La Nation Bénin...
Célébrer
l’excellence sur le marché boursier, mais aussi réfléchir à des solutions pour
démocratiser davantage l’accès à la finance. Tel est le double objectif de la
6e édition des Brvm Awards qui a eu lieu à Cotonou les 29 et 30 avril.
Durant
deux jours, acteurs publics et privés ont scruté les défis de l’actionnariat
populaire, au moment où les économies africaines cherchent des leviers
endogènes de financement. La 6e édition des Brvm Awards s’est tenue les 29 et
30 avril à Cotonou. C'est un événement devenu au fil des ans un rendez-vous
incontournable du marché financier régional, réunissant dirigeants
d’entreprises, institutions financières et acteurs technologiques. Le thème de
cette 6e édition s'intitule:
« La cession des parts de l’État dans les entreprises publiques: instrument de promotion d’actionnariat populaire et de financement de l’économie nationale ». Lors de l’ouverture, Edoh Kossi Amenounve, directeur général de la Bourse régionale des valeurs mobilières (Brvm), dresse un bilan chiffré éloquent. « Depuis l’instauration des Brvm Awards, les indicateurs du marché affichent une nette progression. Entre 2020 et 2024, les volumes transigés ont augmenté de 56 %, la valeur des transactions de 87 %, et les actifs sous gestion des Organismes de placement collectif en valeurs mobilières (Opcvm) ont doublé, passant de 624 à plus de 1 500 milliards de F Cfa », a-t-il exposé. Cette dynamique traduit une pénétration croissante de la culture boursière dans les huit pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), avec plus de 300 000 comptes-titres ouverts à fin 2024. Plus révélateur encore, la participation des investisseurs particuliers aux dernières introductions en bourse s’élève à 36 % pour Orange Côte d’Ivoire, 26 % pour la Loterie nationale du Bénin et 25 % pour la Banque internationale d’industrie et de commerce (Biic). « Ces chiffres montrent que l’actionnariat populaire n’est plus une utopie », souligne Edoh Kossi Amenounve. L’événement se veut donc un laboratoire d’idées pour booster l’épargne locale. À travers des panels de haut niveau, la Brvm entend mettre en lumière les défis mais aussi les solutions innovantes pour financer les économies africaines.
Echanges
Prenant la parole devant les acteurs du marché, Romuald Wadagni, ministre de l’Économie et des Finances, estime qu’il ne saurait y avoir de cession d’actions publiques crédible sans une réforme profonde de la gestion des entreprises d’État. A cet effet, le ministre a invité les acteurs présents à réfléchir à deux propositions fortes dont la création d’un club des directeurs financiers des entreprises publiques et la rédaction d’un livre blanc pour guider les gouvernements vers une meilleure gouvernance des entités étatiques. « Même si ces entreprises ne vont pas en bourse, se préparer à y aller, c’est déjà améliorer leur gouvernance », a-t-il conclu. Pour Omar Cissé, responsable de la fintech partenaire officiel des Brvm Awards 2025, le véritable enjeu est la simplification de l’accès à la bourse. « Cela passe par une expérience utilisateur fluide, des outils digitaux adaptés et une offre de moyens de paiement diversifiés », a-t-il indiqué. Le digital est perçu comme un accélérateur de la démocratisation financière. L’un des panels de la deuxième journée a abordé d’ailleurs la place des fintechs dans la circulation des fonds et l’épargne de demain, aux côtés de sujets comme la titrisation, les privatisations boursières et les nouveaux instruments d’investissement. Lors du diner de gala qui a clôturé l’évènement, plusieurs acteurs du monde de la finance ont été distingués pour leur expertise, leur parcours exemplaire et leur engagement en faveur de l’excellence. À travers cette 6e édition, la Brvm ne célèbre pas seulement les meilleurs acteurs de la finance. Elle trace aussi les pistes d’un avenir où l’épargne africaine sera pleinement mise au service du développement du continent. Les Brvm Awards 2025 à Cotonou auront peut-être un jour valeur de tournant où les citoyens auront commencé à prendre véritablement part à l’économie, non plus seulement comme consommateurs, mais comme co-propriétaires de la croissance.