dans les zones rurales.
Pour ce faire, l’accent est mis sur la nécessité d’avoir des cadres multi-acteurs d’échanges, de réflexions pour l’atteinte des objectifs de la politique foncière au Bénin et des instruments internationaux de gouvernance foncière tels que les directives volontaires de la Fao, la déclaration de l’Union africaine sur les enjeux et défis fonciers en Afrique. Il est question d’impliquer toutes les catégories d’acteurs : l’administration foncière, les collectivités territoriales, les communautés locales, les organisations de producteurs agricoles, les investisseurs privés, les cabinets de géomètres, les institutions judiciaires ainsi que les institutions de recherche.
Groupe d’échanges et de réflexions sur les politiques foncières dans les pays du Sud, placé sous l’égide de l’Agence française de développement et du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, le Comité technique « Foncier & développement » entend contribuer au renforcement des espaces d’échanges entre acteurs et à leur mise en réseau aux niveaux régional et international. Cela permettra un dialogue inclusif, le partage d’expertises et d’initiatives porteuses et l’accompagnement des réformes, assure Amel Benkahla, représentante du Ctfd.