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Vidékon Olivier Amédé Flatin à propos de la filière palmier à huile: « Toutes les communes seront impactées par l'appui du gouvernement… »

Société
Par   Désiré C. VIGAN A/R Mono Couffo, le 17 mai 2021 à 08h36
Les acteurs de la filière palmier à huile sont en campagne de plantation au titre des activités retenues dans le Programme national de développement de la filière validé en juillet 2020. Vidékon Olivier Amédé Flatin, coordonnateur du Programme national de développement de la filière palmier à huile, revient ici sur les objectifs poursuivis à travers cette opération qui en est à sa première édition ainsi que les différents appuis du gouvernement pour encourager les producteurs et les critères d’éligibilité à l’appui gouvernemental.
Dans le cadre de la réforme engagée dans la filière palmier à huile, les producteurs sont conviés à une campagne de plantation. Quels sont les objectifs poursuivis à travers cette opération ?
Vidékon Olivier Amédé Flatin : La campagne de plantation 2021 est initiée au titre de la première année de mise en œuvre du Programme de développement agricole de la filière palmier à huile. La filière a connu la validation de son programme de développement en juillet 2020. Le programme a pour objectif global, à l’horizon 2025, l’amélioration de la performance de la filière avec l’installation d’au moins 25 mille nouveaux hectares de palmeraie, l’amélioration d’au moins 25 % du rendement et l’amélioration de la transformation par la raffinerie, la savonnerie, pour la satisfaction du marché national et celui sous-régional. Dans ce cadre, certains producteurs de palmier à huile sont appuyés par le gouvernement via la coordination du Programme national de développement de la filière.
En quoi consiste cet appui gouvernemental?
Nous avons au niveau des pôles de développement agricole 5, 6, 7 et subsidiairement le pôle 4, des producteurs de palmier à huile. Ils sont dans des communes des départements du Zou et du Couffo pour le pôle 5. Dans les cinq communes du département du Plateau à savoir Kétou, Pobè, Adja-Ouèrè, Sakété et Ifangni pour le pôle 6. Et dans des communes des départements de l’Ouémé, de l’Atlantique et du Mono pour le pôle 7. Sont concernées dans le pôle 4, Djidja, Savalou et quelques zones où l’agroécologie est favorable à la production du palmier à huile. Toutes ces communes seront impactées par l’appui du gouvernement qui consiste en la dotation en plants des producteurs ayant l’intention de mettre en place des palmeraies au cours de 2021. Le mécanisme va consister en ce que l’Etat subventionne de moitié les plants nécessaires pour couvrir la superficie envisagée. Dans le cas d’un hectare à emblaver avec 143 plants, par exemple, l’Etat et le producteur apportent chacun la moitié, c’est-à-dire 75 plants. Au lieu d’aller dans les chiffres à virgule, nous exigeons 150 plants pour un hectare. Les plants supplémentaires permettent, lors des opérations de plantation, de remplacer les pertes qu’il pourrait y avoir. Mais la subvention au cours de cette première année de mise en œuvre du Programme national de développement de la filière palmier va au-delà des plants. Il y a la facilitation et l’accompagnement à l’installation des infrastructures et équipements de stockage au profit des clusters. Pour bénéficier de ces facilités, il faut être un cluster constitué où il y a l’agrégateur avec les agrégés qui sont dans la vente des huiles rouges. Ensuite, comme solution à la contrainte liée à l’eau, nous avons opté pour la mise en place des systèmes d’irrigation rentables et soutenables pour les petits producteurs. L’idée, cette année, c’est d’installer des unités de démonstration. En fonction de la source d’eau qui serait disponible, il y aura des modèles que nous allons vulgariser et mettre à l’échelle. Nous aurons des modèles à installer avec des systèmes solaires, des systèmes pour amener l’eau par gravitation. Nous verrons en fonction des potentialités, des propositions que nous aurons par rapport à chaque territoire. Au niveau de chaque pôle, nous aurons trois unités de démonstration. Il s’agit d’abord d’une unité démonstration sur de jeunes plants, c’est-à-dire juste à l’installation des plants, nous allons installer un système d’irrigation. Ensuite, nous aurons des systèmes d’irrigation pour des plants qui veulent entrer en production. Et en troisième et dernier lieu, nous aurons une unité de démonstration pour les palmeraies qui ont déjà sept ans d’âge. Dans les années 1980, on nous enseignait que le Bénin a une pluviométrie de 1200 mm d’eau de pluie par an. Cette année, avec les changements climatiques, nous n’avons plus ce niveau de pluviométrie. C’est plus bas encore alors que le matériel végétal de palmier à huile dont nous disposons actuellement s’exprime clairement avec une pluviométrie de 1800 mm d’eau de pluie. A cette condition, le rendement optimal va de 25 à 30 tonnes à l’hectare au Bénin.
Quels sont les critères d’éligibilité aux différents types d’aides gouvernementales?
Les critères d’éligibilité sont très simples. Il faut avoir l’intention de faire du palmier au cours de 2021. Vous devrez accepter de vous conformer aux bonnes pratiques de production de palmier à huile, c’est-à-dire les itinéraires techniques doivent être suivis, accepter ou prendre l’engagement de suivre rigoureusement et de vous faire appuyer et contrôler par les cadres de l’Agence territoriale de développement agricole (Atda) et enfin le plus important est d’apporter la contrepartie qui est le nombre de plants devant couvrir la moitié de la superficie que vous avez l’intention d’emblaver. En dehors de cela, les cadres de l’Atda doivent impérativement vérifier si le producteur est propriétaire de la parcelle qu’il met à disposition pour être plantée, ou au moins donner la preuve d’une présomption de propriété.
Comment appréciez-vous le comportement des producteurs par rapport à la campagne de plantation ?
On note globalement que l’engouement est là. Le besoin en plants est plus grand que les prévisions qui sont estimées à cinq mille hectares par an sur les vingt-cinq ans. Dans les communes, beaucoup de plants sont déjà réservés au niveau des pépiniéristes agréés. Et lorsque nous avons fait le tour de la mise en place des graines germées, il ressort que si on contrôle les sorties du territoire national, nous pouvons avoir au moins 6 500 nouveaux hectares de palmiers sélectionnés au Bénin. Mais la campagne de plantation montre que le besoin réel se situe autour de 10 mille hectares. Tout Béninois sait désormais que la filière palmier à huile est d’importance et à forts potentiels de sécurisation des investissements. Tout sur le palmier à huile est richesse. Beaucoup sont en train d’en prendre conscience et les superficies emblavées prouvent que la filière est en pleine renaissance. Nous pensons que la campagne de plantation sera une réussite. Également, cette année, au niveau du Centre de recherche agricole des plantes pérennes, il est prévu de faire des essais multi locaux d’adaptation dans d’autres zones que nous avons toujours estimées non propices au développement de la filière palmier à huile. En ligne de mire, les départements tels que la Donga, le Borgou et l’Atacora pour voir s’il n’y existe pas des zones spécifiques qui ont, au-delà de la pluviométrie, d’autres critères comme l’économétrie pour produire du palmier à huile.