La Nation Bénin...

La cinquième édition de la rencontre trimestrielle des magistrats de la Cour suprême et des juges du fond s’est ouverte, ce jeudi 7 décembre au tribunal de Lokossa, dans le Mono. Organisés grâce au soutien matériel et financier du Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud) et de la Fondation Friedrich Ebert, les travaux de ces assises visent à renforcer les capacités des acteurs du service public de la justice.
La cinquième rencontre trimestrielle des magistrats de la Cour suprême et des juges du fond qui a pris ses quartiers au tribunal de première instance de deuxième classe de Lokossa, veut relever d’un cran la qualité du service public de la justice au Bénin. C’est du moins ce que le président de la Cour suprême, Ousmane Batoko, a laissé entendre à la cérémonie de lancement des travaux de ladite rencontre. Pour lui, chacun des participants doit sortir de ces assises, « outillé pour être, davantage que par le passé, à la hauteur des exigences de probité, d’indépendance, d’impartialité, de dignité et de responsabilité ».
En effet, d’une édition à l’autre, dira le président Ousmane Batoko, la rencontre statutaire se révèle un atout majeur dans le « renforcement des capacités d’intervention des juges du fond et d’une préhension, par leurs aînés, des contraintes et tentatives de tous genres qu’ils assument ». Mais ce succès, ajoutera le président, réside dans le fait que l’essentiel des activités de la rencontre se résume à un dialogue direct entre les juges et leurs aînés, les magistrats de la Cour suprême. Un dialogue qui, à l’en croire, est fait d’échanges sans faux fuyants, sur des sujets de préoccupation touchant au quotidien des acteurs et à l’exercice de l’office du juge.
L’enjeu de cette activité, souligne le président, a trait donc à l’accompagnement pédagogique de chaque magistrat. A l’instar des précédentes éditions, la présente rencontre, assure-t-il, s’inscrit dans la même dynamique de donner aux participants « les outils juridiques et judiciaires » pour qu’ils accomplissent au mieux leur mission en respect des exigences qui caractérisent un l’Etat de droit.
Toutes choses saluées par la représentante du Représentant résident du Pnud, Ginette Camara. A l’en croire, les retombées de la rencontre, dont la promotion des bonnes pratiques aux niveaux des juridictions, sont en harmonie avec les Objectifs du développement durable (Odd). Elle se dit convaincue que la recherche de la cohérence de l’interprétation de la loi aux différents niveaux des juridictions permettra au Bénin d’atteindre l’objectif du point 16 des Odd.
Renforcer l’Etat de droit
A sa suite, le représentant résident de la Fondation Friedrich Ebert, Dr Rudolf Traub, estime, lui aussi, que les rencontres sont utiles pour accompagner les juges dans leur travail de dire le droit. Pour lui, « il n’y a pas de démocratie sans un Etat de droit, ni d’Etat de droit sans un système de justice moderne, forte, efficace, crédible et performante ». Aux acteurs de la Justice, il a renouvelé le soutien de la Fondation Friedrich Ebert. « Nous sommes sensibles aux besoins de réformes du secteur de la justice exprimés et discutés au cours de ces rencontres », a-t-il fait savoir.
Ensuite, place a été faite aux travaux proprement dits de cette cinquième rencontre introduits par une communication portant sur « L’obligation de réserve du magistrat ». Ce thème était déjà abordé au cours de l’audience solennelle de rentrée judiciaire, tenue le 26 octobre dernier à Porto-Novo, rappelle le président de la Cour suprême, Ousmane Batoko. C’est toujours d’actualité tant il touche à la personne et à l’office du juge, indique-t-il. « L’Etat de droit et de démocratie que s’efforce de consolider, au quotidien notre pays, […], s’indigne Ousmane Batoko, ne saurait s’accommoder d’une justice, pour laquelle les médias et les réseaux sociaux deviennent de nouveaux prétoires, pour les débats sur les instructions en cours et les procédures judiciaires pendantes devant les cours et tribunaux. »
« En proposant ce thème, insiste-t-il, le comité scientifique chargé de la préparation intellectuelle de la rencontre a, certainement, voulu voir se poursuivre et s’approfondir les réflexions ébauchées au cours de l’audience ». La rencontre de Lokossa s’entend donc, aux dires du président Ousmane Batoko, comme « le lieu et le moment de débattre du thème, en toute franchise et en toute responsabilité ». Et pour en donner le ton, le président n’a pas manqué de signaler quelques écarts de conduite relevés dans les rangs des acteurs du système judiciaire. Il prévient qu’une justice animée par « des juges trop expansifs » est aux antipodes de l’idéal de justice à laquelle aspire le Bénin. D’autres communications sont prévues pour meubler cette cinquième rencontre trimestrielle qui prend fin ce vendredi 8 décembre.