La Nation Bénin...
Les
troubles obsessionnels compulsifs (Toc) affectent la vie de milliers de
personnes dans le monde. Caractérisés par des pensées envahissantes et des
comportements répétitifs, ils altèrent profondément la qualité de vie des
individus. Comlan Kouassi, spécialiste des troubles neuropsychiatriques, évoque
cette pathologie et les moyens de la soigner.
Le
trouble obsessionnel compulsif (Toc) est une maladie neuropsychiatrique qui se
manifeste par des obsessions et des compulsions répétitives. Ces obsessions
peuvent être des idées ou des images non désirées, souvent anxiogènes, qui
envahissent l’esprit de la personne. Ces pensées déclenchent des comportements
compulsifs que l’individu adopte dans l’espoir d’apaiser son anxiété. Ce cycle
perturbe non seulement ses activités quotidiennes, mais aussi ses interactions
sociales. « Les Toc altèrent la qualité de vie de l’individu en affectant ses
pensées, ses comportements et ses émotions », explique Comlan Kouassi,
spécialiste de cette pathologie.
Les
compulsions se manifestent par des comportements répétitifs, comme le lavage
excessif des mains ou la vérification constante de la fermeture d’une porte.
Ces comportements, bien que motivés par la peur, deviennent rapidement
irrationnels. « Prenons l’exemple du lavage des mains : la personne a peur
d’être contaminée et se sent obligée de les laver sans cesse, même si cela
devient contre-productif », poursuit Comlan Kouassi. Ces rituels compulsifs
finissent par envahir la vie quotidienne, créant un véritable handicap.
Les
exemples sont variés, mais l’impact est toujours le même. Qu’il s’agisse de
vérifier si un robinet est bien fermé ou de nettoyer sans arrêt une table par
peur de la saleté, le Toc empêche l’individu de mener une vie normale. La peur
d’un malheur à venir ou d’une contamination imaginaire devient le moteur de ces
rituels.
Les Toc peuvent se classer selon plusieurs types. « On distingue souvent les troubles obsessionnels liés à la contamination, comme le lavage excessif, et ceux liés à la vérification », précise le spécialiste. D’autres formes existent, comme les Toc de superstition, où la personne est obsédée par la crainte qu’un malheur ne survienne, ou encore les Toc d’accumulation, qui poussent à conserver des objets inutiles, souvent par peur du manque. Ces troubles ne se manifestent pas de la même manière chez tout le monde. Les enfants, par exemple, peuvent exprimer leur mal-être par des comportements agressifs ou une baisse de performance à l’école, tandis que les adultes se retrouvent souvent prisonniers de rituels précis. « En général, les Toc s’installent dès l’adolescence, vers 14 ans. Malheureusement, ils ne sont pas toujours détectés à cet âge et c’est souvent à l’âge adulte que l’individu consulte», déplore Comlan Kouassi.
Pour
diagnostiquer les Toc, il existe plusieurs tests qui permettent d’évaluer si
les symptômes sont plutôt obsessionnels, compulsifs, ou une combinaison des
deux. « Une fois le diagnostic posé, la prise en charge combine généralement
des thérapies cognitivo-comportementales et une médication appropriée »,
explique le spécialiste. Cependant, dans son cabinet, Comlan Kouassi privilégie
une approche innovante: « Nous avons expérimenté les thérapies narratives
associées à des techniques de libération émotionnelle, comme l’Eft (Emotional
Freedom Technique). Les résultats sont très probants ».
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Comprendre et guérir de la pathologie
Ces
techniques offrent une alternative intéressante aux méthodes traditionnelles,
tout en étant parfois combinées avec des approches cognitivo-comportementales.
L’Eft, par exemple, repose sur une forme de libération des émotions bloquées,
ce qui permet aux patients de mieux gérer leurs compulsions.
À ce jour, la science n’a pas encore identifié de cause précise aux Toc, même si plusieurs hypothèses existent. « Il est probable qu’un facteur génétique entre en jeu, car on observe souvent des antécédents familiaux chez les patients », note Comlan Kouassi. De plus, des études pointent un dysfonctionnement au niveau des neurones. Cependant, rien de concret n’a encore été prouvé.
Malgré
ce flou scientifique, il est clair que les Toc peuvent se soigner. « Oui, cela
se guérit si l’on prend les moyens nécessaires», assure M. Kouassi. Pour cela,
il est essentiel de consulter et de suivre une thérapie adaptée. Même si
certains patients parviennent à vivre avec leurs symptômes, beaucoup trouvent
un réel soulagement grâce aux traitements actuels.
Les progrès réalisés dans la compréhension et le traitement des Toc offrent un espoir aux patients. Les thérapies narratives et l’Eft, par exemple, permettent à de nombreux patients de mieux vivre avec leurs troubles. « La clé réside dans la combinaison de différentes approches thérapeutiques. Chez nous, l’association de l’Eft et des thérapies cognitivo-comportementales a montré des résultats encourageants », conclut Comlan Kouassi.
En
fin de compte, les Toc ne sont pas une fatalité. Avec un diagnostic précoce et
une prise en charge adaptée, il est possible de retrouver une qualité de vie
satisfaisante. Cependant, il reste encore beaucoup à découvrir sur cette
maladie, notamment en ce qui concerne ses causes profondes. Les recherches se
poursuivent et chaque nouveau progrès offre un peu plus de lumière sur ce
trouble encore trop souvent mal compris■