Santé sexuelle et reproductive/Vbg : Médecins du monde Suisse à cœur ouvert avec les parents
Société
Par
Maryse ASSOGBADJO, le 18 mars 2022
à
10h37
Les problématiques de la santé sexuelle et reproductive et la lutte contre les violences basées sur le genre préoccupent Médecins du monde Suisse et l’Unfpa qui ont organisé, ce jeudi 17 mars, au Ceg Ahossougbéta, à Abomey-Calavi, une séance de dialogue parents-adolescents à ce propos. L’initiative était fortement attendue.
Un Bénin exempt de violences, où les filles et les adolescents achèvent leur cursus scolaire sans viol, ni agression sexuelle. C’est le rêve ardent de Médecins du monde Suisse (MdM) Bénin. Il s’y investit à travers différentes initiatives dont des séances de dialogue parents-enfants sur les droits de santé sexuelle et reproductive (Ssr) et la lutte contre les violences basées sur le genre (Vbg).
Ce jeudi, il est allé au contact des réalités du Collège d’enseignement général d’Ahossougbéta à Abomey-Calavi. Dans cette localité, la question de la sexualité est une préoccupation majeure. Plusieurs enfants et jeunes tombent dans les travers par mimétisme ou par manque d’éducation. « Nos filles manquent suffisamment d’éducation et d’informations sur la sexualité. Elles se livrent à toutes sortes de dérives sexuelles dans l’établissement. Si le dialogue parents-enfants était instauré plus tôt, le phénomène serait mieux maîtrisé dans notre localité. Nous remercions MdM pour la qualité des enseignements qu’il nous a donné ce jour », apprécie Dossou Brice Sogbadji, président du bureau de l’Association des parents d’élèves dudit collège.
L’absence répétée des parents à la maison, les conflits entre parents, la consommation des ‘’télénovélas’’, l’utilisation abusive des réseaux sociaux par les enfants, le manque de communication parents-enfants sont, entre autres, les causes qui exacerbent les Vbg et encouragent les prises de risque chez les enfants sur le plan sexuel. MdM veut changer la donne en y associant les parents. Les échanges de ce jeudi visent notamment à montrer aux parents et éducateurs, l’importance du dialogue parents-enfants sur la Ssr en leur donnant les clés pour y arriver.
Les parents, quant à eux, savent désormais qu’ils doivent avoir une oreille attentive pour les enfants, leur inculquer les valeurs socioculturelles et les règles d’hygiène dès le bas âge, contrôler leurs tenues vestimentaires, leur donner la réponse juste quel que soit leur âge, aborder la question de la sexualité avec eux, s’appuyer sur des exemples de réussite….
Suffisamment aguerris
Les participants sont sortis de la séance émerveillés. « Cette formation vient à point nommé, parce que nous en avons tellement besoin pour sensibiliser nos enfants sur la Ssr. Les enseignements et conseils que nous avons reçus nous permettront de prendre le phénomène à bras le corps à Ahossougbéta », promet Dossou Brice Sogbadji.
Si la démarche de MdM et de l’Unfpa n’était pas portée vers le Ceg Ahossougbéta, Philomène Zama Azifan, cantinière dans l’établissement ferait tout pour qu’il en soit ainsi. Elle est un témoin oculaire de la dépravation et des comportements déviants des élèves. « Je ne pouvais mieux souhaiter en ce jour. De ma position, je vois et j’entends beaucoup de choses par rapport à la sexualité des enfants. Le phénomène est criant dans les rangs de filles. Elles nous narguent même lorsqu’on tente d’aborder le sujet avec elles. A partir de cet instant, nous sommes suffisamment aguerris pour mieux jouer notre partition en tant que parents », promet-elle. Le choix de Calavi n’est pas anodin. La commune s’illustre par des cas de viol sur mineures. En 2021, on a dénombré soixante cas au Bénin dont vingt-six dans cette commune seule.
Julienne Agbali, point focal santé de la mairie d’Abomey-Calavi, confirme cette malheureuse réalité. « Notre commune connait la recrudescence des cas de viol. Ahossougbéta bat le record en la matière. Si rien n’est fait, les conséquences pourront être dramatiques sur plusieurs d’autres enfants », alerte-t-elle en saluant l’initiative de MdM et de l’Unfpa. Les questions de Ssr et des Vbg ne sont pas étrangères à Edwige Guèdègbé, chef du centre de promotion sociale de la localité. Son centre y travaille résolument aux côtés de MdM et de l’Unfpa. Elle promet de redoubler d’ardeur avec le concours de ses collaborateurs et d’étendre les efforts à d’autres cibles.
En attendant, les parents sont acquis à la cause de MdM et de l’Unfpa. Ils ont pris l’engagement de sensibiliser leurs pairs à l’importance et la conduite du dialogue parents-enfants sur la Ssr.
On peut se réjouir que les initiateurs ne se soient pas trompés de cible. L’engagement des parents se mesurera à l’aune des avancées significatives par rapport à la Ssr et la lutte contre les Vbg, à Ahossougbéta dans les prochains jours.